Volailles
Des insectes au menu

La filière "Insectes" française est en pleine construction. Les marchés porteurs restent l’alimentation animale, en particulier, pour l’élevage de poulets et de porcs…
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« On travaille beaucoup pour la filière poisson », détaille Antoine Hubert, un des fondateurs de la start-up Ynsect dans une petite salle de réunion de la société à Evry. L’entreprise fondée en 2013 entend apporter sa pierre à la construction d’un modèle agricole et alimentaire durable. Le marché de l’alimentation du poisson est le plus porteur. Néanmoins, « nous travaillons avec d’autres industriels et des grandes coopératives agricoles », explique-t-il sans citer de nom. Il s’agit plus précisément de travaux et d’essais sur les farines d’insectes pour nourrir les porcs et les volailles.
Samir Mezdour, lui, est coordinateur de l’Agence nationale de la recherche pour le projet Desirable à AgroParisTech. En France, ils sont une dizaine en partenariat à travailler sur la filière Insectes depuis janvier 2013 : CNRS, AgroParisTech, Inra… à travers le projet Desirable. Ce dernier propose de concevoir une bio-raffinerie d’insectes.
« Nous travaillons avec deux insectes sur deux filières », développe Samir Mezdour. Il s’agit du ver de farine et de la mouche-soldat. Cette farine est analysée, testée pour nourrir les poissons et les poulets d’élevage, notamment en partenariat avec des coopératives agricoles.
À Mirecourt dans les Vosges, Michel Lessire, chercheur à l’Institut national de la recherche agronomique (Inra), va travailler avec une dizaine de collègues sur la farine d’insectes comme source protéique pour les poulets d’élevage. « On va recevoir les échantillons de farine très prochainement », souligne-t-il.

Encore sur les paillasses


Les farines d’insectes sont riches en protéines et pourraient se poser en alternatives aux protéines végétales. « Mais nous ne sommes pas vraiment en concurrence avec les protéines de soja par exemple. Car le différentiel de coût est pour l’heure très grand », met en avant Antoine Hubert.
De fait, si innovante soit-elle, la filière Insecte n’en reste pas moins coûteuse. « La farine d’insectes enrichie est plus chère que la farine de poisson ou la farine de soja », affirme Samir Azdour qui estime à 1 € le kilo de farine de soja contre environ 100 € le kilo de farine d’insectes.
Réduire les coûts est un des objectifs majeurs des travaux actuels. « En produisant à grande échelle, cela coûterait moins cher », soutient Antoine Hubert. Pour l’heure, il n’existe pas, à la connaissance de Samir Azdour, de "ferme" d’élevage d’insectes de grande taille pour produire de la farine ni en France, ni ailleurs dans le monde. « Nous sommes à l’échelle du laboratoire », poursuit-il. Mais d’ici un an et demi, les équipes de recherche devraient abandonner les paillasses, « pour faire des tests grandeur nature ». A suivre, donc.