Fédération des comités agricoles
Convivialité contre vents et marées…

Une nouvelle saison s’achève pour les foires et concours agricoles de Saône-et-Loire. En dépit d’un contexte défavorable, les éleveurs - certes un peu moins nombreux - ont continué de fréquenter ces rendez-vous incontournables. Contre vents et marées, les comités organisateurs perpétuent la tradition tout en expérimentant des idées nouvelles.
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Le 29 novembre, la fédération des comités agricoles de Saône-et-Loire tenait son assemblée générale annuelle à Tramayes. C’est en effet le comité organisateur de la foire de la Sainte-Catherine qui recevait cette année ses homologues de la fédération départementale. L’occasion pour le représentant de la municipalité de dresser un rapide portrait de cette commune dynamique de mille habitants du sud de la Saône-et-Loire, à l’intersection du Mâconnais, du Charollais et du Clunisois. La foire agricole de la Sainte-Catherine « est aujourd’hui la plus grosse manifestation de l’année », confiait l’adjoint au maire. Cette année encore, elle a drainé un public nombreux. Près de 600 repas ont été servis à déjeuner. Si le comité organisateur présidé par Olivier Milly déplorait une certaine stagnation du nombre d’animaux en concours - avec 36 veaux charolais cette année -, la foire attire toujours des éleveurs sélectionneurs de charolais pour exposer des futurs reproducteurs d’un niveau de qualité croissant.

Une douzaine de manifestations


Un exemple qui reflète bien l’esprit régnant au sein de la fédération, laquelle compte aujourd’hui dix comités adhérents représentant autant de foire-concours éparpillées de l’Autunois jusqu’au Clunisois ou en Bresse en passant par le Charollais. Des concours de bovins essentiellement, mais pas seulement puisque la fédération compte deux concours de chevaux, deux foires de moutons et que beaucoup se sont diversifiés tant en termes d’espèces que d’animations.
Sans surprise, 2016 n’aura pas été la meilleure année pour ces comités agricoles. Comme le rappelait en ouverture le président Roger Burtin, « chute des cours des animaux qui se vendent au même prix qu’il y a 25 ans, une météo catastrophique… La profession souffre ». Alors qu’il présidait sa dernière assemblée générale, ce dernier faisait part « de son inquiétude pour les jeunes », faisant remarquer que « leurs aînés n’avaient pas connu de telles difficultés à une époque où l’on arrivait à s’en sortir pour peu que l’on travaille assez ». Néanmoins, le président était admiratif du « courage des jeunes qui se sont une fois encore mobilisés pour faire vivre nos différentes manifestions ». Des rendez-vous qui se sont dans l’ensemble encore bien déroulées, se félicitait Roger Burtin.

Tour d’horizon…


Cette année, le plus important rassemblement d’animaux aura été le concours de bétail gras de Pâques de Romenay avec 120 charolais de boucherie. Un concours « archi plein », confiait son président Noël Favre et qui a vu 95 % de ses animaux trouver preneurs, le tout dans une ambiance toujours aussi festive. En bovins charolais toujours, les concours d’Issy-l’Evêque et de Saint-Pierre-de-Varennes dominent encore la saison des "petits concours charolais" avec respectivement 86 et 77 animaux. Des effectifs en baisse sensible par rapport à 2015, mais dans les mêmes proportions que tous les grands concours de la race. Les foires ovines, quant à elles, n’ont pas connu la crise avec une centaine d’ovins et une trentaine de transactions à Genouilly et même 150 moutons à Issy-l’Evêque en juillet. Dans les chevaux, 2016 aura été marquée par la fusion des concours de trait de Blanzy et de Saint-Emiland. La compétition se déroule désormais à Saint-Symphorien-de-Marmagne où il y avait 41 auxois et comtois pour cette première qui fut un véritable succès, se félicite Gilles Vailleau.
Très dépendante de la météo, la foire de la Saint-Martin à Cluny a souffert quelque peu cette année. Tous les ingrédients de cette fête champêtre et populaire étaient pourtant au rendez-vous : 25 bovins de races charolaise, limousine, aubrac et hereford ; une trentaine de chevaux ; plusieurs moutons…

Une déception…


Malgré ce tour d’horizon honorable, les organisateurs de ces foires concours partageaient tous les mêmes préoccupations quant à l’avenir de leurs manifestations : trouver des idées nouvelles pour se renouveler et assurer la relève dans les rangs des bénévoles. Les comités agricoles déploraient aussi le désengagement grandissant des collectivités aux rangs de leurs soutiens, observant au passage une absence de plus en plus fréquente des élus à leurs manifestations. Un constat que regrettait vivement le président, lequel rappelait que la fédération avait vu le jour à la fin des années 80 pour répondre à la demande du Conseil général qui souhaitait alors verser une subvention globale pour tous les comités adhérents. Dès lors, la fédération s’est chargée de redistribuer chaque année à ses adhérents la somme octroyée par le Département. Mais depuis quelques années, la collectivité a décidé de verser à nouveau son aide individuellement et directement à chaque comité. Une pirouette administrative qui semble bien avoir été l’annonce d’une fin prochaine des aides car, en 2016, deux des dix comités auraient d’ores et déjà été informés par courrier que le Conseil départemental ne souhaitait plus soutenir ce type de manifestations… Un désistement qui a très moyennement été apprécié par les membres de la fédération des comités agricoles lesquels regrettaient l’absence d’un représentant du Conseil départemental à leur assemblée. En revanche, ils ont salué la présence de Anne-Marie Labopin du Crédit mutuel, la banque participant depuis plusieurs années au financement des plaques de concours. Autre remerciement adressé au Crédit agricole cette fois qui, historiquement, continue d’offrir le trophée du super prix d’honneur décerné chaque fin de saison.



Une page se tourne…


A l’occasion de cette assemblée générale, une page était sur le point de se tourner dans la vie de la fédération des comités agricoles. En effet, après 28 ans passés à la présidence, Roger Burtin pouvait enfin compter sur un successeur en la personne de Frédéric Paquaux, jeune éleveur à La Comelle par ailleurs président du concours d’Etang-sur-Arroux. Si pour cette dernière du président et de son fidèle secrétaire, Jean Devevey, la sobriété était de mise, il n’en reste pas moins que cette double retraite risque bien de laisser un certain vide à la fédération. Dans le sillage de François Grillot en son temps, Roger Burtin avait eu ce don de fédérer les équipes des différents comités autour de lui. Difficile de résister à sa bienveillance chaleureuse, à sa bonne humeur communicative, à son enthousiasme infatigable.
Charismatique et éleveur unanimement reconnu pour son savoir-faire, Roger Burtin a su défendre avec conviction ces petits concours. Ces tremplins indispensables - comme il les décrit lui-même - qui ouvrent les portes sur la cour des grands. Un concept que l’ancien éleveur de Mary a toujours défendu ardemment, lui qui s’était constitué un bel élevage charolais en partant de presque rien et à la seule force de son travail. Pour cette dernière réunion, et bien qu’il en ait pourtant vu d’autres à travers ses engagements d’élu, Roger Burtin avait ces mots simples mais sincères : « de ces vingt-huit années passées, je ne regrette rien. J’ai toujours été très bien reçu sur tous les concours où je me suis rendu et j’ai passé de très agréables moments avec les différents comités ». Un ressenti réciproque et partagé par tous ceux qui l’ont côtoyé durant ces années et qui résume en quelque sorte tout l’esprit des foires et petits concours de Saône-et-Loire. Partager du bon temps ensemble avant tout.