Gaec Star 2000 à Issy-l’Evêque
Une affaire de famille !

L’automne dernier au Sommet de l’élevage, le Gaec Star 2000 recevait un sabot d’or récompensant la meilleure progression génétique de la race charolaise. Portrait d’une exploitation hors norme qui a su évoluer sans pour autant perdre son ancrage familial.
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Entre Issy-l’Evêque et Marly-sous-Issy, le Gaec Star 2000 couvre aujourd’hui 616 hectares exploités par cinq associés. Ensemble, ils sont à la tête d’un cheptel charolais de près de 450 vaches inscrites. Une exploitation hors norme qui est pourtant restée très familiale dans l’esprit. C’est en 1981 que la famille Perraudin fonde le Gaec Star 2000. A l’époque, ils étaient deux associés : Paul et son fils Jean-Luc. Ces derniers ont très vite été rejoints par Daniel et Joël dès la fin de la même année. Puis Philippe s’est associé à ses frères en 1988. En 2002, Nicolas, un premier neveu, fils de Jean-Luc, intégrait le Gaec. Son frère Guillaume devint d’abord salarié de l’entreprise en 2006 avant de prendre part au capital en 2012.

Esprit de famille


Là où d’autres groupements d’associés peinent à dissimuler les tensions internes, au Gaec Star 2000, on est tout de suite saisi par l’osmose familiale qui y règne. L’esprit famille, les cinq membres de la maison Perraudin le revendiquent. Chez eux, toutes les décisions sont prises à l’unanimité. Chacun préférant la force du collectif à la vulnérabilité de l’individualisme. Tous les midis, les cinq associés se retrouvent à déjeuner chez les grands-parents, Paul et son épouse. C’est là - en présence des trois générations d’éleveurs - que se discutent les décisions. Et le reste de la journée, Daniel, Joël, Philippe, Nicolas et Guillaume se téléphonent beaucoup. Du fait de la taille et l’éclatement de l’exploitation, le Gaec Star 2000 cultive la communication.
Cette solidarité familiale, indissociable du développement remarquable de cette exploitation charolaise est animée par le souvenir très présent de Jean-Luc, fondateur charismatique du Gaec, emporté par la maladie en 2007. Un souvenir qui planait sur le podium du Sommet de l’élevage en octobre dernier, au moment où la famille Perraudin recevait, émue, le Sabot d’Or récompensant le meilleur élevage charolais au classement Bovins croissance.

Vingt ans de contrôle de performances


Conçu pour mettre à l’honneur les élevages qui progressent le mieux dans le domaine de la génétique, ce trophée tombe particulièrement bien au Gaec Star 2000. Cela fait seulement vingt ans que le cheptel est suivi par le contrôle de performances ! Dès lors, les frères Perraudin se sont mis « à remonter les lignées » pour faire inscrire leurs animaux. L’effort de sélection ne date cependant pas d’hier. Paul, le grand-père de Nicolas et Guillaume, soignait déjà ses accouplements et il inséminait déjà une partie de ses vaches. Aujourd’hui, 47 % des femelles sont inséminées. Les semences de taureaux testés ont amélioré les qualités maternelles du troupeau ainsi que les facilités de naissance. Le Gaec utilise des taureaux à vêlage facile tels qu’Artois, Unibloc, Utopique… Pour les qualités maternelles, c’est Voimo, Populair… L’élevage est également utilisateur de taureaux de l’association Charolais évaluation 71, dont il est adhérent. Des vaches sont ainsi accouplées avec Cristal, Donjuan, Bobino qui a donné beaucoup de filles dans le troupeau. Le Gaec achète également des taureaux de monte naturelle. Pour ces achats, les Perraudin sont très attentifs aux qualités maternelles des ascendants. Avec un index IVMat moyen de 102,8 et un ISevr de 105,7, on devine que le Gaec prend en compte les index dans ses choix. « On évite d’être inférieur à 100 », confirment les intéressés.

Maitrise technique


Sa première place au classement national des Sabots Bovins Croissance, le Gaec Star 2000 la doit à une excellente maîtrise technique de son troupeau. Prouesse d’autant plus remarquable que ce dernier compte pas moins de 450 vaches ! La reproduction est maîtrisée. En témoigne le taux de prolificité de l’élevage de 103 %. A cela s’ajoute des conditions de vêlages optimales : durée totale de 4 mois ; 95 % de vêlages sans aide et seulement 5 % de césariennes. Avec un IVV moyen de 384 jours, l’élevage se situe dans la moyenne de la race. Autre secret de la progression génétique du troupeau, le renouvellement dont le taux de 22 % (120 femelles gardées) permet au Gaec de réformer sans concession. A noter que les femelles sont toutes échographiées en août - septembre. L’élevage n’engraissant quasiment aucune bête, les vaches vides quittent l’exploitation dès qu’elles sont diagnostiquées.
Le cheptel de la famille Perraudin se démarque également par de bonnes performances de croissance au sevrage des veaux. Une donnée qui traduit une bonne capacité des vaches à produire des veaux de qualité au sevrage, aptitude chiffrée par la bonne valeur d’IVMat vue plus haut.



Ventes
Du maigre et des reproducteurs


Dans un secteur où l’on a pour coutume d’être naisseur et de vendre maigre, le Gaec ne déroge pas à la règle en n’engraissant quasiment aucune bête. En 2013, l’élevage a commercialisé environ 400 animaux. La famille Perraudin a vendu 138 broutards pesant en moyenne 420 kg vif. Le Gaec a également commercialisé 45 reproducteurs ainsi que 11 taureaux de réformes. Côté femelles, 101 laitonnes et génisses âgées de 7 mois à 2 ans ont été vendues maigres. Le Gaec a également commercialisé 80 vaches de réforme (900 kg vif) ainsi que 14 reproductrices suitées.

Portes ouvertes et film…


Pour la vente des reproducteurs, le Gaec Star 2000 se concentre désormais sur sa porte ouverte qu’il organise fin septembre sur deux jours. En automne dernier, la famille Perraudin a reçu des visiteurs de la Creuse, de l’Indre, de Côte-d’Or, de l’Allier, de Vendée et même d’Allemagne en plus de sa clientèle locale. Depuis quelques temps, les membres du Gaec s’offrent les services de la société Simon Génétic qui leur prodigue des conseils. Un film a ainsi été réalisé pour promouvoir l’élevage sur leur site internet.





Grand troupeau
Organisation comme maître mot


Avec 450 vaches élevées sur plus de 600 hectares par cinq associés, l’organisation n’est pas un vain mot au Gaec Star 2000. Très éclatée avec des îlots distants jusqu’à 23 km, la structure repose sur deux sites de vêlages. Joël et Philippe s’occupent de celui dit "des Saccards" sur la commune Issy-l’Evêque, tandis que Daniel, Nicolas et Guillaume gèrent pour leur part le site du bourg de Marly-sous-Issy (280 vêlages). Ce dernier n’ayant pas d’associé logé sur place, il est équipé de caméras. Cette répartition des lots se retrouve à la belle saison où chacun surveille "ses" animaux et accompli "sa" tournée. Une précaution importante pour le suivi de la surveillance. Ce partage des tâches, des sites et des lots d’animaux n’empêche pas les cinq associés de communiquer les uns avec les autres en permanence par le biais du téléphone.
La taille de leur troupeau ne les empêche pas non plus de connaître toutes leurs vaches et les origines de chacune ! La passion de l’élevage étant le point commun dans la famille.
En hiver, les cinq associés « mobilisés » ne sortent plus des bâtiments. « On ne fait rien d’autre, week-end inclus ! », confient Nicolas et Guillaume. Au préalable, tous les travaux de clôture et de broyage ont été accomplis avant la rentrée des animaux. Pour la période d’hivernage, les Perraudin ne s’autorisent aucune impasse ni droit à l’erreur.

150 hectares de foin !


Pour l’alimentation de cet imposant troupeau, le Gaec récolte de l’ensilage d’herbe, du maïs fourrage, de l’enrubannage, des céréales et du foin. L’exploitation cultive 20 ha de maïs, 20 ha de céréales à paille et des prairies temporaires. La famille Perraudin sème du ray-grass hybride. Il est implanté en dérobée après une céréale à paille ou un maïs. La deuxième année de production, le ray-grass est moissonné et les graines réutilisées pour une nouvelle culture fourragère. Sur des terres essentiellement granitiques, séchantes à pousse précoce, l’objectif est de « sortir le maximum de marchandise des parcelles », confient les associés. Ces derniers fauchent près de 150 hectares de foin chaque année ! Pour un tel chantier, ils sont équipés en conséquence : un combiné de fauche d’une largeur totale de 6,20 m ; deux faneuses ; deux andaineurs ; deux presses… « Le Gaec consomme jusqu’à 35.000 litres de GNR par an et il faut cinq véhicules de service ! », indique l’un des associés. La configuration à deux sites d’hivernage impose de disposer de tout le matériel de distribution en double et les déplacements d’un site à l’autre et vers les parcelles ont un coût. L’exploitation achète par ailleurs 800 tonnes de paille chaque année.