Journées nationales Afdi
Les stratégies de filière en débat

Les 17 et 17 novembre, Afdi BFC accueillait à Besançon les journées nationales du réseau Afdi. Au cœur des réflexions, le développement agricole, ou comment valoriser filière et territoire. Et les réponses ne font pas unanimité.
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Regroupant près de cent-cinquante participants venus de toute la France et des représentants des organisations paysannes d’une dizaine de pays en développement, les Journées nationales du Réseau Afdi ont été l'occasion d'échanger lors d'une table-ronde sur l'organisation des filières comme moyen de développement des territoires. Ces journées se tenaient à Besançon les 17 et 18 novembre, organisées par Afdi Bourgogne Franche-Comté (BFC).
Une table-ronde centrée sur la filière laitière et co-organisée avec la chambre régionale d'Agriculture BFC a réuni des intervenants de divers horizons. La production de lait local a en effet été au cœur des débats. Pour Adama Ibrahim Diallo, président de l’Union nationale des mini-laiteries et des producteurs de lait du Burkina Faso, la stratégie est de travailler avec les producteurs locaux et de développer un commerce de proximité. Une multitude de mini-laiteries sont ainsi gérées par les femmes qui livrent leur production laitière et assument l’organisation de la collecte et de la commercialisation.
Au Sénégal, Seydou Balde, vice président de l’interprofession des acteurs du lait local, possède une mini-laiterie qui traite 200 litres par jour. Pour lui, le choix a été fait de recourir à la poudre de lait en période sèche pour palier la baisse d'approvisionnement de la laiterie en lait local liée à la transhumance des troupeaux pour pouvoir conserver les marchés tout au long de l’année. L'objectif recherché est en effet de maintenir l'activité commerciale pour assurer le financement des frais de fonctionnement, notamment les salaires.

Débat de stratégies


Adama Ibrahim Diallo ne partage pas cette stratégie. Il estime que ce système de fonctionnement ne prend pas en considération la situation des producteurs et relève davantage d’un comportement d’industriel. En effet, en période de soudure, on trouve sur le marché du lait local allongé de lait en poudre dans des emballages ne spécifiant pas leur contenu… Selon lui et sous couvert de faire fonctionner les structures commerciales, ces procédés nuisent à l’organisation même d’une véritable filière de production du lait qui prendrait en considération l’intérêt des éleveurs laitiers.

L’exemple du comté


Ses propos sont renforcés par l'intervention de Claude Vermot-Desroches, président du comité interprofessionnel de gestion du comté, lequel a exposé les clés de la réussite du fromage de comté : un approvisionnement à 75 % provenant des coopératives, une forte régulation de la production concertée entre les différents acteurs de la filière induisant une nécessaire transparence entre eux. Selon lui, l’économie libérale pratiquée en Europe, si elle construit d’une part, détruit d’autre part du fait de la concurrence effrénée qui a pour conséquence de laminer la qualité du produit final. Il estime que la stratégie pour protéger un marché consiste à construire à partir d’une méthode de communication qui parle non seulement du produit mais aussi du rêve bâti sur un terroir et le savoir-faire de ses paysans.