Gaec Morin à Oudry
La performance économique comme objectif

Le Gaec Morin propose des veaux à la station d’évaluation de Jalogny depuis une quinzaine d’années. Participant au concours de reproducteurs de Charolles comme au Festival du Bœuf avec des animaux de boucherie, les frères Morin sont aussi sensibles aux performances technico-économiques de leurs animaux. D’où leur attachement à la station saône-et-loirienne.
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Réunis au sein d’un Gaec, Jean-Noël et Fabrice Morin élèvent 170 vaches charolaises sur deux sites. A l’origine, la famille Morin exploitait la ferme d’Oudry et c’est lorsque Fabrice s’est installé que son aîné Jean-Noël est allé reprendre un second site à Saint-Aubin-en-Charollais. L’accroissement du troupeau s’est toutefois opéré exclusivement à partir du cheptel familial. Le Gaec compte aujourd’hui deux troupeaux distincts de la même souche. Celui de Saint-Aubin est entièrement inscrit tandis que celui d’Oudry l’est à 40 %. La famille Morin avait débuté l’inscription à la fin des années 1970. Après une pause au milieu des années 1980, Jean-Noël s’est remis à inscrire en 1999, encouragé en cela par l’ancien exploitant de la ferme de Saint-Aubin André Goireau. Aujourd’hui, le Gaec commercialise 35 reproducteurs par an. Le reste des mâles part essentiellement en broutards et en taurillons d’herbe.

Femelles engraissées en filière AOC


La quasi-totalité des femelles est engraissée sur l’exploitation. L’élevage produit des génisses et des jeunes vaches pour l’AOC Bœuf de Charolles. « Nous avions l’habitude d’engraisser nos animaux de manière traditionnelle, à l’herbe et avec une complémentation raisonnée. Le cahier des charges de l’AOC se rapprochait de notre système. Nous valorisons ainsi nos animaux à moindre coût. Mais il faut du temps pour les finir », confie Jean-Noël. L’an dernier, le Gaec avait une de ses vaches « en dégustation » lors du Concours général agricole dédié à la viande au Salon international de l’agriculture.
A la fois naisseurs, sélectionneurs et engraisseurs, les frères Morin ont un cheptel qu’ils qualifient de « mixte », dont les produits, de bons gabarit et bien conformés, donnent en moyenne 530 kg de carcasse pour les vaches et 480 kg pour les génisses. Il y a quelques années, le Gaec obtenait un grand prix d’honneur au Festival du bœuf avec une vache.

Taureaux supérieurs à 100 en ISevr


« Nous recherchons la qualité de viande et le potentiel de croissance de sorte à produire avec un minimum d’alimentation », résume Jean-Noël. S’ils aiment les belles bêtes de boucherie et qu’ils sont toujours exigeants sur les qualités de race, les frères Morin ne perdent jamais de vue l’objectif économique.
C’est pour cela qu’ils accordent beaucoup d’importance aux index dans l’achat de leurs reproducteurs. Avec un autre éleveur de la région, Richard Ciron à Chassy, le Gaec Morin vient d’acheter Jamesbond, un frère d’Himalaya, taureau appartenant au GIE Charolais leader et natif de l’élevage de Vincent Froidurot (21). Ce nouveau reproducteur - qui entrera en service chez ses deux co-acquéreurs - a un père indexé à 127 en ISevr et une mère à 107 en IVMat. « De très bons index pour un animal issu de souches de monte naturelle et dont le sang n’est pas trop diffusé », fait valoir Jean-Noël. S’il reste fidèle aux grandes lignées de concours, Jean-Noël Morin ne retient que les taureaux dont l’index ISevr est supérieur à 100. Le bilan génétique du troupeau témoigne de cette exigence : IVMat moyen des mères 101 ; ISevr moyen des pères 105 ; aptitude au vêlage moyen des mères 100,7… Ce dernier critère est jugé très important par l’éleveur. C’est d’ailleurs l’un des index qu’il regarde le plus lorsqu’il choisit un taureau. « J’accorde même plus d’importance à l’aptitude au vêlage qu’à la facilité de naissance », confie Jean-Noël. De fait, le poids du veau à la naissance ne fait pas tout. Encore faut-il que la mère ait un bassin fait pour vêler… « Il faut les deux », résume l’éleveur.

« La station nous ouvre des portes »


Jean-Noël propose des veaux pour la station de Jalogny depuis sa première année d’inscription. Un à trois jeunes mâles de la ferme sont ainsi évalués chaque année à Jalogny et, à de rares exceptions près, ils ont toujours trouvé acquéreurs. La station a permis à l’élevage de se faire connaître. En 2001/2002, l’un des premiers veaux de Jean-Noël terminait parmi les meilleurs de la station. Il fut vendu 3.150 €. Un autre fut acquis par Gènes diffusion la même année que cette société achetait Artois, se souvient Jean-Noël. « A Jalogny, si l’on met des veaux de qualité - bonne conformation, bonne valeur génétique -, alors cela permet de bien valoriser les produits en vendant à des clients qui ne viendraient pas à la maison. La station nous ouvre des portes », argumente Jean-Noël. Ce dernier y voit aussi un excellent outil de travail pour la génétique de son exploitation avec la possibilité de se comparer aux autres et de se remettre en question s’il le faut.

Deux fils de Baron


Deux veaux natifs du Gaec Morin sont à Jalogny cette année. Ce sont deux fils de Baron, un taureau qui aura marqué l’élevage par la qualité de sa production. Né chez Guillaume Mateuil à Oudry, Baron est un fils de Turbo (Charolais évaluation 71). Indexé à 109 en ISevr, 109 en développement musculaire, 105 en développement squelettique et 103 en Avel, il avait obtenu un prix de synthèse au concours de Charolles en 2010 et pesait alors 1.580 kg. Baron a déjà fourni pas mal de produits à la station de Jalogny « qui ont tous bien marché », confie l’éleveur. Baron qui a également laissé beaucoup de filles dans l’élevage de Jean-Noël.
Les deux fils de Baron évalués cette année ont pour mères des filles de Russ et de Pinay.



« Un outil de travail »


Jean-Noël Morin faisait partie cette année de la commission d’éleveurs chargée du recrutement de la station de Jalogny. Un recrutement effectué fin août en ferme sur la base d’un tri préalable désignant les animaux souhaitables. « C’est une expérience très intéressante », confie Jean-Noël. Cette mission lui a permis de visiter des élevages qu’il ne connaissait pas ; de découvrir « des génétiques différentes » ; de confronter ses propres critères de sélection à ceux des autres… Le membre de la commission révèle que l’objectif de la station est de ne « rentrer que des veaux de qualité ». Un principe qui incite les éleveurs « à jouer le jeu en acceptant la comparaison et en assumant une part de prise de risque liée à l’évaluation ». Pour Jean-Noël, c’est cette comparaison des animaux entre eux, suivant un protocole commun, qui fait tout l’intérêt des stations d’évaluation. Elle fait ressortir le potentiel de croissance de chacun des veaux et l’acheteur peut ainsi choisir en connaissance de cause. En cela, « le site internet de la station de Jalogny http://www.stationevaluation71.com est très bien fait : il permet de trier les veaux selon ses propres critères recherchés », complète Jean-Noël Morin.





Indexation
Des vaches très laitières…


S’il croit aux index, Jean-Noël Morin regrette toutefois que ses vaches pourtant très laitières se retrouvent toujours pénalisées en index « ALait ». Dans le système tel qu’il est conçu, « il suffit qu’un ascendant, même éloigné, ait été mauvais en lait pour que l’animal se voit plombé sur cet index », explique l’éleveur. Une anomalie qui, dans son cas, récompense bien mal les efforts consentis en termes d’indexation… Et qui n’aide pas à crédibiliser le système.





Les deux dates à retenir


Samedi 14 février : porte ouverte.

Vendredi 20 février : vente aux enchères des reproducteurs charolais mâles de l’année.