Bovins croissance Saône-et-Loire
Paré pour les défis technico-économiques

En l’espace d’une décennie, Bovins croissance Saône-et-Loire a vécu une véritable mutation. Les nouvelles technologies et la sélection génomique ont ouvert de nouvelles voies dans l’amélioration génétique. Les crises économiques traversées par les exploitations ont rendu leurs lettres de noblesse à la technique. Fer de lance dans son domaine, Bovins croissance est paré pour l’avenir.
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Acteur incontournable de la génétique allaitante charolaise, Bovins croissance Saône-et-Loire n’en finit pas d’évoluer. Avec un peu plus de 500 adhérents pour 47.000 veaux contrôlés, Bovins croissance maintient son taux de pénétration aux alentours de 22 % des effectifs bovins, tout en prospectant de nouveaux adhérents.
Une montée en puissance de la pesée éleveur s’opère depuis quelques années. Près du tiers des élevages contrôlés auront opté pour ce système en 2014. Ce développement est à mettre en parallèle du déploiement du conseil et de l’appui technique par Bovins croissance. Tandis que les éleveurs accomplissent eux-mêmes l’acte de pesée, les techniciens ainsi libérés de cette tâche peuvent se consacrer davantage à de l’expertise technique auprès des éleveurs.

L’avènement de l’auto-pesée


Le développement de la pesée par l’éleveur devrait s’accélérer avec la diffusion de « l’auto-pesée ». Mise au point par Bovins croissance Saône-et-Loire au terme de trois ans de travail, celle-ci révolutionne le contrôle de performances. Recourant aux boucles électroniques et aux nouvelles technologies, le dispositif consiste à poser une bascule automatique et autonome au milieu des animaux. Les veaux vont ainsi se faire peser tout seul au gré de leurs déplacements vers un nourrisseur. Le système permet de suivre les GMQ au quotidien et d’en déduire les indices de consommation. Il permet aussi de surveiller la santé des animaux. Opérationnel, le matériel est disponible à la vente auprès de Bovins croissance.

Jusqu’à l’analyse comptable


S’inscrivant dans une volonté affichée de « donner du sens à la mesure », 64 "appuis techniques l’Essentiel" ont été réalisés au cours de l’hiver dernier. Ces rendez-vous d’une demie journée - s’ajoutant aux passages réguliers en ferme - sont l’occasion d’approfondir des thèmes techniques (génétique, reproduction, contention, alimentation…). Ils donnent également lieu à une analyse d’exploitation à l’aide de l’outil "Mon Troupeau" édité par la chambre d’agriculture. De nouveaux services ont vu le jour. Un « conseil alimentation » comporte une analyse de fourrage, l’élaboration d’une ration et un bilan fourrager. Pratiquée également dans le cadre du programme Dégeram (lire plus loin), la mesure de l’ouverture pelvienne se pratique sur les génisses avant la première mise à la reproduction ou sur les taureaux. Un diagnostic sécurité portant sur la contention et les aménagements est également proposé. Enfin, Bovins croissance va désormais jusqu’à l’analyse comptable avec le service "Capéco" qui permet de calculer le coût de revient d’un kilo de poids vif.

Première phase de Dégeram


Bovins croissance Saône-et-Loire est impliqué dans le programme génomique racial Dégeram. Concrètement, les techniciens participent à la collecte de données en ferme. C’est la première étape du programme. La sélection génomique consiste à établir un lien entre ce qu’on lit dans le génome et l’expression d’un phénotype, de sorte à pouvoir prédire le potentiel d’un animal à partir d’une simple prise de sang. Il faut donc, dans un premier temps, collecter les données correspondant à l’expression du génotype pour ensuite établir le lien avec ce qu’on lit dans le génome. Le choix a été fait de travailler sur des critères essentiels à la réduction des coûts de production, le recours aux traitements vétérinaires et le temps passé aux soins. Relevant des qualités maternelles, les données collectées sont la vigueur du veau, son aptitude à téter, la santé des jeunes veaux, l’instinct maternel, la mesure de l’ouverture pelvienne* pour les génisses de renouvellement et le prélèvement de colostrum. Les quatre premiers critères sont relevés par l’éleveur lui-même. Bovins croissance Saône-et-Loire assure la mesure des ouvertures pelvienne et aide les éleveurs dans la collecte des données. Les animaux subissent également des prélèvements de sang et de poils pour analyse.
Ce travail devrait aboutir au développement de nouveaux outils de prédiction génomique courant 2016.

Naissance d’ALSONI


Outre l’exigence de s’adapter aux évolutions strictement zootechniques, Bovins croissance doit également faire face à un contexte concurrentiel changeant. C’est pour cette raison que la structure est engagée dans un système de management de la qualité. C’est aussi l’un des motifs qui a conduit Bovins croissance 71 à se rapprocher de ses homologues de l’Allier et de la Nièvre. En septembre dernier, les trois entités ont créé l’association "ALSONI Conseil élevage". Cette structure commune rassemble un millier d’élevages pour environ 93.000 naissances à dominante charolaise. Trois groupes de travail ont d’ores et déjà été constitués. Objectif : « réfléchir à plusieurs sur des actions concrètes », résumait le président de Bovins croissance 71, Pierre-Yves Vannier.

* L’ouverture pelvienne est mesurée par la hauteur et la largeur du passage pelvien correspondant à l’ouverture dont disposera le veau pour sortir lors du vêlage. Cette mesure se fait par voie interne, suite à une péridurale, à l’aide d’un instrument de mesure spécifique.



Etat civil
Tour de poitrine des veaux


Des nouveautés sont à signaler en matière d’Etat civil. Des évolutions touchent la déclaration des poids naissance avec l’apparition d’une mesure du tour de poitrine des veaux. Désormais, sur leur document de notification, les éleveurs auront à indiquer à la fois le poids de naissance ainsi que le tour de poitrine. Autre évolution concernant l’enregistrement des inséminations artificielles publiques. Depuis le 1er octobre 2013, les IA enregistrées au-delà de 120 jours ne permettront pas de certifier la parenté paternelle d’un veau. Seule une vérification de compatibilité permettra de le faire.




Etre productifs et économes


A l’occasion de leurs assemblées générales communes, Bovins croissance 71 et la Société d’agriculture de Charolles avaient invité Thomas Lemaître de CERFrance pour évoquer des leviers d’amélioration des revenus en élevage allaitant. D’après ses calculs, le prix de revient du kilo vif produit en Saône-et-Loire serait de 2,56 € alors que le prix de vente moyen n’est que de 2,31 €. Des chiffres qui n’ont pas manqué d’interpeller l’auditoire. Pour s’en sortir, les exploitants sont contraints de renoncer à se rémunérer leurs terres ou leurs capitaux, expliquait Thomas Lemaître. Une couverture de survie que n’ont pas ceux qui louent toutes leurs terres…
En dépit de ce constat saisissant, le technicien pointe de gros écarts entre exploitations mis en évidence par l’analyse des coûts de production. Thomas Lemaître livrait par exemple un écart de 184 € de produit brut par hectare entre les éleveurs les moins performants et les plus performants. Pour lui, cette différence équivaut à trois quarts de la marge brute et « c’est de l’acte de production : conduite du troupeau, UGB productifs, génétique… ». En clair : ce qui fait du revenu, c’est avant tout l’acte de production générant un meilleur produit brut. L’autre condition est la maîtrise des charges. Autrement dit, ceux qui s’en sortent le mieux sont les plus économes et les plus productifs. Un certain nombre de seuils technico-économiques seraient à retenir : il faudrait produire au moins 32 tonnes de viande vive par unité de main-d’œuvre (UMO) ou 300 kg par UGB. Le coût de production doit être inférieur à 3,70 € et le prix de revient inférieur à 2,30. Quant au revenu, le seuil serait de 25.000 € par an. Pour atteindre ces objectifs, Thomas Lemaître évoque la maîtrise technique, la cohérence du système d’exploitation (main-d’œuvre, bâtiments, foncier…), la nécessaire mesure des performances et l’indispensable capacité à se remettre en cause. « Cinq tonnes vives de plus produites, c’est un gain de 10.000 € », concluait-il.





Performances
Attention aux qualités maternelles


L’examen des performances de la campagne 2013 révèle à nouveau un écart de moyenne de poids de 182 kg sur les génisses de deux ans entre les élevages les plus performants et les moins performants. Si en comparaison de la moyenne nationale, les élevages de Saône-et-Loire sont plutôt bien dotés en développement musculaire, ils continuent cependant de pêcher sur les qualités maternelles (aptitude au vêlage et lait).