Eradication de l’IBR (1ère partie)
Les choses se précisent

Un arrêté ministériel pour éradiquer en France le virus de l’IBR a été pris. Les premières mesures devraient s’appliquer à partir d’octobre prochain. Détails par le GDS 71.
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Le choix d’une stratégie d’éradication de la Rhinotrachéite infectieuse bovine (IBR) en France ne fait plus l’ombre d’un doute depuis déjà quelques années. Ainsi, le conseil d’administration de GDS France s’est positionné en janvier 2014 en faveur de l’éradication de l’IBR. Depuis, des discussions entre les familles professionnelles agricoles et l’administration ont eu lieu et GDS France a proposé un texte "support" du nouvel arrêté ministériel. Enfin, deux validations par le Comité national d’Orientation des Politiques Sanitaires Animales et Végétales (CNOPSAV) en novembre 2015 et février 2016 ont été nécessaires pour permettre la parution de l’arrêté au 31 mai 2016.

Les constats aujourd’hui…


Depuis 2012, la progression des nouveaux cheptels qualifiés à l’échelle de la France ou de notre département n’est pas suffisamment rapide, faute d’un intérêt commercial suffisant, pour que les derniers éleveurs - les plus réfractaires à cette prophylaxie - n’y voient un intérêt pour qualifier leurs cheptels. Ainsi, faute d’un effort de réforme suffisant de la part des éleveurs et suite à des re-contaminations de troupeaux, la dynamique de progression en cheptel qualifié n’est actuellement plus suffisante pour atteindre l’éradication.
Toutefois, les nouveaux marchés (Algérie, Maghreb et Turquie) sont demandeurs de garanties IBR (cheptel ou individuelle) et ont malgré tout dynamisé la qualification des cheptels dans les départements allaitants où les opérateurs commerciaux étaient très actifs sur ces marchés. C’est notamment le cas de la Saône-et-Loire. Même si ces marchés sont actuellement ralentis par différents évènements économiques ou politiques, ces destinations restent des marchés d’avenir qui viendront se substituer à l’érosion progressive des marchés français et italien. Il convient donc de se projeter vers l’avenir en vue d’une reconquête de ces marchés.

Une "phase intermédiaire"


L’IBR est une maladie virale qui, dans certaines conditions, est très contagieuse, même au pâturage. Ainsi, des cas de contaminations inter-cheptels massives (notamment lorsque le parcellaire est très dispersé) ont été fréquemment observés. La maîtrise de la maladie ne peut se faire sans une action collective si l’on souhaite protéger durablement les cheptels indemnes ou assainis.
En Bourgogne, le coût annuel de la prophylaxie avoisine aujourd’hui 1,45 €/bovin. Sans éradication, ce coût serait maintenu à vie, sans pouvoir parvenir jamais à alléger le coût de la surveillance. Si à court terme, le coût de gestion de la maladie sera certainement augmenté, à moyen terme en revanche des économies pourront être dégagées, notamment en allégeant les contrôles d’introduction, la surveillance et les conditions de transport et de rassemblement. Actuellement, nous sommes dans une "phase intermédiaire" qui coûte cher, car beaucoup d’efforts en terme de contrôles doivent être faits pour protéger les cheptels assainis sans pouvoir profiter d’un retour sur investissement du niveau de surveillance élevé mis en place.
Dès lors, il est logique - au regard des 86 % de cheptels qualifiés ou assainis - d’aller au bout des efforts déjà consentis.

La méthode suivie


La seule clé de réussite de l’éradication est l’élimination la plus rapide possible des bovins positifs IBR en stock dans les cheptels infectés. Ainsi, la réforme des positifs dans tous les cheptels infectés doit-elle être réfléchie et programmée dès à présent pour acquérir un statut de cheptel assaini, puis indemne.
En parallèle, il convient de maîtriser la circulation des bovins positifs qui, malgré leur vaccination, peuvent réactiver - notamment dans les lieux de rassemblement - et re-contaminer ainsi d’autres cheptels.
L’arrêté ministériel impose entre autres des contrôles de vente avant départ pour les bovins présumés négatifs de tous les cheptels non qualifiés. Cette mesure pourrait s’appliquer en Bourgogne vers la fin 2017, et devrait être très incitative à l’obtention d’une qualification. D’ici là, les éleveurs ont tout intérêt à programmer l’assainissement de leur troupeau.

Pour qui, quand et comment ?


Le nouvel arrêté ministériel IBR a été publié au JO le 31 mai. Une note de service est attendue fin août pour préciser l’application opérationnelle des mesures de l’arrêté. Les premières mesures pourraient être applicables courant octobre.
Cet arrêté concerne essentiellement les 15 % d’éleveurs détenant encore des positifs, les engraisseurs et le secteur intermédiaire (négociants, groupements, marchés).
86 % des éleveurs - tous ceux qui sont qualifiés ou en cours de qualification - ne seront donc pas impactés. Une centaine d’éleveurs environ de notre département seront touchés plus longuement par les conséquences de cet arrêté ministériel.
Les principales mesures sont :
- l’identification des bovins positifs sur les Asda ;
- le renforcement des dépistages dans les cheptels qui détiennent des positifs ;
- la circulation "sécurisée" des bovins positifs par une destination uniquement vers les abattoirs ou ateliers dérogataires fermés.
A terme, il est prévu le rassemblement ou le mélange (transports, centres, marchés…) uniquement de bovins qualifiés ou préalablement testés avant départ (pour les élevages non qualifiés).
Cet arrêté cible à la fois les éleveurs non qualifiés, qui devront tenter de trouver une qualification le plus rapidement possible pour alléger les mesures de surveillance de leur troupeau (contrôle de vente) ainsi que le secteur intermédiaire qui devra "maîtriser" le statut des bovins rassemblés.

Plusieurs cas de figure…


Pour les cheptels, il y a cinq catégories différentes :
- les cheptels qualifiés indemnes : pour eux, pas de problème quant à la circulation des animaux ;
- les cheptels négatifs non qualifiés : ceux-ci vont être qualifiés automatiquement (il faut malgré tout au moins deux contrôles des plus de 24 mois entièrement négatifs, après élimination du dernier bovin positif et des introductions conformes) ;
- les cheptels détenant peu de bovins positifs : ils doivent éliminer ces bovins impérativement avant le 1er décembre, puis faire deux contrôles au cours de l’hiver 2016/2017 (décembre/janvier, puis mars/avril) pour obtenir la qualification dès le printemps prochain ;
- les cheptels qui détiennent encore trop de bovins positifs : il faut établir un plan de réforme des positifs, pour éliminer le plus vite possible ces bovins du cheptel ;
- enfin, les cheptels qui font de l’engraissement en cartes vertes par achat d’animaux et dont la plupart ont également un cheptel souche ; c’est pour cette catégorie d’élevages que la situation est la plus complexe. Pour la majorité d’entre eux, il faut arrêter la vaccination systématique à l’introduction et réfléchir également à la qualification plus ou moins rapide de leur cheptel. Toutefois, les dispositions annexes à l’arrêté concernant les cheptels à fort taux de rotation ne sont pas connues.
Fin 2017 (car cette mesure devrait être reportable au niveau national pour un an), les cheptels non qualifiés devront faire des contrôles 15 jours avant départ pour leurs animaux destinés à rentrer dans le circuit "Elevage en Asda verte".