Vêlage charolais
Des quadruplés à Tavernay !

Dans l’Autunois-Morvan, la famille Bertin a eu la surprise d’assister à la naissance de veaux quadruplés fin octobre. Un phénomène extrêmement rare dans l’espèce bovine, surtout en race charolaise.
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Fin octobre, la famille Bertin a eu la surprise de voir l’une de ses charolaises mettre au monde des quadruplés. Un fait extrêmement rare dans l’espèce bovine qu’Annick et Michel Bertin n’avaient jamais encore vu durant leur carrière. Les cas de vache donnant naissance à quatre veaux se comptent sur les doigts d’une main et l’élevage de Tavernay n’avait jamais vu naître, d'ailleurs, de triplés.
A l’approche du terme, le couple d’éleveurs et leur fille Marlène s’attendaient bien à une naissance gémellaire car la vache s’était fortement amaigrie et affaiblie : un signe qui ne trompe pas... Le moment du vêlage venu, « en sentant des petites pattes », Michel a commencé à se douter que les jumeaux pourraient bien s’avérer être des triplés ! Ce qui fut d’abord le cas avec la mise bas de trois petits veaux. Insoupçonnée ni décelée par l’éleveur à la fouille, la quatrième femelle est sortie toute seule un peu plus tard, à la stupéfaction de la famille Bertin. A la naissance, ces quadruplées de même sexe pesaient respectivement 21, 22,5, 24,5 et 26,5 kg. De tout petits gabarits totalisant presque le même poids que deux jumeaux de 45 kg, font remarquer les éleveurs. Quatre femelles minuscules certes, mais pas du tout mal-formées et qui, dix jours après leur naissance, se portaient à merveille.

« On les chouchoute ! »


Les premiers jours ont néanmoins été délicats. A la naissance, les éleveurs ont eu un peu de mal à les ranimer. L’un des veaux est resté deux jours sans s’alimenter et il a donc fallu le faire perfuser, rapporte Annick. Un autre, après avoir trop tété, s’est mis à souffrir de ballonnement… Des soucis qui arrivent aussi avec des veaux de naissance plus conventionnelle, font remarquer les intéressés.
Au départ, il a fallu les faire téter trois fois par jour. La mère, une bonne vache de l’élevage âgée de sept ans, ayant désormais donné sept veaux en quatre vêlages, fournit assez de lait pour deux veaux, le reste étant complété par les éleveurs. A la naissance, Annick et Michel se sont procuré du colostrum dans un élevage laitier de la même commune, auprès duquel ils s’approvisionnent pour leurs naissances gémellaires. Il faut dire que cette année, la famille Bertin compte déjà neuf naissances multiples dans l'élevage où les vêlages sont concentrés sur octobre - novembre.
Avec un peu plus de cent vaches à faire vêler en seulement six à dix semaines, les naissances multiples ne sont pas forcément facile à vivre tant elles demandent de soins supplémentaires. Ce phénomène naturel compense cependant les pertes et les jumeaux donnent des broutards tout aussi jolis que les autres, fait valoir Michel. Mais dans le cas des quadruplés, le devenir de ces quatre femelles est plus incertain. Risquant de demeurer plus petites que leurs congénères, il est peu probable qu’elles servent au renouvellement du troupeau et leurs chances de se transformer en bonnes génisses grasses semblent compromises…
Mais pour la famille Bertin, il s’agit là d’un évènement attendrissant au cœur d’une saison de vêlage toujours éprouvante. Quand on aime ce métier, difficile de ne pas succomber au bonheur de voir déambuler quatre petits veaux si blancs ! Et même si c’est un peu d’astreinte en plus, impossible de ne pas tout tenter pour sauver cette fratrie que même une très bonne charolaise aura du mal à nourrir seule !



Un cas pour 1,5 million de naissances !


En Saône-et-Loire, pour un total de 235.000 vêlages annuels donnant 250.000 veaux environ, l’EDE - service de la chambre d’agriculture - recense 36 naissances de quadruplés vivants et plus, déclarées de 2002 à 2015, rapporte Michel Duprès, responsable du service Elevage. La fréquence annuelle va de 1 naissance à 6 naissances (6 en 2011, 2012, 2013 et 5 en 2014). Une seule est recensée en 2015 à ce jour, détaille encore le responsable de l’EDE. Ces données départementales équivalent à une fréquence moyenne de seulement un cas pour 85.000 naissances… Ce qui confirme le caractère rare de l’évènement.

Des sextuplés par transfert embryonnaire


Mais Michel Duprés attire l’attention sur le fait que la récurrence des naissances multiples est très liée aux « pratiques de reproduction assistées », lesquelles sont plus fréquentes en production laitière que viande. De fait, « sur les 36 vaches ayant fait des quadruplés et plus au cours des treize dernières années, seulement deux n'ont pas de transfert embryonnaire déclaré pour cette mise-bas », observe-t-il. « Tous les autres veaux quadruplés, quintuplés et même sextuplés (un cas en 2012 !) sont issus d'un transfert embryonnaire », indique le responsable de l’EDE. Autrement dit, à l’échelle de la Saône-et-Loire, les cas de naissance de quadruplé "naturels" seraient de seulement 1 pour 1,5 million de naissances ! Issus d’insémination artificielle mais sans traitement de groupage de chaleur - la vache a été inséminée lorsque l’éleveur a observé la chaleur naturelle -, les quadruplés de la famille Bertin entreraient dans cette catégorie, ce qui renforce le caractère exceptionnel de l’évènement !