Ferme de Jalogny
Résolument tournée vers l’avenir

Les préoccupations économiques, sociales et environnementales motivent les travaux conduits sur le site de Jalogny. Au cœur du berceau de race de la race charolaise, la ferme expérimentale accompagne au mieux les éleveurs pour les aider à relever les défis de demain.
131303--DSC_0119.JPG
En 1968, lorsque la Chambre d’agriculture de Saône-et-Loire achetait le site de Jalogny, elle entendait doter l’agriculture d’un lieu où seront conduit des expérimentations en élevage allaitant charolais, mais aussi un lieu qui permette la vulgarisation à destination des éleveurs, le tout autour de la mission impérieuse de produire davantage pour assurer la performance technico-économiques des élevages.
Quelques cinquante ans plus tard et avec seulement quatre autres sites spécialisés sur les cheptels de race à viande (situés pour la plupart dans le grand Ouest), la ferme expérimentale de Jalogny est la seule unité située au sein du Bassin allaitant, qui plus est au sein du berceau de la race charolaise, première race allaitante.

En lien étroit avec l’Institut


Aujourd’hui, de nombreux travaux de recherche appliquée - des expérimentations - sont conduits en lien étroit avec l’Institut de l’Elevage. C’est ainsi qu’à côté de l’équipe en charge de Jalogny (quatre agents d’élevage, deux apprentis, un responsable d’exploitation : Julien Renon), la ferme bénéficie de l’appui d’un ingénieur Réseau de la chambre, Thierry Lahémade, et d’un mi-temps d’un ingénieur de l’Institut de l’Elevage, Jean-Pierre Farrié.
Trois troupeaux distincts sont conduits, dans trois systèmes différents, à côté de la station d’évaluation des reproducteurs (voir encadré ci-dessous) :
- un troupeau de 50 charolaises en vêlage d’automne, dont les génisses sont inséminées et les vaches en monte naturelle (avec apport du taureau lorsque les chaleurs sont détectées) ;
- un troupeau de 50 autres charolaises conduites dans un système plus "traditionnel" avec vêlage de printemps ;
- un troupeau hors système.

De la recherche appliquée


« Le but est de suivre les systèmes, les choix économiques pour disposer de références et pouvoir les présenter aux éleveurs en matière d’alimentation, d’utilisation d’intrants, d’organisation du travail notamment », détaille Michel Duprés, responsable du service Elevage de la chambre d’Agriculture, avant de préciser que les pratiques nutritionnelles économes sont testées dans le souci de valoriser les fourrages et l’herbe produits sur l’exploitation. « Nous cherchons à allier performances technico-économiques et engagement agro-écologique ». A ce titre, le site s’est inscrit dans sa démarche du Plan protéines de la région Bourgogne.
« Nos travaux sont intermédiaires entre la recherche pure et l’application dans les élevages. Nous avons un rôle primordial dans le transfert de technologies et des connaissances pour que les innovations et les adaptations testées à Jalogny soient partagées et mises en œuvre concrètement par les exploitants qui le souhaitent ».

Du concret


« Ce rôle de transfert de technologies et de connaissances vise à rendre accessible très concrètement et pratiquement à tous les éleveurs allaitants les innovations, les adaptations que nous testons et validons », poursuit Michel Duprés.
Et s’il est impossible de passer en revue de manière exhaustive la totalité des programmes conduits à Jalogny, la Chambre d’Agriculture de Saône-et-Loire met en avant les résultats récents des essais SALENPRO pour Système allaitant, environnement et production, ou CASDAR MAGES, récemment présentés à la journée Grand Angle Viande ainsi que lors du séminaire dédié à Clermont-Ferrand.
Les travaux sont multiples et les résultats tous très concrets. Ils concernent les essais d’engraissement des jeunes bovins, l’expérimentation sur les rations totales mélangées, le rajeunissement des jeunes bovins et des génisses finies à 18 mois, la finition des vaches de réforme à l’auge à base d’enrubannage et d’herbe, le libre-service et la simplification de la distribution de l’alimentation hivernale, le pâturage hivernal et les parcs stabilisés (Salinov), la complémentation des veaux d’automne, la comparaison et les facteurs de réussite des systèmes d’élevage en vêlage automne et vêlage printemps… et bien d’autres thèmes encore, tous concrets et qui offrent, pour reprendre l’expression de Michel Duprés, des « solutions opérationnelles efficaces ».



Les travaux en cours


Le site de Jalogny prévoit la modernisation de la ferme expérimentale pour poursuivre des travaux de recherche mobilisant davantage de mesures, par exemple le lien entre la connaissance du génome et l’efficacité alimentaire.
La station d’évaluation de reproducteurs sélectionne et vend aux enchères, chaque année en février, de futurs taureaux à très bon potentiel génétique pour améliorer les qualités de la race charolaise. Ainsi, le 7 octobre dernier, le GIE Synergie Charolais a accueilli 86 veaux issus de 65 exploitations. Après une phase d’adaptation, depuis le 10 novembre, les veaux sont en phase de contrôle pendant 84 jours. Une porte-ouverte aura lieu le samedi 13 février 2016 et la vente se déroulera le vendredi 19 février 2016 sous les halles de Charolles.
Plus de renseignements sur le site : www.stationevaluation71.com
Une nouvelle activité de reproduction équine a vu le jour en 2015 avec l’arrivée de Tiger Groom (pur-sang anglais) en copropriété d’éleveurs du Clunisois, qui ont souhaité développer une activité de reproduction équine locale après le retrait des haras de Cluny.
Une nouvelle production de volaille de chair Label rouge de Bourgogne verra le jour pour permettre aux futurs éleveurs en formation d’envisager des modèles d’exploitation diversifiée. La production d’énergies renouvelables fait partie des composantes du projet (photovoltaïque, méthanisation…), comme en témoigne déjà la première stabulation construite en 2015 pour loger 48 vaches allaitantes et leur veau.
Enfin, l’ouverture du site à la société passe par différentes actions :
- ouverture d’un drive fermier et la mise en place d’une plateforme logistique pour approvisionner les cantines scolaires en produits fermiers locaux ;
- un de rucher école animée par le syndicat apicole départemental pour la deuxième année (12 ruches, 10 demi-journées de formation avec 50 stagiaires de tous horizons) ;
- l’accueil tout au long de l’année de visites de scolaires, agricoles et non agricoles, ainsi que de manifestations en direction de la société civile comme "Made in Viande" ou "La Vache Verte"…
Globalement l’infrastructure du site sera réaménagée d’ici 2018 pour moderniser le site et installer les nouvelles composantes du projet. Le bâtiment d’accueil connaîtra d’importants travaux pour accueillir les espaces du drive fermier, de la plateforme logistique, du rucher école en repensant la disposition des salles de réunion et de réception. Un nouvel espace d’exposition aura pour objectif de faire connaître au public les services rendus par l’agriculture à la société.
Plus d’infos sur le site internet : www.ferme-de-jalogny.fr
[/texte_encadre]


Porte ouverte le 28 avril


Initialement le 24 septembre dernier, la porte ouverte prévue de la ferme expérimentale de Jalogny a été reportée au jeudi 28 avril 2016. Elle sera délocalisée pour cause de travaux et le lieu du rendez-vous sera précisé ultérieurement. L'organisation s'articulera autour d’une conférence plénière en salle le matin et des ateliers techniques l'après-midi dans une exploitation du département.
La thématique retenue cette année est celle des pratiques alimentaires innovantes pour alourdir et engraisser. Sujet d’actualité s’il en est que ces itinéraires d'engraissement économes…



SALENPRO
Kézaco ?


Maîtriser les impacts environnementaux en élevage bovin viande implique d’agir sur la conduite des troupeaux, les stratégies fourragères et d’alimentation, les surfaces disponibles et la nature de leurs couverts. Les leviers permettant de dégager des marges de progrès accessibles diffèrent selon les contextes de production.
Les résultats du projet Salenpro ont été présentés le 4 novembre dernier à l'Inra de Theix. Cette journée a fait le point sur les performances de production et environnementales des élevages bovin viande qui sont un véritable enjeu pour les éleveurs et la filière, notamment :
Via une approche thématique

• les consommations d’intrants selon les stratégies fourragères et les types de production : résultats des fermes des réseaux d’élevage ;
• l'incidence du parcellaire sur les consommations de carburant : résultats des mesures expérimentales et des observations en fermes ;
• le stockage de carbone dans les prairies permanentes de Jalogny : une approche par simulation ;
Via une approche systémique
• les performances de productions et environnementales des exploitations bovin viande du bassin charolais ;
• compromis production-environnement de deux systèmes naisseurs : résultats de l’essai système vêlages d’automne comparé au système vêlages de printemps sur la ferme expérimentale de Jalogny.
Et d'émettre les bases de raisonnement de la construction des compromis "production environnement" et les niveaux de compromis acceptables et accessibles selon les contextes de production.