Zones rurales
Le défi de la métropolisation...

Marquée au cours de la dernière décennie, la montée en puissance des métropoles devrait se poursuivre en France dans les années à venir, au détriment des villes moyennes et des zones rurales. Les politiques publiques auront des choix stratégiques à faire pour éviter un décrochage néfaste à l’ensemble du territoire...
132552--2565_Photo_Page_16_Haut.jpg
Au cours des dix dernières années, la France a connu un fort dynamisme de ses métropoles, lesquelles concentrent les populations et les activités à haute valeur ajoutée. Dans un rapport publié début juillet, France Stratégie souligne les inégalités qui résultent de cette tendance.
Ainsi, la moitié nord-est du pays subit-elle davantage le contrecoup de la désindustrialisation que l’Île-de-France ou la métropole lyonnaise , lesquelles ont su se reconvertir vers d’autres activités économiques.
Les inégalités sont également fortes au sein même des métropoles qui, du fait de leur poids démographique, concentrent une part importante des populations pauvres dont la situation est aggravée par le niveau de prix généralement plus élevé dans les grandes villes.
De leur côté, les villes moyennes et les territoires ruraux manquent d’opportunités de croissance. Et ce phénomène de métropolisation est amené à se poursuivre : d’après les prévisions des Nations Unies, 83 % de la population française vivra en ville en 2030, contre 80 % aujourd’hui et 76 % en 2000. En matière d’emploi et de création de richesse, les métropoles continueront à jouer un rôle moteur, à l’inverse des aires urbaines de moins de 100.000 habitants et des zones rurales qui, positionnées sur des secteurs d’activité en perte de vitesse, risquent un décrochage économique accentué.

La tentation d’investir encore plus dans les métropoles


Les difficultés rencontrées dans les territoires ruraux –comme l’accès aux services– risquent dès lors de s’aggraver. Néanmoins, le rapport de France Stratégie dégage des pistes d’action pour lutter contre cette tendance :
- optimisation de la localisation des services d’intérêt général ;
- mutualisation des accès ;
- développement des technologies numériques.
Autant de sujets sur lesquels la France est déjà engagée.
Grâce au numérique, le développement du télétravail, de la télémédecine ou du transport à la demande pourront par ailleurs être encouragés. Cependant, dans un contexte de rigueur budgétaire, les pouvoirs publics pourraient, davantage encore que par le passé, être tentés de favoriser les métropoles, au regard des effets positifs de la densité de population sur la création de richesse. Les investissements pourraient alors se tourner vers le développement d’infrastructures, la recherche, l’innovation, parallèlement à des efforts pour décongestionner ces grandes villes.
Face à ce choix qui condamnerait les zones rurales trop éloignées, France Stratégie évoque « une solution de compromis », en réduisant les investissements dans les zones intermédiaires tout en continuant de soutenir les territoires les plus défavorisés. Par exemple en limitant les incitations à la construction de nouveaux logements dans les villes moyennes où les taux de vacance de logements sont élevés.




Des options multiples



Si la mise en place de la loi NOTRe octroie plus de pouvoir aux territoires, les politiques publiques devront encore se poser un certain nombre de questions : faut-il fixer un panier de services minimaux garanti par l’Etat sur tout le territoire ? Faut-il fixer un objectif d’égalité des chances des individus entre territoires et réallouer d’importantes ressources vers les territoires défavorisés ? Ou faut-il plutôt favoriser la mobilité géographique des individus vers les zones favorisées sur le plan de la réussite éducative ou de la santé ?
Au-delà d’une clarification des compétences territoriales, nécessaire comme le préconise le rapport, d’autres instruments de la politique territoriale sont à considérer : dématérialisation des services publics, télétravail, accompagnement des mobilités étudiantes, autonomie fiscale plus grande des collectivités locales… Avant cela, un effort de documentation des bases de données locales (régionalisation des budgets opérationnels publics, PIB à l’échelle infrarégionale, données sur le coût de la vie locale…) est indispensable pour identifier les acteurs des territoires les plus délaissés et ajuster au mieux les politiques territoriales.