Inondations et intempéries
Des mesures exceptionnelles attendues

Les dégâts causés par les épisodes d’inondations et autres excès de pluviométrie ne sont plus à démontrer et les comptabilités de nombre d’exploitations les traduiront. Si les récentes annonces ministérielles reçoivent un écho positif, d’autres mesures - tant sur le plan conjoncturel que structurel - sont attendues.
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Lors d’une visite chez un agriculteur victime des inondations dans l’Essonne le 2 août, le président de la FNSEA, Xavier Beulin, est monté une nouvelle fois au créneau pour faire part des besoins urgents auxquels une grande majorité de producteurs répartis sur l’ensemble du territoire national doit maintenant faire face.
Année blanche, indemnisation, cours d’eau, dossier Pac, mais aussi préretraite et reconversion, aucun volet n’a été épargné par le représentant agricole. Parmi les revendications fortes des agriculteurs figure celle relative aux cours d’eau. En effet, la trop lourde réglementation environnementale empêche les agriculteurs de pouvoir nettoyer les fossés et autres voies d’écoulement, accentuant de fait les phénomènes d’inondation lorsqu’ils surviennent. Dans de nombreux départements, les problématiques de classification des cours d’eau se doivent d’être réglées localement, plaidait Xavier Beulin qui insiste pour que la notion de territorialité soit « rétablie », en redonnant de vrais pouvoirs aux préfets de région.
Concernant les zones d’expansion des crues, près de 80 % du chantier a été accompli, indiquait le représentant de la FNSEA, « le reste correspond aux conditions d’indemnisation ». En acceptant de recevoir l’excès d’eau, les producteurs exigent en contrepartie une juste et systématique indemnisation pour service rendu à la collectivité. « Des discussions sont en cours avec les assureurs », poursuivait-il.

Année blanche demandée


Sur le volet économique, Xavier Beulin a salué les préfets qui ont classé leur département "Cas de force majeure", permettant aux exploitants des zones concernées de bénéficier d’une automatisation de leur dossier Pac. « Cela va nous aider fortement », soulignait Xavier Beulin.
Par ailleurs, un fonds de garantie de réassurance des banques doit-être, selon lui, mis en place. Sur ce point, des échanges constructifs seraient en cours. « On va frôler les 5 milliards d’€ de besoin » estimait-il.
Aussi, la FNSEA formule-t-elle la demande d’une Année blanche complète. « Ce que nous voulons, c’est passer en direct entre l’agriculteur et la banque et bénéficier de conditions bancaires favorables sur les taux, la durée, l’allègement des dettes… ».

Ne pas négliger le volet humain


Le président de la FNSEA a longuement insisté sur le volet social, et il souhaite qu’un accompagnement psychologique soit mis en place pour les agriculteurs ainsi que pour leurs collaborateurs. Selon lui, dans le contexte actuel, « le pire, c’est le silence et l’isolement ».
Des dispositifs de préretraites et/ou des formules de reconversion devront, à ce titre, être proposés. « On me tombe toujours dessus quand j’aborde ces sujets, mais il faut parler de ces choses-là ! Il en va de la dignité, de la responsabilité et de la solidarité », a-t-il insisté.
Gare à Bruxelles !
Quant au volet européen, Xavier Beulin ne demande qu’une chose : « que l’Europe nous fiche la paix ! Et qu’elle prenne en compte la situation ». Ce dernier s’énerve des nombreux contrôles diligentés par Bruxelles et il n’hésite pas à les dénoncer comme une véritable « pétaudière administrative sans nom ».
D’après lui, le devenir de l’Europe se pose, « on a besoin de relancer une Europe dans laquelle on a envie de construire. Aujourd’hui, c’est quoi son objectif ? Les gens ne le savent pas ».
Autre point relevé et pas des moindres: les versements des indemnités Pac 2015. Près d’1,1 milliard d’€ continue à faire défaut dans la comptabilité des producteurs…




Appel à la solidarité de la filière


Xavier Beulin a lancé un appel à la solidarité de toute la filière. « J’en appelle à la grande distribution. Car oui, c’est aussi à elle d’accompagner ses fournisseurs. Il faut qu’elle fasse un effort dans ce domaine », explique-t-il. Les partenaires et fournisseurs de l’amont ont aussi été contactés par le représentant agricole, pour soutenir les acteurs de la production. Xavier Beulin dit vouloir changer le paradigme français, qui se baserait sur la consommation pour relancer la croissance. « Il faut le rééquilibrer, en soutenant les outils de production, l’investissement. C’est cela qu’il nous faut absolument promouvoir ! », lâchait-il en guise de conclusion.