Plaquettes de bois
Une opportunité pour les agriculteurs

Produire des plaquettes de bois fermières est à la portée d’un agriculteur. Grâce à des matériels qui se perfectionnent et un itinéraire technique désormais bien calé, les chantiers peuvent s'avérer très efficaces. Moyennant une organisation adéquate, le prix de revient de ces plaquettes fermières atteint des niveaux très intéressants tant pour le chauffage que pour une utilisation en litière.
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La valorisation des bois de haie en plaquettes passe par un certain nombre d’étapes : abattage, mise en tas, déchiquetage, séchage en silo, utilisation des plaquettes. Avec le développement de la valorisation des bois en plaquettes, le matériel d’abattage se perfectionne pour limiter les contraintes des chantiers. Des grappins débardeurs permettent de reprendre arbres, branchages et autres perches coupées. Il existe également des grappins coupeurs qui évitent de devoir manier une tronçonneuse. Des pinces type sécateur sont également apparues sur le marché, détaille Etienne Bourgy de la chambre d’agriculture de la Nièvre.

Les gros chantiers plus rentables



Les chantiers de broyage sont de deux grands types.
Il y a les chantiers "manuels" où il faut deux, trois ou quatre personnes pour amener les perches dans le broyeur. Ces perches ne doivent pas être trop lourdes (diamètre maxi 25 cm). Ce type de chantier correspond à un broyeur demandant une puissance motrice de 80 à 120 CV pour un coût compris entre 15 et 35.000 €. Coût de production évalué entre 15 et 30 € par MAP (60 à 120 € la tonne), indique Etienne Bourgy.
A côté de ces "petits" chantiers gourmands en main-d’œuvre, il y a les gros chantiers où un seul chauffeur suffit grâce à un grappin hydraulique. Les broyeurs utilisés sont en général beaucoup plus gros. Prévus pour une puissance supérieure à 150 CV et pouvant aller jusqu’à 300 CV, ces machines peuvent absorber des troncs jusqu’à 60 cm de diamètre. Le débit de déchiquetage peut atteindre 30, voire 80 mètres cubes par heure. Le tarif de tels équipements oscille entre 50.000 et 250.000 € mais le coût de production n’est plus que de 7 à 15 € par MAP (28 à 60 € la tonne), fait remarquer le technicien. « Un gros broyeur revient cher à l’achat, mais son débit de travail élevé permet d’obtenir les prix de revient les plus bas », conclut Etienne Bourgy.

Préférer des perches supérieures à 15 cm de diamètre



Dans la mesure où la prestation est facturée à l’heure - c’est le cas des Cuma (1) - mieux vaut bien préparer le chantier en amont. Le type de ressource a son importance. Des branchages d’élagage (5 à 15 cm de diamètre et 2 à 7 m de long) induisent un prix de revient élevé (plus de 16 €/MAP ou 64 €/tonne). Ce prix de revient descend à 12 €/MAP (48 €/tonne) avec des grosses branches d’émondage (15 à 25 cm de diamètre ; 2 à 10 m de long). Le prix de revient le plus bas est obtenu avec de belles perches de 15 à 40 cm de diamètre ; 12 à 20 m de long. Grâce à un débit de chantier presque deux fois plus important qu’avec des branchages, le prix de revient descend alors entre 7 et 9 €/MAP (28 à 36 €/tonne), calcule Etienne Bourgy. Dans tous les cas, il est recommandé de prélever des bois d’un diamètre supérieur à 15 cm pour plus de rentabilité.

Temps de séchage des plaquettes : 4 mois minimum



En principe, les bois sont broyés en vert et les plaquettes mises en tas pour une durée de séchage de quatre mois au moins. Ce séchage est le fruit d’une fermentation. Mises en tas sur une hauteur de plusieurs mètres, les plaquettes subissent un échauffement de l’ordre de 70 à 80 degrés, lequel dure quatre mois environ et est provoqué par une fermentation des sucres de la sève contenue dans le bois.
Durant ce processus naturel, le tas de plaquettes aspire de l’air sur ses flancs et recrache de la vapeur d’eau en son sommet, explique Etienne Bourgy. Ce phénomène qui s’arrête tout seul au bout de quatre mois environ, permet de faire diminuer le taux d’humidité des plaquettes de 50 à 20-25 %. Pour une utilisation en combustible de chauffage, le bois coupé en hiver peut être broyé à la fin du printemps pour une utilisation quatre mois plus tard en automne, illustre le technicien. Le broyage en vert avec séchage des plaquettes en tas est préférable à un séchage préalable des bois en perches. Cette dernière méthode ne garantissant pas une maîtrise du taux d'humidité final, confie Etienne Bourgy.

Compétitif vis-à-vis de la paille…



Le coût de production des plaquettes dépend beaucoup du type de broyeur mis en œuvre et des ressources en bois utilisées (type de branchages, perches…). De manière générale, le coût de revient (matériel uniquement) est compris entre 40 et 58 € la tonne ou entre 55 et 76 € la tonne main-d’œuvre comprise, calcule le technicien. Un prix de revient à comparer avec le prix de marché de la paille compris entre 70 à 90 € la tonne et jusqu’à 110 à 120 € les mauvaises années ou encore le prix de marché des plaquettes : 80 à 96 €/tonne livrée. La vente de plaquette pourrait même valoriser le travail de l’éleveur à hauteur de trois Smic, calcule Etienne Bourgy.
Combustible très bon marché
Les plaquettes produites sur l’exploitation sont surtout un combustible très bon marché. Le coût de revient d’un MAP est compris entre 12 et 20 €. Sachant que ce MAP équivaut à 80 à 90 litres de fioul, cela fait un équivalent litre de fioul à 0,16 à 0,25 €… « avec votre main-d’œuvre rémunérée ! », ajoute Etienne Bourgy.

MAP : mètres cubes apparent de plaquettes de bois
Les Cuma facturent l’intervention entre 320 et 360 € de l’heure.


Tous les bois sont bons



« Toutes les essences sont susceptibles d’être transformées en plaquettes pour le chauffage », indique Etienne Bourgy. Contrairement au bois en bûches, les bois blancs ne sont pas un problème ni même les résineux. La production de kilo watt heures par tonnes est d’ailleurs sensiblement la même quelle que soient les essences, feuillues ou résineuses.