Maranges
Des Climats électriques !

Publié par Cédric Michelin
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Le 1er février à Santenay, un "cercle de travail" était organisé par la Commission nationale du débat public (CNDP) sur le projet de voie ferrée Centre Europe Atlantique et ses possibles « impacts sur l’activité viticole ». Outre cette commune viticole concernée par la modernisation du tracé, le vignoble des Maranges est également dans le périmètre des Climats du vignoble de Bourgogne inscrits sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco en 2015.
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Le débat public a débuté le 15 décembre dernier et plusieurs réunions se tiendront jusqu’au 20 mars prochain (vfcea.debatpublic.fr). En France, avant qu’un grand projet d’aménagement et d’équipement ne commence, les pouvoirs publics souhaitent consulter les citoyens à travers ce type d’échanges sur le terrain. En l’occurrence ici, le projet vise à moderniser la ligne Nevers-Chagny, à réaliser une gare de correspondance TER-TGV et raccorder les TGV entre Strasbourg et Lyon via une nouvelle voie ferrée passant par la gare TGV du Creusot-Montceau-Montchanin. Soit 160 km de ligne existante à électrifier, 6 de voie ferrée nouvelle, une gare de correspondance, trois départements, 45 communes traversés et 560 millions d’€ estimés pour ces travaux d’ici à 2020, selon le maître d’ouvrage, SNCF Réseau. Sa décision sur la suite du projet doit avoir lieu en août mais avant cela la CNDP doit émettre un avis sur le projet.

Cogestion


Après une « large présentation » du projet et de ses enjeux, une trentaine de citoyens, habitants, riverains mais également vignerons, posaient leurs questions. Le « zoom » sur le secteur viticole concerné par le tracé doit faire « l’objet d’un aménagement », débutait Adeline Dorbani, directrice pôle Environnement et Développement durable à la direction territoriale Bourgogne Franche-Comté de la SNCF. Valable également pour les appellations Maranges, elle détaillait l’impact pour Santenay et ses Climats de Bourgogne classés sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco en 2015. « On verra comment on prend en compte le Plan territorial et de gestion avec l’association gérant les Climats, notamment pour la préservation des paysages », expliquait-elle. La SNCF a d’ailleurs déjà établi des partenariats avec la profession agricole, au niveau national mais également au niveau local avec la chambre d’Agriculture de Bourgogne Franche-Comté. Sa collègue, Emmanuelle Honoré s'occupe quant à elle des "milieux naturels" comme les points de captage d’eau, la Dheune et autres ressources en eau, les zones Natura 2000, ou encore les questions autour de la faune et la flore.

Contradiction


Plusieurs vignerons dans la salle émettaient des remarques au projet. Jeune viticulteur à Santenay, David Moreau déplorait la contradiction de « l’impact visuel » du projet « et de nouveaux pylônes électriques » alors que récemment, le classement Unesco a obligé à « supprimer les panneaux publicitaires et autres », sans oublier le risque « de nuisances sonores » démultipliées. En effet, si le projet va au bout, les prévisions de trafic passeraient de 4 à 5 trains de fret par jour à une « quinzaine » et « potentiellement » six TGV roulant par contre « à la vitesse des TER ». Le trafic de ces derniers - trente TER chaque jour - ne changerait en revanche pas. L’emprise des voies et installations (GSMR…) ne devrait pas provoquer de changements majeurs. Enfin, viticulteur à Cheilly-lès-Maranges, Pablo Chevrot posait la question de la déserte des gares, notamment pour le transport de touristes ou l'expédition de bouteilles. Sans réponse puisque c’est une politique qui dépend du Conseil régional de Bourgogne Franche-Comté…