Pêche professionnelle en Saône-et-Loire
Un long fleuve pas si tranquille

Totalement méconnue dans notre département, la pêche professionnelle peine à se faire une place. Et cela malgré l’intérêt manifeste de plusieurs restaurateurs prestigieux, comme peut en témoigner Sébastien Kornprobst.
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Après un BEP et un bac pro vente en animalerie, Sébastien Kornprobst poursuit par un BTS aquacole en Lozère. Dans ce cadre, il suit un stage chez un pêcheur œuvrant sur la Seille. « J’ai alors arrêté ma formation car j’avais trouvé ma voie ». Ainsi, après avoir travaillé à Savigny-sur-Seille, Sébastien Kornprobst s’installe-t-il en 2009 à Louhans où il dispose de plusieurs lots de pêche sur la Seille et d’un lot sur la Saône. Plus tard, il choisira de migrer sur la Saône « car la Seille est plus capricieuse, plus difficile à pêcher ». Aujourd’hui, il conserve encore un lot sur la Seille contre sept sur la Saône, avec toutefois 40 km de distance entre ses deux lots les plus éloignés. « Les rivières sont fractionnées en lots, pas forcément réguliers en terme de kilomètres. Suite à des demandes traitées par le comité de bassin, des baux nous sont alors alloués pour cinq ans ».

Une activité très fluctuante


Ce qui caractérise sans doute le plus la pêche en eau douce, c’est la grande variabilité d’une saison à l’autre. « Les saisons rythment la pêche et les espèces que l’on cible » avec, par exemple, la traditionnelle friture au printemps ou le sandre à l’automne et en hiver. Les périodes fortes sont l’été et l’hiver. « Le mieux, ce sont les saisons bien marquées. C’est de décembre à mars qu’il y a le plus de poissons ».
En ce qui le concerne, Sébastien Kornprobst utilise des filets maillants, tendus verticalement dans l’eau. « Nous avons le droit de travailler du lundi matin au samedi 18 heures, deux heures avant le lever du soleil et deux heures après ». Avec une pause de filets le soir et la relève le lendemain matin.
Comme d’autres professions, la pêche connaît un certain nombre de difficultés. « Il y a vingt ans, il y avait environ un millier de pêcheurs professionnels contre seulement trois cent quatre-vingts aujourd’hui dans l’hexagone. Néanmoins, nous disposons désormais d’une vraie formation professionnelle ».
On évoquera aussi la disparition et/ou la raréfaction de certaines espèces. « L’écrevisse est énormément en baisse du fait du silure depuis une dizaine d’années ». Quant aux crues, elles sont à la fois à redouter et à espérer. « Une crue est difficile à gérer car il y a peu d’endroits où l’on peut pêcher du fait des problèmes liés au courant. Par contre, il y a des postes de pêche qui se créent temporairement. Ce sont des moments propices pour prendre du poisson. Mais c’est dur au départ de s’adapter aux crues ».

L’expérience ne fait pas tout


Même si l’expérience est importante, elle ne fait pas tout. « Ce n’est pas en posant un filet qu’on va le remplir. Il m’arrive encore aujourd’hui de ne pas prendre de poissons. Il faut savoir se remettre d’un échec. » Côté débouchés, ils sont constitués pour Sébastien Kornprobst de restaurateurs (80 %) et de grossistes. Quant à la rémunération, elle n’est pas forcément à la hauteur de l’investissement humain. « C’est actuellement compliqué. Nous sommes très tributaire du temps. Pour pouvoir pêcher dans de bonnes conditions, il faut en outre avoir pas mal de lots ».

La Saône-et-Loire terre de pêche


Divisé par dix en quinze ans, le nombre de pêcheurs professionnels atteint péniblement la trentaine au sein de l’Association agréée des Pêcheurs professionnels en eau douce (AAPPED) entre Saône, Doubs, Seille et Haut-Rhône. Plusieurs difficultés se font jour. A commencer par le partage du milieu avec les autres utilisateurs. Mais aussi la lutte contre les espèces invasives exotiques qui provoquent des déséquilibres dans l’écosystème. En terme de commercialisation, l’essentiel des ventes est constitué par la friture et le sandre, à hauteur de 90 %. Le reste du chiffre d’affaires est partagé entre le silure (hors zone contaminée par les PCB) et les cyprinidés. Ces produits sont destinés à 95 % aux restaurateurs locaux et à 5 % à des négociants. On notera toutefois que les pêcheurs professionnels n’arrivent pas à satisfaire la demande et que des installations sont tout à fait possibles. En activité principale ou complémentaire. D’autant plus que l’investissement de base est assez faible. Il ne faut en effet que 8.000 à 10.000 € pour débuter.