Frelon asiatique
Il est en Saône-et-Loire

Des frelons asiatiques ont attaqué un rucher fin septembre à La Motte-Saint-Jean à l’ouest de Digoin, et un nid y a été découvert début novembre. Des individus sexués ont été observés à Chagny. Bref, le frelon asiatique est officiellement arrivé en Saône-et-Loire…
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Tôt ou tard, on attendait l’annonce de l’arrivée officielle du frelon asiatique (Vespa velutina) dans le département. Des alertes avaient été lancées il y a deux ans, notamment en Bresse, alertes non confirmées par la suite. Reste que sa présence en Côte-d’Or est avérée depuis plusieurs années, ainsi que plus récemment dans l’Allier, puis la Nièvre.
Mais cette fois-ci est malheureusement la bonne. L’espèce invasive colonise de nouveaux territoires chaque année avec une progression proche des 100 kilomètres chaque année depuis son apparition dans le Sud-Ouest en 2004. Bref, la Saône-et-Loire devrait bien être un nouveau département en cours de colonisation… En effet, un nid a été découvert début novembre à l’ouest de Digoin, sur la commune de La Motte-Saint-Jean, où des frelons asiatiques avaient attaqués, fin septembre, un rucher.

Vigilance…


Par ailleurs, selon le site http://frelonasiatique.mnhn.fr, site de référence sur le sujet, des individus - probablement sexués - ont également été observés à Chagny, au sud de Beaune.
Si ce sont bien des sexués, n’étant pas inféodés à un nid, ils peuvent de fait parcourir plusieurs dizaines de kilomètres par jour et n’informent pas sur les capacités de l’espèce à fonder des colonies viables à proximité de l’observation. Plus de 95 % de ces individus vont en effet mourir naturellement, il est donc inutile de les détruire.
Si ces individus s’avéraient être des ouvrières, alors cela signifierait qu’un nid doit être présent dans un rayon de 3 km environ. Toutefois, les colonies sont en fin de cycle de vie et les nids ne seront jamais réutilisés ; il est donc inutile de le détruire.
« Si vous êtes apiculteurs, soyez vigilant en fin de printemps, il est possible que des frelons attaquent vos ruches », rappelle le site, qui invite à placer des pièges si besoin. « Pensez également à consulter nos recommandations de lutte. Aidez-nous à détecter ces nids et à améliorer notre inventaire en diffusant notre fiche d’identification et notre formulaire de signalement. Informez-en également votre mairie ou les apiculteurs de votre voisinage ».
Selon Quentin Rome, spécialiste du frelon asiatique au Museum national d'Histoire naturelle, « concernant les fondatrices, la majorité de celles qui sont observées, sur des liquides sucrés, sont des individus qui se promènent. Rien ne dit qu'elles vont s'installer là, mais rien ne dit non plus qu'elles ne vont pas le faire. En voir en un lieu invite uniquement à la vigilance, mais ne prouve pas qu'il y en aura l'année suivante. S'il y a beaucoup de passage, il y a forcément plus de risques que certaines réussissent à fonder une colonie à cet endroit. Dans tous les cas, la mortalité est telle, que quasiment toutes celles qui sont observées en hiver ou au début du printemps auront disparu naturellement avant l'été. Beaucoup de scientifiques travaillant sur les guêpes et les frelons ont essayé d'en marquer en hiver pour étudier leur dispersion, et jamais aucune de ses femelles n'a été retrouvée au printemps... »
Pour en savoir plus : Quentin Rome, Museum national d'Histoire naturelle, Entomologie CP 50, 45 rue Buffon, 75005 Paris ; courriel : vespa@mnhn.fr ; site internet : http://frelonasiatique.mnhn.fr



Depuis son introduction accidentelle en France, le frelon asiatique est parti à la conquête de l’Europe. Il représente un danger réel pour les humains du fait de ses piqûres, mais aussi pour les apiculteurs au regard des importants dégâts occasionnés sur les ruches. Vespa velutina présente un danger certain pour la biodiversité en tant que prédateur généraliste.




Sur le déclin ?


Dans le même temps, le frelon asiatique part à la conquête de toujours plus de nouveaux territoires et il serait, selon des chercheurs de l'université de Tours, sur le déclin en Europe en raison de sa faible diversité génétique…
« Un phénomène de dépression de consanguinité » serait à l'origine du déclin de l'espèce en France. Ainsi, les colonies compteraient trop de mâles et pas assez d'ouvrières. D'après les scientifiques, ce phénomène résulterait de « l'introduction initiale d'un faible nombre de reines en France », voire même un seul individu, lors de l'arrivée accidentelle de l'espèce sur le continent européen vers 2004. Ils sont arrivés à cette conclusion en analysant plusieurs colonies de frelons collectées tout le long de l'année entre 2012 et 2014.
« Comme pour les colonies de guêpes et de frelons européens, celles du frelon asiatique passent par deux stades au cours de l'année : du printemps à la mi-août, des ouvrières sont produites et agrandissent le nid, puis de fin août à décembre des reproducteurs apparaissent (mâles et futures reines) », expliquent les chercheurs, qui ont observé que « 68 % des colonies analysées produisaient des mâles lors de la première période, alors que seules des ouvrières devraient être présentes ». Or, « comme les mâles ne participent pas aux activités au sein des colonies, cette production de mâles précoces à la place d'ouvrières pourrait ralentir la croissance des colonies et à terme limiter l'expansion de cette espèce invasive », estiment les chercheurs.
En attendant, il est arrivé en Saône-et-Loire et il faudra faire avec et les apiculteurs vont rapidement en mesurer les effets concrets…