Le Conseil départemental entend explorer une nouvelle voie pour contrer la désertification médicale.

Le Conseil départemental entend explorer une nouvelle voie pour contrer la désertification médicale.

A-t-on réellement tout essayé en matière de désertification médicale ? Est-ce une fatalité à laquelle il conviendrait de se résoudre ?

Oh, les causes, on les connaît depuis longtemps, depuis l’instauration d’un numerus clausus très strict pour, alors, limiter le nombre de médecin, ce qui aurait soit disant permis de maîtriser le volume des dépenses médicales. On sait de qui il en est retourné. Et puis, il y a l’attrait des centres urbains, la volonté des jeunes médecins de pouvoir avoir une "vie privée" et ne pas être seuls sur de vastes territoires à couvrir 24 heures sur 24 avec, pour tout repos, de gérer un volet administratif qui leur prend de plus en plus de temps… Alors, ici ou là, on développe une maison médicale, mais cela conduit plus à la concurrence entre les territoires…

Dans ce contexte, plus d’un s’est résigné. C’est ainsi que vont les choses… Ce n’est en tout cas pas l’attitude d’André Accary et du Conseil départemental qui sont bien déterminés à « tout tenter pour faire face à ce vaste problème qui tracasse les habitants et les élus », un problème qui n’en est sans doute qu’à ses débuts… « C’est déjà une préoccupation importante de la population dans de nombreux territoires de Saône-et-Loire, mais la tendance sera à l’aggravation et à la généralisation dans les années à venir », note le président du Conseil départemental pour qui, aujourd’hui, « les choses ne sont pas maîtrisées ».

Agir avec pragmatisme

« Notre ambition est de mettre sur la place publique un projet de Centre de santé départemental », met en avant André Accary. « A ce stade, il s’agit d’un rapport d’intention pour que tout le monde puisse s’emparer de ce débat ». D’où le dépôt d’un rapport d’intention ce jeudi 22 juin lors de l’assemblée départementale. « Notre objectif est d’aboutir à un rapport complet en septembre pour traiter rapidement ce dossier sur lequel nous travaillons depuis plusieurs mois ».

L’ambition est d’aboutir à une infrastructure qui donnera un certain confort aux praticiens, auxquels il sera proposé un contrat de travail pour intervenir dans les secteurs clairement ciblés. Ce Centre de santé départemental assurera également toutes les opérations administratives de ces derniers, lesquelles sont estimées à un ETP pour trois médecins.

« Nous recherchons à offrir le plus de souplesse possible, non pas en concurrençant mais en agissant en complémentarité. Et nous entendons être très pragmatique, en cas d’installation en libéral sur un secteur, nous retirerons le médecin du Centre de santé départemental », détaille le président du Conseil départemental qui a déjà consulté l’ensemble des partenaires incriminés sur le projet et recueilli leur accord sur les modalités de mises en œuvre : ARS, Ordre des médecins…

« Nous souhaitons le projet le plus simple possible à même de s’adapter à tous les cas de figure de chaque coins du département et notre ambition est claire : elle est d’éviter la déstabilisation de l’existant. Là où cela marche, nous n’avons rien à faire ».

Rassurer et attirer

« Les médecins sont à la recherche d’un environnement confortable », note André Accary qui souligne avoir observé et analysé tout ce qui se fait ailleurs, mais aussi ici, en Saône-et-Loire, avec le dispositif installerunmedecin.com, dispositif qui sera conservé, car « il n’y a pas une solution à la désertification médicale, mais des solutions. Et au regard des attentes, nous, les élus, nous avons le devoir de tout mettre en œuvre pour apporter une réponse à ce problème ».

À ce titre, « je pense qu’une collectivité importante peut être rassurante financièrement pour un médecin. Cela doit être en tout cas un atout majeur pour rassurer et attirer de nouveaux praticiens », poursuit-il, évoquant un besoin potentiel de trente médecins en ETP. « Seul, le médecin a une pression psychologique forte. Il y a même des agressions verbales parce qu’il ne peut pas prendre un patient tout de suite… Nous faisons le pari que notre dispositif sera à même de les rassurer et d’être suffisamment attractifs pour les avoir le plus vite possible », détaille André Accary qui évoque les zones médicales prioritaires. Selon lui, le dispositif peut être déficitaire les premières années, mais doit très vite s’équilibrer.

Et le président du Conseil départemental de rappeler sa détermination à tout essayer en la matière, car « derrière la désertification médicale, il y a la désertification des habitants tout court… ». De quoi inciter le Département à se lancer dans une expérimentation qui sera une première en France. La situation le mérite.