Elevage bovin de Saône-et-Loire
Du dialogue à la cohésion ?

Les trois réunions organisées à Saint-Désert, à Autun et à Charolles ont été l’occasion pour les éleveurs présents de "vider leur sac" et d’exprimer sans faux semblants leurs ressentis. Retour sur des moments forts. Du dialogue à la cohésion grâce au débat ?
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Dans un contexte économique très difficile pour l'élevage, les responsables professionnels de la FDSEA, des JA, du GDS et de la chambre d'Agriculture sont allés, ensemble, à la rencontre des éleveurs allaitants du département. Il est vrai que les sources d’inquiétudes ne manquent pas. Les ébauches de réponse conjoncturelles - Fac, sécheresse, Année blanche, FMSE, FCO… - sur la stratégie de reconquête des prix - races allaitantes, positionnement de la charolaise dans le cœur de gamme, export… -, les leviers d’amélioration du revenu au travers de l’efficacité collective, de l’offre de formation individuelle ou collective, donnent un véritable intérêt et justifient pleinement de tels échanges.

La force collective


Au cours des trois réunions et malgré une participation limitée, les échanges ont été francs, riches, constructifs et surtout représentatifs des attentes, du désarroi ressentis par les éleveurs face à cette crise profonde et inédite en raison de sa durée et de la superposition d’une dégradation économique structurelle, d’aléas climatiques et d’une crise sanitaire avec de forts impacts commerciaux.
Les réponses obtenues en 2015 - même si elles ne sont jamais suffisantes - l'ont été grâce à l’organisation, la cohésion et la mobilisation collective des OPA départementales. Mais comment faire face à des politiques gouvernementales qui relèvent le plus souvent de l’approximation et de l’amateurisme, sans vision d'avenir pour l’agriculture ?
Dans le contexte d’une Politique agricole commune (Pac) illisible, qui n’assure pas la stabilité des marchés, la force collective locale reste un atout, une arme de défense qu’il faut préserver. La tentation de l’individualisme est forte et poussée par l’évolution de la concurrence des différentes offre de service, mais vouée à l’échec.

Créer de la valeur !


En matière de reconquête et de construction des prix, la stratégie élaborée par la FNB - et portée par la section bovine de la FDSEA - vise à segmenter le marché pour se rapproprier la création de valeur. Il s'agit de mettre en avant un "cœur de gamme", en piécé, dans les linéaires des GMS, par une charte pour définir un socle de qualité. Le travail d’amélioration du positionnement des viandes françaises, voire locales, en restauration hors domicile, par une promotion auprès des élus et des collectivités territoriales, la généralisation du logo "Viande de France" sur l'ensemble des produits doivent devenir la règle.
Au-delà de l'indication de l'origine de la viande, ce logo porte également des valeurs telles que l'assurance d'une qualité sanitaire, du bien-être animal...

Du collectif…


La vocation exportatrice de la France en matière de bétail vif comme de viandes est stratégique. Elle peut être confortée et développée si l’ensemble des acteurs de la filière s’en donne les moyens.
En effet, de nombreux marchés sont à nos portes. Confortés, ils pourront apporter la tension sur les marchés qui permettra de restaurer durablement les prix payés aux producteurs. Il est essentiel de se positionner sur les marchés des pays tiers, où de véritables possibilités de développement existent, au vu de la croissance des besoins de consommation et de l’image de l’élevage français. Pour autant, ce sont des marchés exigeants, notamment en matière sanitaire, et il faudra instaurer la confiance de nos clients, sachant que les relations entre les autorités sanitaires sont dépendantes des relations diplomatiques complexes (Russie, Turquie…), lesquelles prennent souvent le pas sur les aspects techniques et rationnels.

A l’individuel !


Quant au volet individuel, il se joue toujours sur chaque exploitation. Or, dans un monde où les repères bougent sans cesse, il est plus que jamais nécessaire de connaître les points forts et les fondamentaux de sa propre exploitation.
L'analyse de la cohérence de son système d'élevage est en effet à même de générer de la performance. C’est un travail personnel à conduire régulièrement. L’élevage à l’herbe a des atouts, des infrastructures, une densité d'élevage, des compétences, un savoir-faire, des opérateurs et acteurs professionnels... Chacun doit comprendre que pour en tirer le meilleur parti, il convient de fédérer les énergies et de jouer collectif.



Faire face aux aléas


Lors de ces rencontres, il a aussi été question des aléas climatiques et de leur gestion. La gestion des aléas climatiques, sanitaires et autres doit en effet être repensée en profondeur. 2015 est l’exemple d’une année qui a conjugué tous les risques : inondations printanières, sécheresse estivale, crise sanitaire, baisse des cours...
Sans une refonte rapide du système de protection des exploitations, il est évident que l’élevage de Saône-et-Loire passera à côté de quelque chose d’essentiel pour la pérennité des exploitations. Un sujet qui a largement été abordé lors de la dernière assemblée générale de la FDSEA à Sanvignes-les-Mines.








Ces trois rencontres ont permis à chacun d’exprimer son point de vue, de comprendre les échéances qui se dessinent et surtout de dialoguer. Rencontrer ses collègues, échanger avec les responsables du syndicaux, du GDS et de la chambre donne à chacun un éclairage différent tant sur la conjoncture que sur sa propre situation…