A Pierre-de-Bresse
En route pour les Nationales de la céramique

Il n’y a pas si longtemps, pendant les trente glorieuses, partir en vacances signifiait non seulement emprunter les Nationales 6 et 7 pour descendre de Paris en direction de la Côte d’Azur, mais aussi faire une halte pour acheter, au fil de la route, quelques très belles pièces en céramique. Un voyage dans le temps et l’espace qu’invite à revivre l’Ecomusée de Pierre-de-Bresse.
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Au lendemain de la guerre et pendant plusieurs décennies, la France connaît un profond bouleversement : on passe progressivement d’une société de subsistance à un pays où il fait bon partir en vacances. Dès lors, les routes nationales voient croître leur fréquentation de manières quasi exponentielle puisque l’on passe de 8 millions de touristes en 1951 à 20 millions en 1966 ! Beaucoup de ces vacanciers choisissent l’Hexagone pour leurs villégiatures, parcourant des routes désormais mythiques : les Nationales 6 et 7. Destination la Côte d’Azur et la Provence pour un millier de kilomètres et deux ou trois jours de voyage dans des voitures surchauffées et surchargées. Cet engouement fait prospérer de nombreux commerces. Les habitants proposaient des produits locaux aux touristes de passage. Nombreux sont les garages, hôtels et autres restaurants à s’installer le long de ce trajet aux saveurs estivales.

Les trente glorieuses


L’Ecomusée de la Bresse a toujours tissé des liens avec les savoir-faire de la céramique. Tous les deux ans, il est l’hôte d’un marché des potiers et d’une exposition thématique avec des créations originales qui fait écho à sa grande collection de cruches en terre vernissée. "N6-N7 : les Nationales de la céramique" s’attache à une nostalgie heureuse, celle des trente glorieuses qui, dans l’esprit de tous, sonnent comme une époque en pleine expansion pendant laquelle régnait une idée du bonheur. Dans les sixties, les Nationales irriguaient la France, contrairement aux autoroutes qui mènent aujourd’hui l’automobiliste d’un point A à un point B le plus rapidement possible. Les céramistes se sont alors rapprochés de ces nationales. De Paris jusqu’au Sud de la France, on traversait une véritable galerie de la céramique qui ravivait ses couleurs tous les ans au moment des départs en vacances.

De Paris à la Provence


De La Borne à Vallauris, les poteries fleurissaient et coloraient les kilomètres de la Nationale. Au milieu du XXe siècle, la poterie traditionnelle connaît un réel déclin, concurrencée par d’autres matériaux. La fonction utilitaire de la poterie décline au profit de la céramique artistique. De nombreux villages potiers disparaissent. Néanmoins, certains connaissent une réelle expansion à l’image de La Borne. Renommée pour sa production de poterie de grès, La Borne contraste avec Vallauris qui, dans l’esprit du plus grand nombre, rappelle avant tout les productions extravagantes et éclatantes de couleurs ayant alimenté les boutiques pour touristes. Mais pour les amateurs, Vallauris fut d’abord un cocon pour potiers réunis autour de Picasso. C’est à la découverte de cet artisanat utilitaire et artistique que convie l’Ecomusée avec 150 pièces parfaitement mises en valeur et en musique dans deux salles spécialement aménagées pour l’occasion.
A l’Écomusée de la Bresse bourguignonne, jusqu'au 20 décembre de 10 h à 12 h et de 14 h à 18 h. Tarifs 7 € (adulte) et gratuit (jusqu’à 18 ans). Pour tout renseignement, tél. : 03.85.76.27.16.



Le fruit de rencontres


A l’origine de cette exposition, on trouve Philibert Monvoisin à qui on doit "Faut le fer" présentée au château de Pierre-de-Bresse en 2006. Cette fois, il propose une balade sur les Nationales de la céramique. « L’idée de l’exposition remonte à trois ans. C’est chez des amis et voisins, Yves et Nicole Morin, que j’ai été fasciné par une pièce en grès de monsieur Pierlot. L’idée de suivre les Nationales m’a semblé évidente tant ces routes fourmillaient d’artisans potiers ». De ses multiples rencontres et connaissances est née une sélection de pièces, au nombre de 150, qui transporteront le visiteur dans les années cinquante à soixante-dix avec, pour fil conducteur, les Nationales 6 et 7. « Cette exposition est tout simplement exceptionnelle tant par la thématique que par la qualité des pièces présentées », s’enthousiasme avec sa gouaille habituelle le conservateur Dominique Rivière.