Culture de l'herbe
Pour viser l’autonomie

Le 13 avril, Bourgogne du Sud présentait à ses adhérents ses essais de fertilisation de prairies dans le Clunisois. L’occasion de rappeler quelques points clés d’une bonne culture de l’herbe. Le premier levier des exploitations d’élevage pour tendre vers l’autonomie alimentaire et optimiser les charges.
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Le 13 avril , Bourgogne du Sud organisait une visite d’essais de fertilisation de prairie à Lournand au nord de Cluny. Réalisés chaque année sur l’exploitation d’un des adhérents de la coopérative, ces essais s’inscrivent dans une préoccupation de recherche d’autonomie en élevage et de maîtrise des charges. La première étape étant l’autonomie fourragère, qui revient à « récolter des volumes suffisants pour le nombre d’UGB avec des bonnes valeurs alimentaires de fourrage. Sachant que tout ce qu’on est capable de produire est quand même moins onéreux », introduisait Thierry Maronnat, technicien à la coopérative. « Faire produire de l’herbe est ce qui coûte le moins cher. La pousse a lieu dans un temps très court ; il faut l’optimiser, dans une optique de coût alimentaire », renchérissait Hervé Paquin, responsable de secteur.

Prairie permanente


Les essais de cette année sont menés dans une prairie permanente de l’EARL Emorine. Il s’agit d’une parcelle en bon état, avec du trèfle. Une prairie habituellement fauchée tôt en enrubannage, puis pâturée tardivement par des laitonnes et donnant une seconde fauche entre-temps selon la pousse. Cette parcelle reçoit du fumier décomposé tous les automnes. L’essai réalisé par les techniciens de Bourgogne du Sud compare, sur des micro-parcelles, huit modalités d’engrais différentes : « témoin, ammo, urée soufrée, Entec 24-8-7, Entec 26 S, Basamon 26 S, Soleflor, Bactériosol ».
« Très importante, la date d’épandage a été choisie suivant la méthode des sommes de températures », confie Thierry Maronnat. Dans ce secteur, les 200 degrés ont été atteints cette année dès le 8-9 février. L’épandage a toutefois été retardé au 23 février (292 degrés) en raison de la météo défavorable. Le protocole d’essai prévoit d’aller jusqu’à la récolte du fourrage qui sera pesé et analysé pour chacune des micro-parcelles.

Stade de récolte déterminant


Cette visite fut l’occasion de rappeler les points clés de la récolte de fourrages avec en point de mire l’autonomie fourragère. Outre la fertilisation, les responsables du service Elevage de la coop ont rappelé l’intérêt des légumineuses dans les mélanges prairiaux. Les techniciens ont aussi insisté sur l’importance du stade de récolte qui expliquerait en grande partie la disparité des valeurs alimentaires des fourrages constatée dans les analyses. « L’objectif est de chercher le bon équilibre entre quantité et qualité, sachant que la valeur alimentaire n’attend pas ! », mettait en garde Roland Guillaume. « Dans une exploitation d’élevage, l’herbe doit être prioritaire sur les autres chantiers ».
Pour soutenir son propos, le technicien indiquait, par exemple, qu’un ray-grass perd très vite en valeur alimentaire. Ainsi quand en retardant la date de récolte « on pense gagner 20 % de fourrage en plus, on ne gagne en fait que 3 ou 4 % d’énergie ! Ce qui sera énorme dans la ration ! », indiquait-il. Dans le même ordre d’idée, à l’échelle d’un troupeau entier, « la différence entre un bon et un mauvais ensilage d’herbe peut se chiffrer à 11 tonnes d’orge et 10 tonnes de tourteau pour l’année ! », calculait Roland Guillaume. « Sans oublier qu’une récolte précoce rend possible une éventuelle seconde coupe ».

Confection des silos


L’autre volet sur lequel se sont attardés les techniciens concerne la conservation des fourrages. « C’est le nerf de la guerre », résumait Roland Guillaume. Le tassement des silos demeure une étape cruciale. Il ne doit pas être fait à la légère ! « Un tiers seulement des silos seraient à la bonne densité », citait l’un des intervenants. Ce bon tassement est pourtant à la base d’une bonne conservation du fourrage. A la confection du silo, la marchandise doit être propre : il faut bâcher les murs et utiliser des bâches dites "vierges". « Nous recommandons le système bavarois qui consiste en une sous couche + une bâche noire. Il existe aussi des produits de type "Combifilm" deux en un. L’objectif, c’est que le bâchage constitue une véritable barrière à oxygène », résumait Roland Guillaume.
Sur le sujet, Alexandre Argaud de la société Lallemand Animal Nutrition a expliqué que dans la mise en œuvre de la conservation d’un ensilage, l’enjeu primordial était de limiter les pertes. En effet, le fourrage a tendance à perdre de sa valeur dès qu’on le fauche et c’est contre ce phénomène naturel qu’il faut lutter. Au silo, ces pertes - qui peuvent aller jusqu’à 20 % - reposent essentiellement sur des réactions chimiques dues à des bactéries. L’enjeu de la confection du silo est de faire en sorte que les conditions à l’intérieur du fourrage soient défavorables à ces mauvaises bactéries sources de pertes.

L’intérêt d’un conservateur


Outre la qualité de réalisation du silo, l’intervenant recommandait aussi l’incorporation d’un conservateur pour les ensilages d’herbe comme pour les enrubannages. Ces produits sont en général appliqués à la récolte, directement sur l’ensileuse ou l’autochargeuse, grâce à une pompe spécifique. Selon le représentant de la société Lallemand, le coût du conservateur induirait un retour sur investissement de plus du double. Sans oublier les bénéfices en termes d’appétence, de digestibilité…
Autant de précautions qui au final convergent vers des rations plus équilibrées, ce qui veut dire des vaches en état et un meilleur lait pour des veaux réalisant de meilleurs croissances, synthétisaient les techniciens. Dans cette quête de l’autonomie, « les analyses de fourrages sont obligatoires », concluait Roland Guillaume. Analyses que la coopérative réalise dans son laboratoire de Verdun-sur-le-Doubs.