Essais maïs en limons
Bientôt sous les 30 % d'humidité

Publié par Cédric Michelin
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Vendredi 19 septembre à Gigny-sur-Saône, une cinquantaine de coopérateurs céréaliers venaient découvrir les performances des variétés sélectionnées par la coopérative Bourgogne du Sud sur la plate-forme d’essais se trouvant sur l’assolement en commun des Gaec de l’Ecole, de l’Epervière et du Pautet, les variétés de maïs d’indice 300 à 440.
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Au total, 65 variétés ont été testées en limons. Après un mois d’avril chaud et sec, un rafraichissement en mai, de fortes chaleurs en juin, l’avance gagnée fut perdue avec juillet et août froids et pluvieux pour avoir trois jours de retard à la “normale” seulement avec septembre sec et chaud. Côté physiologie, semés le 4 avril, les maïs ont bien levé mais ont vite eu un stress hydrique avec le peu de réserve d’eau en limons sableux. Les épis présentent 1 à 2 rangs de grains de moins qu’habituellement et n’ont pas été « bien fécondés » au moment de la floraison qui avait débuté début juillet. En revanche, les conditions de remplissage furent favorables (pluie et froid). « Les conditions de désherbage furent difficiles avec des adventices endurcis peu réceptifs aux phytosanitaires », précisait Christine Boully.
La responsable des essais a également observé « pas mal de fusariose à cause de l’été automnal ». Peu de pyrales par contre. Au 19 septembre, l’humidité pourrait tomber « dans les 15 jours » sous les 30 % pour les variétés d’indice 300-400.
Avec un besoin de 1760 ° jour pour arriver à maturité, Bresilio était par exemple déjà à moins de 28 % d’humidité. Avec son indice 290, le plus précoce de la série, inscrit cette année à 101 %, il présentait un « petit gabarit » dans l’essai, puisqu’il n’a pas été favorisé avec une floraison en plein sec. Sy Gracy est une nouveauté « passe-partout » mais « très poussif » au démarrage. RGT Conexxion inscrit cette année à 104 % de moyenne présente des épis longs et fins avec des graines moyennes et surtout une tige « sécuritaire » qui tient. Sans référence pour l’heure, le « court » DKC 4141, indice 320, a une insertion « basse » et « craint la surdensité » selon les premières observations. La variété ES Cubus, haute, a elle beaucoup de petits grains par m² avec de bonnes performances (103 % en 2011 ; 100 % l’an dernier). La « référence » ES Gallery a un gabarit « amélioré » par rapport à Cubus et a fait 106 % en 2013. Ce maïs est « mieux en limon qu’en alluvions », même si cette année, cela semble l’inverse. De plus, il tolère « mieux » les densités plus faibles.
P8816 a des dents très marquées à 100 % de la moyenne en 2013. Inscrit à 104 %, RGT Provexx est « mixte », idéal quand on ne sait pas « dans quel silo il finira », alimentation animale ou humaine. Le « fameux » Dodixx – qui est la « référence » depuis trois ans, n’est pourtant « pas toujours régulier », comme en atteste son 98 % de la moyenne l’an dernier mais 103 % en 2012. Même problème côté qualité.
Dans la série des indices plus tardifs, DKC 4541 d’indice 360 est « prometteur » avec d’ailleurs une « belle programmation » cette année. Inscrit à 107 % cette année, Konferens a une « belle » programmation avec des épis longs et fins. Il a fait 101 % l’an dernier. RGT Obixx d’indice 360 a fait 104 % en 2012 et 2013 mais rencontre « des problèmes de lenteur pour tomber à 32 % d’humidité ». Depuis trois campagnes, DKC 4408 est court avec des insertions basses, fait 105 % dans les essais mais est « irrégulier » en alluvions. Agé de quatre ans, P9578 « ne ressemble à rien », fait 102 % de moyenne et finit « toujours très bien » par contre. P9244 a également une finition rapide pour 102 % dans les essais l’an dernier.
Dans les variétés inscrites, NK Octet (2009) se retrouvera « en variété économique » (98 %). Quincy est une variété « passe-partout » ne faisant « jamais de gros scores mais jamais décevant » non plus. De 2009 également, Susann a des épis en « queue de castor », des grains cornés, fleurit tôt et est au final une variété mixte. Sherley (2011) est relativement « passe partout » aussi (98 % an dernier) mais ces grains ne sèchent pas bien en fin de cycle. KWS9361 était à 102 % dans les essais l’an dernier et sèche un peu lentement. RGT Exxclusiv (indice 320) n’est « pas flatteur » (98 %). Flato est « toujours performant » à 106 % en 2014, dessèche bien ses grains dentés. Chapalu (indice 340) est « prometteur » et finit bien. Sy Tallin est un Octet « amélioré » mais à 98 % de moyenne essais. PR37Y12 est régulier mais a « ramassé » la fusariose cette année.
Dernière série visitée (indices 360 à 440), Milano (430) est « sécuritaire ». DKC4795 (indice 430) est « toujours au rendez-vous » (102 %). Sy Dartona (400) est de type moyen avec une finition tardive. P9903 n’a pas de références locales non plus. Peu d’infos sur LG30.369. Mas 35.K a une dessiccation en fin de cycle « hyper rapide » mais une « mauvaise » vigueur au départ. Ses feuilles restent vertes pour 103 % de moyenne selon les années. DS1071 a fait 101 %. Enfin RGT Futurixx et P9838 (indices 400) sont des variétés « passe partout » « sécuritaires » faisant respectivement 101 et 102 % l’an dernier.



Comparaison non labour et strip-till



Pascal Bucheton commentait le profil ouvert dans ce sol « plus sableux que limoneux » ouvert à la limite d’un passage de Karat (déchaumage superficiel, préparation du semis) avec bêches roulantes (destruction des chaumes de blés) et d’un passage avec un strip-till, qui n’a travaillé que la ligne de semis. « Au même endroit avec un pilotage RTK (80 cm d’interdents ; décalage d’un tiers de rang chaque année) », précisait Antoine Petitjean qui lui l’a testé dans sa terre noire. Première observation, des deux côtés, le sol est desséché. En surface, le maïs côté strip-till est plus bas (1,60 m environ) que son voisin (1,68 m), qui a aussi un système racinaire plus dense sur les dix premiers centimètres. Jusqu’à une “semelle” certainement présente depuis plusieurs années de labour à 14-15 cm de profondeur. Les racines côtés strip-till descendent elles jusqu’à 70 cm, en profitant du passage de dents (25 cm). L’intérêt du strip-till est de limiter la battance et concentrer la matière organique sur les premiers centimètres. Car ici, le sol dans sa globalité n’a « pas beaucoup de matière organique (0,6 U ; CEC faible ; mauvaise minéralisation…), vite digérée par le sol ». Dans cette parcelle drainée, un couvert végétal (Cipan) avait pourtant été fait à l’automne mais récolté avant implantation du maïs, pour alimenter l’atelier bovins lait. Des apports de lisiers et fumiers ont pourtant bien eu lieu sur cette parcelle en non labour depuis 2008, mais digérés depuis. « Il faudra une dizaine d’années pour remonter la matière organique avec des apports », pense Pascal Bucheton. Son pH est très faible également (4,5 à 4,7) et un apport de chaux devient nécessaire, « sinon, une orge d’hiver poussera mal » derrière. Enfin, « pour les panouilles, la moissonneuse sera la seule juge ». Réponses à suivre donc…