L’objectif de l’agriculture HVN est de mettre en évidence que, si la productivité de certains systèmes peut paraître faible en termes économiques, « leur valeur sur d’autres échelles, en particulier environnementale, justifie leur maintien », détaille le ministère.
Un outil de politiques publiques
Depuis une vingtaine d’années, les institutions européennes se seraient saisies de ce concept pour leurs politiques publiques. L’objectif de « maintenir, voire de restaurer, les systèmes agricoles HVN » a été inscrit à l’agenda politique européen, dans la résolution de Kiev sur la biodiversité de mai 2003 et dans la politique de développement rural, dès la période 2007-2013, et reconduit pour 2012-2020.
À ce titre, la Commission européenne a demandé à chaque Etat d’établir des indicateurs d’impact et de suivi de l’agriculture HVN dans leurs pays. L’étude conduite en France par les cabinets Asca et Solagro met en évidence l’importance des contraintes naturelles dans la localisation des terres agricoles HVN (voir carte ci-dessous) : moyenne et haute montagnes, vallées et estuaires des grands cours d’eau.
Les auteurs remarquent que tous les systèmes agricoles de ces territoires sont associés à des activités d’élevage.
L’indicateur retenu par la France
Pour suivre l’évolution de l’agriculture HVN en France, le ministère a retenu un indicateur d’impact à deux critères :
- un taux minimal de 20 % de prairies permanentes dans la SAU, « condition indispensable de la présence de végétation semi-naturelle » ;
- et une densité maximale de bétail, mesurée par le chargement sur la surface fourragère principale (SFP), « pour garantir le caractère extensif de l’exploitation ».
Ce maximum va de 0,5 unité gros bovins par hectare (UGB/ha) dans les zones pastorales à 1,1 UGM/ha dans les zones plus productives du nord. En effet, les auteurs de l’étude constatent que la perte d’habitats semi-naturels résulte dans les système HVN des dynamiques suivantes : déprise, intensification des prairies permanentes sans qu’elles soient retournées, mise en culture ou artificialisation (constructions, routes...).
18 % de la surface agricole utile
Selon les indicateurs retenus, en France métropolitaine, 80.000 exploitations agricoles pratiquaient, en 2010, une agriculture HVN.
En surfaces, cela correspond à 5 millions d’hectares, soit 18 % de la Surface agricole utile (SAU) totale. L’agriculture HVN est constituée essentiellement d’élevage herbager extensif. Les terres concernées couvrent un large pan du Massif Central, notamment les zones bocagères d’élevage à viande du nord, les grands causses du sud, la montagne pyrénéenne, les Alpes, la Corse, le Jura et le versant ouest de la montagne vosgienne et le pays d’Auge.
Et maintenant, chacun attend la traduction de cette étude dans une politique de maintien des activités d’élevage au sein de ces régions, durement éprouvées par la crise depuis de nombreuses années… Il y a une compétitivité à restaurer, mais cela difficile alors que continue d’imposer dans ces régions les mêmes mises aux normes que dans les zones les plus intensives du grand Ouest… Allez savoir pourquoi ?
Agriculture HVN
La définition qui fait référence
Selon le ministère de l’Agriculture, le chercheur Erling Andersen, a proposé en 2003 une définition de l’agriculture à Haute valeur naturelle (HVN) qui fait référence. selon cette définition, les terres agricoles HVN comprennent les zones en Europe où l’agriculture est « un mode majeur d’utilisation du sol et où cette agriculture favorise (ou est associée avec) soit une grande diversité d’espèces et d’habitats, soit la présence d’espèces dont la conservation revêt un intérêt européen et/ou national et/ou région, soit les deux ».
Il distingue trois types d’agriculture correspondant à cette définition.
Le type 1 intègre une large proportion d’espaces dits "semi-naturels" (agriculture de montagne, élevage en zone humide...).
Le type 2 repose sur une mosaïque d’espaces agricoles avec une forte proportion d’éléments paysagers (polyculture élevage dans un paysage de bocage par exemple).
Le type 3 justifie son caractère HVN par la présence d’une espèce "remarquable", quels que soient les systèmes agricoles.