Agriculture de Bourgogne Franche-Comté
En prise directe avec la réalité
Beaucoup d'exploitations se trouvent en effet prises au piège de « ce tourbillon fatal », alors que banques, coopératives et autres fournisseurs alignent des chiffres qui traduisent tous l'urgence « de trouver rapidement des solutions concrètes » pour sauver ce qui pourra l’être chez les exploitants aux abois. Ce cri d'alarme, Frédéric Perrot le lançait en direction de l'État et de la Région pour qu'ils répondent aux attentes des territoires agricoles en détresse. Il le lançait aussi à l'Europe, lui qui se disait partisan d'une « Europe réaliste et pas d'une Europe des contraintes, qui pousse certains dans des voies extrêmes ».
Les sept plaies d’Egypte…
Vice-président de la chambre régionale, Michel Renevier avait exprimé la même inquiétude, dans des termes différents en faisant allusion aux sept plaies d'Egypte qui frappaient l'agriculture régionale depuis plusieurs mois : grêles, gels, inondations, pluviométrie excessive, problèmes de semis, chute des cours, récoltes difficiles, Pac... Autant de maux qui n'épargnent personne ni aucun secteur de production : viande, lait, grandes cultures, viticulture...
Alors que la loi NOTRe se met difficilement en place et bouleverse les systèmes d'aide d'urgence établis depuis des années, Christian Decerle, président, se demandait « si les conseils régionaux ont bien pris la mesure de la dimension économique des transferts de compétences ? ». Selon la formule de Jean-Pierre Fleury, président de la FNB, « l'État a refilé la patate chaude aux régions », lesquelles doivent maintenant assumer cette responsabilité « dans l'immédiat et dans l'urgence ». Une analyse partagée par Daniel Prieur, président de la chambre du Doubs, qui en appelait à « un travail partagé entre le Conseil régional et les Conseils départementaux, pour redonner de l'espoir aux agriculteurs ». Il pointait du doigt les prochaines échéances budgétaires de la Pac du fait de la perspective de sortie du Royaume-Uni. Dénonçant au passage « une politique de minerai » dommageable à la production de viande bovine comme à la production de lait standard, il fustigeait « le grand n'importe quoi de la Pac 2015 ».
Un signal à ne pas négliger !
Pour Christian Decerle se tournant vers les élus et les pouvoirs publics, « un monde paysan qui appelle au secours » c'est « un signal à ne pas négliger » ! Dans ce contexte, les effets de la révision des zones vulnérables risquent bien de provoquer « une nouvelle vague d'irritations »…
Toutes ces interrogations et ces alertes se manifestent alors que l'on est en pleine construction du schéma régional pour l'agriculture. Une construction en forme de co-construction comme la présidente de Région, Marie-Guite Dufay, l'appelle de ses vœux.
Toutefois prévenait Sylvain Marmier, président du COR Économie, « attention à ce que les enjeux soient bien perçus, il s'agit bien de développement agricole et non pas de repli sur soi ou de décroissance agricole ». L'agriculture a toute sa place dans l'économie régionale et de belles perspectives de développement, comme l'a rappelé Sophie Fonquernie, vice-présidente du Conseil régional en charge de l'agriculture, de l'agroalimentaire et de la forêt. Et « la région est là pour redonner des perspectives à l'agriculture », a-t-elle insisté. Et de signaler que les premiers outils ont été déployés en ce sens : fonds de garantie, augmentation de l'enveloppe PCAE du premier appel à projet, audit des exploitations, conventions avec les départements… Et cela dans le cadre d'une dynamique de fonctionnement assumée comme celle « d'une coopérative de compétences et d'actions ».
Dans sa conclusion, Christiane Barret, préfète de Région, soutenait les atouts d'une Bourgogne Franche-Comté « qui marche sur ses deux pieds : l'industrie et l'agriculture », tout en rappelant les mesures il y a un an prise pour pallier certains effets de la crise agricole. La promesse du versement du solde de la Pac 2015 en septembre prochain a été réitérée et celle d'une avance de 88 % sur la Pac 2016 au 16 octobre a été formulée.
En ce qui concerne les zones vulnérables, la préfète informait de la tenue d’une prochaine réunion le 4 juillet pour définir un nouveau zonage car « les premières cartes ne conviennent pas » et doivent être remises en chantier. Et si l’analyse est partagée, pas sûr que la profession ait les mêmes idées que l’administration dans ce dossier…
9 COR et autant de laboratoires d'idées…
Les "COR" balaient largement tous les domaines de réflexion et d'action, comme le soulignait Christian Decerle, président de la chambre régionale d'agriculture. Les neuf Comités d’orientation devraient être rejoints par une dixième unité, un COR Forêt, en attente d'un terrain propice à sa définition et son organisation. La session était donc invitée à valider la composition et l'orientation des neuf COR, auxquels l'ensemble des organisations représentatives participe.
Véritables laboratoires d'idées, les COR sont des structures de réflexion ouvertes qui nourrissent la réflexion stratégique de la chambre régionale. Dans chaque COR, des personnes qualifiées côtoient des personnes ressources et des spécialistes qui forment un socle de compétences, organisés soit en sections spécialisées, soit par thématiques. Neuf COR sont aujourd'hui opérationnels et validés par la session de la chambre régionale d'agriculture de Bourgogne Franche-Comté.
COR "Économie", présidé par Sylvain Marmier.
COR "Transmission-Installation", présidé par Johan Javaux.
COR "Recherche Développement Formation Innovation", présidé par Stéphane Sauce.
COR "Élevage", présidé par Jean-Pierre Fleury, organisé en sections spécialisées (viande bovine, lait, ovins, caprins, porcs, équins, aviculture) et en sections transversales (Génétique, IPG, PCAE-Bâtiments).
COR "Agronomie Filières végétales", présidé par Vincent Lavier.
COR "Agriculture biologique", présidé par Claude Boursier.
COR "Viticulture", présidé par Robert Martin.
COR "Valorisation des ressources locales", présidé par Christian Morel.
COR "Territoires-Environnement", présidé par Étienne Henriot.
