Anamso
Le soja aux multiples atouts

L’Association nationale des agriculteurs multiplicateurs de semences oléagineuses (Anamso) tenait son assemblée générale à Chalon-sur-Saône le 16 mars. L’occasion de se pencher sur le soja et son devenir dans notre pays...
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Le temps d’une journée, le soja aura été au centre des discussions à Chalon-sur-Saône, le 16 mars dernier, lors d’une table ronde menée tambour battant par la journaliste Nicole Ouvrard à l'occasion de l'assemblée générale de l’Association nationale des agriculteurs multiplicateurs de semences oléagineuses (Anamso).
Agriculteur dans l'Aude et président de ladite association dont l’activité s’articule autour de trois activités que sont le syndicalisme, l’inspection de cultures et la prestation de service, Laurent Bourdil a tenu à rappeler en préambule que « le soja est une culture trop souvent délaissée alors qu’elle a de nombreux atouts ». En effet, cette culture nécessite peu d’intrants et zéro d’azote tout en offrant un créneau de semi plus large que le maïs et moins de contraintes que la culture du tournesol. Avec l’avantage de ne poser aucun problème en zone vulnérable ! Les seules contraintes de la culture se situent aux niveaux de l’inoculation et de la récolte. Il en a aussi profité pour rappeler qu’un important travail génétique devait être réalisé pour améliorer différents aspects. Et de préciser, qu’en terme de rentabilité, 100 quintaux en sec de maïs étaient équivalents à 30 à 35 quintaux de soja.

Un fort potentiel de développement


Ingénieur de recherche chez Terres Univia (ex Cétiom), Françoise Labalette a fait le point sur la situation de la filière Soja. Ainsi, le conventionnel a majoritairement (70 %) un débouché animal alors que le bio a un débouché principalement (70 %) humain. Dans l’hexagone, le besoin en soja est évalué à 3.000.000, voire 3.500.000 tonnes. A titre d’exemple, près de 500.000 tonnes de tourteau de soja non OGM sont importées annuellement du Brésil, essentiellement à destination des filières animales et dans le cadre de fromages AOP.
Damien Colignon, administrateur Anamso et local de l’étape, n’hésitait pas à souligner « qu’il ne faut pas avoir peur d’affirmer que l’on est sur une production haut de gamme ». Un avis partagé par Didier Laurency, président de Bourgogne du Sud et d’Extrusel, qui rappelait dans un premier temps l’historique du soja dans la région, historique remonte aux années 1980 avec « un début de production présentant des hauts et des bas. » La trituration du soja est arrivée en même temps que celle du colza, avec une franche réussite pour le soja. Côté chiffres, 13.000 tonnes ont été écrasées l’an passé et sans doute 23.000 tonnes le seront cette année. « Le soja est une plante qui a des atouts forts. Nous avons une qualité de soja très intéressante. Nous n’avons pas à craindre ce qui vient de l’extérieur. Sur notre zone intermédiaire, la production de protéine végétale est un enjeu majeur pour nos filières ».

Important travail de recherches


Directeur général adjoint du groupe Avril, Michel Boucly estimait que, « par le passé, il n’y a pas eu assez de valorisation, notamment avec le soja de pays. Il faut sortir des importations pour les remplacer par du soja français. Nous devons par exemple affronter la concurrence du soja venu d’Argentine et du Brésil. La plante a un potentiel important. Il est possible de sortir des variétés très compétitives et non OGM. Il ne faut pas opposer le maïs au soja ». Et de préciser que si aujourd’hui, il y a 100.000 hectares en culture et sans doute 130.000 hectares en 2016, atteindre la barre des 200.000 hectares est tout à fait envisageable.
De son côté, Gérard Tubéry, président de la Fop, faisait remarquer « qu’il y a un réel intérêt à avoir des semences de qualité pour être compétitif dans l’assolement. Nous devons nous inscrire dans une démarche durable. Tout est réuni pour réussir ».
Quant à Claude Tabel, président du directoire de RAGT, il signalait qu’il n’y avait pas beaucoup de semenciers en France investis dans la recherche sur le soja. « Nous faisons figure de pionniers. Il y a aussi une vraie problématique de financement de la recherche. Le soja a beaucoup d’avantages ; il est très intéressant en terme de rotation. Nous espérons voir s’accroître la surface de production. Nous travaillons beaucoup en terme de sélection sur les rendements. Dans nos essais, nous arrivons à dépasser les 40 quintaux ». Parmi les principaux critères de sélection, il y a aussi bien le rendement sans trop d’égrainage que la teneur en protéine, la tolérance à la sécheresse et à la verse, la précocité, la facilité de récolte, la résistance aux maladies ou encore la teneur en huile. Avec bien sûr différentes précocités pour répondre à différents besoins. A noter, enfin, que les variétés françaises sont très développées dans l’Est de l’Europe.