Viande bovine
Bruxelles reconnaît les « difficultés »

Le secteur de la viande bovine est en difficulté, a enfin reconnu la Commission européenne, alors que plusieurs organisations nationales de producteurs appelaient à des mesures, lesquelles s’imposent à l’échelle de l’UE.
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Lors d’un échange de vues, le 24 mai, avec les membres de la commission de l’agriculture du Parlement européen, le commissaire européen à l’Agriculture, Phil Hogan, s’est dit « conscient des difficultés » du secteur de la viande bovine. Ce produit n’a d’ailleurs pas été inclus dans l’offre d’accès au marché présentée lors de la relance des négociations de libre-échange avec le Mercosur, a ainsi argué le commissaire européen, ajoutant qu’il n’était pas possible de faire entrer plus de quantités dans l’Union européenne où, par ailleurs, la consommation est en diminution.

Des producteurs mobilisés


Réunies le 17 mai, les associations de producteurs de viande bovine espagnole (Asoprovac), irlandaise (IFA), française (FNB) et italienne (Consortium Italia Zootechnica) avaient pris acte de l’absence de contingent de viande bovine dans l’offre transmise par Bruxelles au Mercosur. Elles soulignaient toutefois rester « mobilisées » pour s’assurer que la filière ne soit pas « sacrifiée » dans le cadre des accords commerciaux bilatéraux, et demandaient la publication d’études d’impact de l’ensemble de ces accords sur le secteur de la viande bovine.
L’accord en négociation avec les États-Unis aurait de fait pour conséquence, selon une étude de l’Institut français de l’élevage, une baisse de 10 % des prix payés aux producteurs de l’UE et une chute des revenus pouvant aller de 40 à 50 %.

Sévère crise sévère des revenus


Embargo russe, dérégulation du secteur laitier, baisse de la consommation… Partout, dans les principaux pays producteurs européens, les prix s’effondrent et sont nettement inférieurs aux coûts de production, déploraient les quatre organisations professionnelles, qui font état d’une « crise sévère des revenus » dans le secteur de l’élevage allaitant et de la viande bovine dans l’ensemble de l’UE.
Et selon elles, la situation risque de s’aggraver au second semestre, « ce qui appelle à des décisions fortes de la part de la Commission européenne ». Sans tarder.
Parmi les mesures attendues :
- la réouverture du marché russe « ou à défaut compensation des pertes induites » ;
- l’ouverture et renforcement des marchés des pays tiers (pourtour méditerranéen, Japon, Chine…) ;
- la mise sur pied « immédiate » d’un observatoire des marchés de la viande bovine ;
- des crédits supplémentaires pour la promotion ;
- une meilleure et plus juste répartition de la chaîne de valeur dans la filière viande bovine entre les distributeurs, les industriels et les producteurs.
A suivre…



Crise bovine
L’Outre-Atlantique aussi…



Le marché bovin aux Etats-Unis traverse, lui aussi, un contexte compliqué incarné par des chutes de prix importantes et une incertitude grandissante du fait de la forte volatilité des cours. C’est ce que rapporte le think-tank Momagri dans une note, parue le 16 mai. Entre 2009 et 2014, les cheptels n’y ont cessé de décroître, de l’ordre de 6 %, et cela sous la pression des sécheresses à répétitions dans le sud du pays et des prix élevés de l’alimentation animale. Lors des deux derniers trimestres de l’année 2015, les prix des viandes ont ainsi baissé d’environ -15,1 %. Une chute brutale qui n’a pas été anticipée et qui reste encore assez inexpliquée. « Une telle magnitude de mouvement du prix ces derniers mois et ce type de volatilité est quelque chose que nous n’avons, historiquement, jamais vécu », observe Ted Schroeder, économiste à l’Université du Kansas. A la fois plus important pays producteur et importateur de viande bovine au monde, les Etats-Unis comptaient en 2012 plus de 913.000 élevages bovins. Une filière où l’aval n’est représenté que par quatre transformateurs, lesquels réalisent près de 90 % des abattages. Quelques 2.170 feed-lots sont en charge de près de 85 % de l’engraissement… No comment !