Tendance commerciale semaine 2
Les marchés à la loupe

Chaque semaine, pour comprendre et prendre les bonnes décisions, retrouvez l'analyse des marchés animaux, les tendances de la semaine et une analyse pointue des différents marchés animaux. Le rendez-vous à ne pas manquer.
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Bovins de boucherie
Le repli traditionnel de la demande sur la seconde moitié de janvier n’est pas une surprise. Le budget des ménages est plus compliqué à boucler après les dépenses de fin d’année, le début des soldes et les promotions de viande de porc. D’autant que ces promotions se font sur des bases ridiculement basses, à tel point que le consommateur ne se rend plus compte de la valeur réelle des choses et du travail qui a été accompli pour le produire ! Face au recul des commandes, les industriels réduisent la voilure, notamment dans les réformes allaitantes d’entrée de gamme. Cette situation ne fait qu’aggraver la tension déjà très vive dans les campagnes et demeure très inquiétante pour l’avenir de la production. La tentative d’accord pour obtenir des cours plus rémunérateurs de l’été dernier a été attaquée par la Commission européenne suite à une plainte de l’Allemagne pour "entente illicite" sur les prix. On marche sur la tête ! Et cela d’autant plus que depuis septembre dernier, les tarifs n’ont cessé de baisser, ce qui révolte un peu plus les éleveurs, qu’ils soient de viande, de lait ou de viande porcine.
Sur les marchés, l’offre est plus garnie et couvre aisément la demande. Le commerce est très calme avec des tarifs qui se maintiennent pour les femelles de qualité bouchère. En revanche, les transactions sont tendues dans le domaine des charolaises et des allaitantes de choix secondaire qui pâtissent de la faiblesse du prix des avants (environ 0,10 € au-dessus des laitières). L’équilibre carcasse est difficile à trouver face à des ventes qui restent orientées vers du catégoriel ou des produits basiques. Le constat est alarmant pour le cheptel allaitant de milieu de gamme (type R). Quel modèle doit-on mettre en place pour préserver notre troupeau allaitant et pour que les éleveurs puissent enfin en vivre décemment alors que la bataille du "toujours moins cher" continue de faire des ravages dans les campagnes ? En réformes laitières, les sorties sont plus étoffées et couvrent aisément une demande qui tend à se replier. Les tarifs se maintiennent dans les vaches frisonnes ou montbéliardes viandées. Les animaux maigres et en manque de viande restent faiblement valorisés. En jeunes bovins, l’offre est suffisante pour les besoins des abattoirs avec une demande intérieure qui se tasse et un marché export peu dynamique. Le commerce est plus calme avec des tarifs qui peinent à se maintenir dans les charolais et les limousins.

Bovins d’embouche et d’élevage

Le commerce du maigre reste tendu face à la tension observée dans la viande. Les engraisseurs recherchent des jeunes vaches d’avenir ou de gabarit et proches de la finition, à sortir pour le printemps pour des tarifs en accord avec le prix actuel de la viande. La commercialisation est compliquée pour les vaches plus communes ou le bon maigre âgé de plus de 10 ans. Le bétail tout venant, âgé ou trop maigre reste difficile à négocier ou valorisé avec des tarifs très modestes.

Broutards
La situation reste bloquée du côté de l’Espagne où seuls les animaux vaccinés à plus de 60 jours peuvent être commercialisés. L’activité commerciale est hétérogène dans les mâles avec une valorisation, très variable en fonction du statut vaccinal (non vacciné ou vaccin plus 10, 35 ou plus de 60 jours). Les tarifs sont stables pour les produits à destination de l’Italie, mais les plus de 60 jours sont peu nombreux et bénéficient de plus-value pour de l’export sur l’Allemagne ou les pays qui non pas d’accord FCO avec la France. Dans les femelles, si la situation reste difficile dans les petites à destination de l’Espagne, ces dernières sont moins présentes sur le marché et attendent de meilleurs jours. La vente est en revanche plus régulière dans la bonne marchandise de plus de 300kg à destination de l’Italie.
Le déblocage sanitaire avec le passage en zone d’inactivité vectorielle pour de nombreux départements laisse espérer la reprise prochaine des exportations dans les semaines à venir.

Veaux d’élevage et d’engraissement
Les intégrateurs restent dans une logique de réduction des mises en place pour les sorties de juin. La situation s’est avérée désastreuse cette semaine encore face à la fermeture des exportations vers l’Espagne, cette situation devrait cependant se réguler, car les exportations vers l’Espagne seront de nouveau possible à compter du 19 janvier avec PCR (14 jours après la déclaration de l’inactivité vectorielle le 5 janvier). Ce scénario est incompréhensible, car ces quelques jours de fermeture ont engendré une chute spectaculaire des prix. Cette baisse va profiter aux engraisseurs alors que les éleveurs sont, encore une fois, les plus pénalisés. Les tarifs ont été malmenés dans l’ensemble des catégories avec de nombreux veaux qui sont restés dans les fermes.

Ovins
Si la demande est peu soutenue dans le secteur aval (promotions sur le porc, période des soldes), les abatteurs sont confrontés à des disponibilités assez mesurées dans les bons agneaux. Les tarifs restent soutenus dans les laitons alors que les agneaux gris sont moins demandés. Le commerce des brebis reste fluide avec toujours des offres limitées (nous sommes en période de déclaration à l’Aide ovine) et des tarifs en progression.

Porcs
L’activité de la semaine est soutenue par la demande pour les promotions de janvier, mais également par les mises en place du stockage privé qui devrait participer au désengorgement d’un marché toujours très chargé. Le cours sur le Marché du porc breton de ce lundi attestait d’une légère hausse à 1,074 € du kilogramme, toujours largement en-deçà des coûts de production.



Export de veaux vers l'Espagne
La situation se débloque...


Dans le cadre de la surveillance des insectes vecteurs mise en place depuis le début de l’épidémie de FCO, il apparaît que la zone réglementée, à l’exception du département de l’Aude se trouve en situation d’inactivité vectorielle (période où les insectes vecteurs de la maladie ne sont pas actifs) depuis le 5 janvier 2016.
Depuis le 1er janvier 2016 les jeunes veaux des zones touchées par la FCO devaient être issus d’un cheptel vacciné pour pouvoir être expédiés vers l’Espagne.
Dans le cadre des négociations ininterrompues entre l’Espagne et la France, les autorités espagnoles ont accepté que les veaux ayant fait l’objet, 14 jours après le début de la période d'inactivité vectorielle, d’analyses démontrant qu’ils n’étaient pas touchés par la FCO (résultat d’analyse PCR négatif) puissent entrer sur leur territoire.
Il était grand temps que la situation évolue, car la tension était de plus en plus manifeste sur le terrain, avec des actions conduites par les éleveurs laitiers en Savoie ou dans l'Ain ou par les négociants à Bourg-en-Bresse il y a quinze jours... Grand temps, mais du dégât a d'ores et déjà été fait.