Politique agricole
La PAC 2020 sera « résiliente » pour les agriculteurs

Publié par Cédric Michelin
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« Résilience », le terme a été largement rebattu lors du Global Food Forum qui s’est déroulé jeudi dernier à Lans-en-Vercors en présence du commissaire européen Phil Hogan. Ce mot résume les priorités avancées par les acteurs de la prochaine PAC : droit à la concurrence, couverture des risques, rentabilité, développement rural.

La PAC 2020 sera « résiliente » pour les agriculteurs

Les agriculteurs sont venus avec des attentes, les élus avec des propositions et le Commissaire européen, avec des engagements. Les échanges ont été nourris le 22 juin à Lans-en-Vercors en Isère, lors de la tenue du Global Food Forum, cette conférence organisée par le think tank Farm Europe qui a pour ambition d’être force de proposition dans la construction de la PAC 2020. Les participants ont exploré toutes les pistes à la conquête « d’une agriculture dynamique au cœur des territoires ». Christiane Lambert, la présidente de la FNSEA, était au rendez-vous pour faire entendre les ambitions des agriculteurs pour la prochaine PAC. Le message est clair : « La PAC représente une grande chance pour l’agriculture ». Indemnités compensatoires, accompagnement rural, développement territorial, « les dispositifs pour construire des projets de territoire existent ». Ses ambitions pour la PAC 2020 sont une agriculture productive, compétitive, durable, résiliente et ancrée dans son territoire. Elle a insisté sur l’importance du volet économique de la PAC décliné dans le premier pilier. Cependant, pour être compétitive, l’agriculture doit savoir s’adapter aux nouveaux paradigmes qui tiennent à la volatilité des marchés et à l’imprévisibilité des prix. « Nous espérons qu’il y aura des outils de résilience dans la PAC », a-t-elle lancé, reprenant une expression chère au Commissaire européen Phil Hogan et à Farm Europe, qui désigne la capacité de l’agriculture à rebondir. Elle a fait valoir des outils assurantiels, des outils de contractualisation, des outils pour favoriser le stockage de l’eau et l’irrigation afin d’accompagner le changement climatique, mais aussi pour constituer une épargne de précaution. Christiane Lambert se montre très vigilante quant aux risques d’amputation du budget de la PAC, un budget convoité aujourd’hui au titre de l’aide aux migrants ou de la défense européenne. Le député européen, Michel Dantin, veut tenir compte des leçons du Brexit pour rebâtir « une Europe plus proche du citoyen » et « gommer le sentiment d’une Europe technocratique ». Pour Herbert Dorfmann, député européen italien, il faut « avoir le courage de revoir le premier pilier de la PAC du point de vue de la montagne ». Son souhait : que le système d’aides du 1er pilier ressemble davantage au deuxième « avec des indemnités compensatoires où un hectare correspond à un rendement ».

Travail coopératif

Le commissaire européen Phil Hogan a donné ses priorités pour la prochaine PAC. « Il existe des outils mais ils ne sont pas suffisants pour faire face aux perturbations du marché ». Il désire « rendre le secteur plus résilient » et « fortifier la structure ». Il n’a pas manqué d’égratigner au passage l’administration française en déclarant « que les États membres devraient investir dans leurs systèmes informatiques » afin de faciliter la récupération des fonds. Défenseur des paiements directs, il estime qu’ils jouent « un rôle déterminant » pour la compétitivité du secteur, notamment en facilitant « le recours aux outils de gestion des risques ». Sur la durabilité, Phil Hogan a donné les orientations des futurs programmes de développement ruraux, à travers le deuxième pilier de la PAC. Des aides pourraient servir à « améliorer la mise en pratique des connaissances par les agriculteurs et la coopération ». Enfin, sa troisième priorité est d’encourager le renouvellement des générations. Phil Hogan a également annoncé son espoir qu’aboutissent les propositions d’actions de la Commission européenne concernant les mesures de lutte contre les pratiques commerciales déloyales (PCD) et l’amélioration de la transparence des marchés qui sont une très forte demande de la profession.