Volume complémentaire individuel
Le droit d’embouteiller ses VCI

Publié par Cédric Michelin
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Le volume complémentaire individuel, le VCI, a été officialisé le 22 novembre dernier pour les vins blancs tranquilles des ODG de Bourgogne, qui en font la demande. Mi-mars, la CAVB, fédération de ses ODG, a écrit au ministre de l’Agriculture, car les VCI ne peuvent pas faire l’objet d’un conditionnement, ce qui, dans le cas d’un stockage de petits volumes dans de petits contenants, entraîne « des risques qualitatifs » en matière de conservation des vins. Des cas fréquents en Bourgogne, tout comme la mise en bouteilles juste avant les vendanges.
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La CAVB estime « essentiel de permettre le stockage en bouteilles du VCI ». « Tous les professionnels s’accordent à dire que le conditionnement des VCI va dans le bon sens, mais le comité national de l’INAO a peur des dérives ». Viticulteur à Fontenay-près-Chablis dans l’Yonne, Gilles Fèvre ne comprend toujours pas pourquoi l’Institut a finalement décidé de retirer le droit de conditionner les VCI. Pourtant, l’expérimentation pour les vins blancs tranquilles conduite pendant sept ans par l’ODG Chablis l’autorisait. L’INAO, en son temps, s’était d’ailleurs exprimé favorablement pour un conditionnement en bouteilles. Cette proposition n’a néanmoins pas été retenue par les services à Paris lors de la rédaction finale du décret (décret n°2013-1051 du 22 novembre 2013).
La CAVB a donc décidé d’écrire directement au ministre de l’Agriculture pour s’en plaindre. La fédération des 52 ODG de Bourgogne attire à nouveau son attention sur cette problématique de conditionnement. En effet, l’article D. 645-18-1. dispose que « les vins blancs tranquilles stockés au titre du volume complémentaire individuel, mentionné au c) du II de l'article D. 645-7, ne font pas l’objet d’un conditionnement. »
Cette disposition, qui n’existait pas lors de l’expérimentation est jugée « inappropriée » par les professionnels en raison des risques qualitatifs qu’elle peut engendrer. « En Bourgogne, les VCI représentent de petites quantités, souvent vinifiées dans les mêmes cuves. On risque d’avoir de petits volumes, très ennuyeux à gérer, dans des cuves à plafond mobile ». Un risque donc qualitatif car ces conditions de stockage ne permettent pas une conservation optimale du vin. Sans compter les investissements nécessaires onéreux…
Par ailleurs, beaucoup de mises en bouteilles ont lieu avant les vendanges suivantes. Là encore, le viticulteur se retrouve contraint de stocker dans un plus petit contenant son VCI jusqu’à la revendication au mois de novembre.
Le Domaine Fèvre produit des vins en appellation Chablis qui a un VCI « important », entre 60 hl/ha de rendement et 70 hl/ha de rendement butoir autorisé. Pour Gilles Fèvre, les autres vins blancs tranquilles n’ayant pas un tel différentiel, ne pourront pas « gérer de petits soldes ». Dans ce souci, la CAVB veut permettre le stockage en bouteilles du VCI et ce moyennant bien entendu une traçabilité rigoureuse. « Le conditionnement bouteilles est plus facile à contrôler qu’en cuverie, soit par un contrôle physique ou papier, avec nos déclarations mensuelles de stock », rappelle Gilles Fèvre. Le vigneron n’en revient pas : « c’est une super mesure, facile à gérer en bouteilles, et pour la qualité des vins et maintenant on nous soupçonne d’être des fraudeurs. Celui qui a vraiment envie de frauder n’a pas besoin de ça ». Et tant que le VCI n’est pas revendiqué, il ne rentre pas en compte en terme de valorisation au capital. Alors, « qu’est ce qui cloche ? », s’interroge Gilles Fèvre, à l’image de la profession.