Environnement et agronomie
Les haies rendent de multiples services !

Bien plus qu’un élément de paysage, les haies sont bénéfiques pour les animaux, pour les champs, pour l’eau, contre le vent… Des avantages environnementaux et agronomiques concrets qui justifient pleinement leur préservation. A fortiori, lorsqu’on peut en valoriser la production de bois.
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La haie n’est pas qu’un élément de paysage qui fait plaisir aux promeneurs. Elle est avant tout « bourrée » d’intérêts environnementaux et agronomiques dont la plupart étaient bien connus autrefois. Tout d’abord, une bonne haie est une clôture naturelle qui délimite efficacement les parcelles. Il suffit pour s’en convaincre de regarder ce qui se passe là où les haies déclinent et que par malheur une clôture cède…
Dans les élevages, on sait bien que la haie est un élément de confort pour les animaux. Elles leur fournissent ombre, abri contre le vent ou la pluie. Une haie de bonne taille peut même jouer le rôle de brise-vent pour les bâtiments.

Gain de rendement



La haie n’est pas sans bénéfice agronomique non plus. Les éleveurs observent qu’elle protège souvent l’herbe des gelées, ce qui se ressent sur la pousse herbagère des zones situées à proximité. Des gains de rendement sont même démontrés sur les parcelles entourées de haies, indique Guillaume Coicadan de la Chambre d’agriculture de Saône-et-Loire. Les haies ont en effet tendance à « bonifier » les sols en favorisant la vie du sol, en pompant et redistribuant les nutriments, en apportant de la matière organique. Véritable protection pour les cultures, la haie est une réserve d’auxiliaires (oiseaux, petits mammifères, insectes prédateurs…) qui se nourrissent de ravageurs de cultures (insectes, mollusques, petits rongeurs…). La haie fournit également de précieux pollinisateurs.

Régule l’eau, évite l’érosion



La haie joue un rôle important sur l’eau et l’érosion. Elle freine le ruissellement et retient la terre, notamment dans les champs, évitant ainsi le comblement des fossés et rigoles. Un bienfait préventif appréciable à l’heure où l’entretien des cours d’eau est devenu un casse-tête administratif… La haie régule la réserve en eau des parcelles en limitant les crues et les coulées de boue, mais aussi en protégeant de l’assèchement. En bord de cours d’eau, les haies contribuent au maintien des berges ; elles épurent et rafraichissent l’eau… Les haies jouent également un rôle de filtre vis-à-vis des produits phytosanitaires et des fertilisants lessivées ou en excès.

Argument de vente…



De manière générale, la haie est un refuge pour la faune sauvage qui, au-delà de ses vertus strictement écologiques, a aussi un intérêt cynégétique avec son impact sur le petit gibier. Enfin, la vocation paysagère des haies n’est pas à négliger. Les qualités esthétiques et bucoliques du bocage peuvent se révéler de véritables arguments de vente face à des consommateurs nostalgiques ou en mal de réassurance… On le voit, les arguments militant pour le maintien des haies ne manquent pas. Un plaidoyer d’autant plus convainquant si les haies assurent une production de bois pérenne.


Broyage des haies controversé



Chaque année, le broyage des haies est un travail fastidieux qui prend beaucoup de temps, consomme beaucoup de gasoil et ne rapporte rien. L’entretien annuel d’un kilomètre de haie à l’épareuse revient à environ 400 €, prend entre 6 et 7 heures de travail et consomme 90 litres de carburant. Une dépense en pure perte, d’autant qu’en rendant les haies rachitiques, le broyage annuel oblige à consacrer davantage de temps au renforcement des clôtures… Ce que des éleveurs débordés ne parviennent pas forcément à faire.
Au fil du temps, le broyage annuel est devenu un véritable rituel. Munis de broyeurs de plus en plus performants, certains chauffeurs peuvent avoir « la main lourde » et d’année en année, les coups de broyeurs finissent pas faire « crever » des portions entières de « pian ».
Le goût du travail bien fait n’est sans doute pas étranger à cela. Dans les campagnes, où l’on aime s’observer entre voisins, une ferme dont les "bouchures" sont taillées au carré est le reflet d’une exploitation prétendument bien gérée. Sauf que l’apparence est parfois trompeuse… Une haie broyée à tout juste un mètre de hauteur est surtout l’expression d’une grosse dépense en gasoil et en temps sans aucun retour sur investissement et qui peut même un jour être mal vue par des amoureux de la nature…




Entretien en haie haute
Qu’en est-il en cas de contrôle Pac ?



Si autrefois les agriculteurs n’avaient rien à apprendre sur la gestion de leurs haies, comme dans beaucoup de domaines, les politiques agricoles ont leur part de responsabilité dans l’abandon d’un certain nombre de savoirs agronomiques ancestraux. Certains éleveurs aujourd’hui avouent être freinés par le cadre réglementaire de la Pac pour laisser pousser leurs haies. De fait, en cas de contrôle, les haies doivent être "entretenues". Et tout dépend de l’interprétation que fera le contrôleur de cette obligation. Sans doute faudrait-il clarifier les choses avec les contrôleurs Pac pour que les éleveurs ne craignent pas de convertir une haie basse en haie haute pour une production de bois.