Viande bovine
Repenser une stratégie à l’export

Sous l’influence de la crise laitière, l’Union européenne est excédentaire en viande bovine. Et si les marchés mondiaux offrent des possibilités, la filière doit améliorer sa stratégie pour conquérir des parts de marché.
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Avec la crise laitière qui a entraîné –et entraînera plus encore– une décapitalisation des cheptels et la montée en puissance de la Pologne, qui a favorisé l’engraissement à travers les aides couplées, l’offre européenne en viande bovine est excédentaire. En 2015, un regain de compétitivité a surtout favorisé les exports de bovins vivants, analysait l’Institut de l’Élevage lors du colloque "Les marchés mondiaux - filière viande bovine" organisé le 9 juin. Mais ces exports majoritairement en vif induisent une balance commerciale déficitaire en valeur.
Sans compter que la consommation de viande bovine en Europe n’est pas sur une pente ascendante… Dans les pays du Sud de l’Europe, traditionnellement gros consommateurs, elle est plutôt en baisse (-18 % en cinq ans en Italie, par exemple). Si la tendance a été compensée l’année dernière par une hausse de la consommation en Allemagne, le marché européen reste, quant à lui, lourd, avec une augmentation de la production de l’ordre de +1 % sur les sept principaux pays producteurs, et des répercussions négatives sur les prix.

Mettre à plat l’offre


D’une façon générale, la demande des pays développés traduit une mutation de la consommation : l’urbanisation change la façon de consommer, avec une prédilection pour le snacking, les produits préparés ou semi-transformés, qui contiennent moins de viande. Or, les dernières innovations de la filière Viande bovine restent le sous vide ou le steak haché… On perçoit dès lors l’effort à faire pour proposer la viande bovine comme ingrédient de préparation culinaire, facilement utilisable, plutôt que comme plat principal…
Dans les pays en développement, la viande est en revanche de plus en plus consommée, même si le porc et la volaille sont généralement privilégiés. En Chine, marché directeur pour le commerce mondial, la demande de viande bovine est à la hausse, avec une consommation principalement effectuée en restauration hors foyer. Et avec une production qui ne décolle pas, le marché chinois, dynamique en importations, est convoité par de nombreux exportateurs, mais la plupart n’y ont pas accès, comme l’Union européenne et les États-Unis…

Cibler les bons marchés


Et dans cette quête de nouveaux marchés dans les pays tiers, la France fait peut-être preuve d’une mauvaise priorisation, soulignaient les intervenants.
Avec des durées de négociations souvent très longues, un niveau d’exigences de plus en plus élevé, les cibles visées n’en valent pas toujours la chandelle. Ainsi, par exemple, pour avoir le droit d’exporter en Corée, huit étapes sont nécessaires. De même, le Japon a-t-il en théorie rouvert ses frontières aux pays européens, mais les volumes restent très faibles, pour ne pas dire marginaux.
Il faut donc continuer à compter sur nos marchés traditionnels : pour le vif, le pourtour méditerranéen reste dynamique, même si le manque de moyens a affaibli les importations de viande. En Égypte, elles ont certes chuté de -6 %, mais les importations d’animaux vifs ont, elles, augmenté de +35 %. Sans compter que la progression démographique du pays (plus un million d’habitants par an) offre de belles perspectives.
En revanche, la France pourrait se doter, comme l’ont déjà fait beaucoup de pays exportateurs, d’une communication collective sur la viande bovine. Le Pays de Galles communique-t-il par exemple sur l’origine et les qualités gustatives naturelles de sa viande ("élevé au paradis"), la Nouvelle-Zélande se sert de ses sportifs et de ses chefs cuisiniers dans ses campagnes de communication pour mettre l’accent sur les qualités nutritionnelles de sa viande bovine, avec un slogan : "Tough standarts, tender results", c’est-à-dire "Des standards élevés, des résultats tendres". Il y a aussi l’Irlande… et tant d’autres exemples.
Pour la France, ce serait un atout de plus pour valoriser la viande bovine à l’international. Et on en a bougrement besoin…