Région Bourgogne Franche-Comté
« Une opportunité d’innovation »

5e vice-présidente dans l’assemblée franc-comtoise sortante, Sophie Fonquernie a été élue vice-présidente en charge de l’agriculture de la nouvelle région Bourgogne Franche-Comté. Entretien.
131416--Fonquernie_Sophie.jpg
Comment avez-vous vécu l’élection de Marie-Guite Dufay à la tête de la région Bourgogne Franche-Comté ?
Sophie Fonquernie : je suis soulagée de voir Marie-Guite Dufay reprendre la présidence de la région Bourgogne Franche-Comté. C’est pour moi l’assurance de travailler avec de la démocratie, une écoute de tous, des orientations et de la rigueur dans la gestion. Je suis satisfaite de me mettre de nouveau au service de notre région dans ces conditions. Au niveau de l’Agriculture, pour la grande région, ma nomination de vice-présidente à l’agriculture et à l’agroalimentaire signifie que je n’aurai plus qu’un dossier à gérer au lieu de quatre. Néanmoins, des ponts resteront avec le bois et la forêt, l’environnement ou les énergies renouvelables. Par exemple, en ce qui concerne la méthanisation qui est en plein développement, il y aura des liens à établir avec les énergies renouvelables. Il ne faudra pas être cloisonné, mais avoir une vision transversale.

Quel bilan tirez-vous de votre dernière mandature ?
S. F. : au niveau global, j’ai l’impression d’une gestion saine et rigoureuse avec beaucoup d’efforts entrepris pour arriver à ce résultat. Je suis plutôt fière des orientations prises sur la formation des lycées, sur l’économie, la transition énergétique, les avances remboursables... Globalement, cela me laisse une impression de rigueur, d’honnêteté et de vision forte de l’avenir. Désormais concernant l’agriculture, il faudra je le répète donner un coup de pouce à la recherche et à l’innovation : une recherche axée sur la manière de produire mieux sans polluer, il y a à progresser dans ce domaine.

Quelles seront les premières actions à mener ?
S. F. : nous n’avons pas encore fait le premier exécutif donc c’est difficile de vous répondre. Mais j’imagine bien que l’urgence sera de se pencher sur les budgets avant fin avril et sur le rapprochement des politiques. Il s’agit de réussir la fusion dans un premier temps. Dans l’année, nous aimerions organiser une conférence agricole avec tous les acteurs.
Et puis il faudra d’abord travailler, la présidente en a parlé lors de son élection, en filière pour apporter de la valeur ajoutée au niveau de la production et de la commercialisation. Pour valoriser les produits locaux sans oublier les filières longues sur lesquelles nous n’avons pas beaucoup de moyens d’actions. Il y a un autre domaine où il nous faudra avancer : la transition écologique et énergétique. Nous travaillerons en lien avec la recherche sur les manières de produire avec moins de déchets, de pollution, d’intrants de façon plus autonome. Il y a des demandes d’avancées dans ce domaine. L’agriculture biologique devra s’accroître au niveau de ses surfaces et de sa valorisation économique. Les conversions coûtent chers, il faudra veiller à accentuer l’idée du foncier déjà converti en bio. Sur la façon de travailler, la présidente a également parlé d’une nouvelle gouvernance régionale et de coopération. Comme nous le faisions auparavant chaque automne avec les filières franc-comtoises : nous réunissions tous les acteurs (responsables agricoles, collectivités et organismes d’état et agriculteurs) autour d’une même table. Il me semble que cette manière de travailler en "co-construction" est plutôt bonne.

Comment la nouvelle grande région gérera-t-elle les fonds Feader ?

S. F. : les fonds européens sont très importants pour notre agriculture. Le Feader est à la marge sur les très gros projets, de méthanisation par exemple. Nos deux Feader sont un peu différents mais rien n’empêche, durant ces six ans, de chercher une convergence cependant.

Aurez-vous un œil particulier sur le Doubs, vous qui êtes agricultrice dans ce département ?
S. F. : non, je m’efforcerai de toujours continuer à avoir une vision d’ensemble sur la région Bourgogne Franche-Comté. Même si c’est vrai que l’on connaît plus de monde là où on vit, je suis une conseillère régionale, non territoriale. Mais je devrai avoir une vision précise de tous les départements.

En quoi cette fusion changera le quotidien des agriculteurs ?
S. F. : la région touche à de nombreuses phases de la vie des agriculteurs : la formation, l’installation, les filières...
Au niveau des installations, si nous voulons renouveler les générations, il y aura des modalités à prendre pour faire converger les politiques. La politique "Filière" sera à partager au niveau de la grande région. Il faudra créer davantage de la valeur ajoutée. Cela passera par plus d’AOC, plus d’IGP, plus de bio, plus de vente directe… Il s’agit d’accroître les revenus, les emplois, la richesse et l’environnement au sein de notre région.

Quel sera justement l’équilibre entre les AOC francs-comtoises et bourguignonnes ?
S. F. : elles ne sont pas en concurrence car soit elles sont complémentaires (élevage et cultures par exemple), soit elles se renforcent comme la production de viande, les céréales. Nous devons mener une réflexion pour continuer à toutes les valoriser en accroissant les marchés, tant au niveau local qu’international. Le travail de filières doit contribuer aussi à renforcer la qualité à tous les niveaux, y compris l’équitabilité. En ce qui concerne l’interprofession du comté, c’est un modèle reconnu et valorisé qui communique au niveau mondial, pour sa répartition juste de la valeur ajoutée tout au long des maillons de la filière. Il restera intéressant au niveau de sa valeur d’équitabilité. Cette forme d’"équitabilité" d’un produit est bien un signe de qualité que nous devons développer pour que tous ceux qui travaillent à un produit en vivent correctement et en soient fiers.

Vous évoquiez précédemment le dossier de l’installation. Comment marier les Plans régionaux de Bourgogne et Franche-Comté ?
S. F. : nous aurons un travail de convergence à faire. Il y a déjà des politiques assez similaires, notamment concernant l’installation et l’alimentation de proximité. La fusion sera intéressante en ce sens car nous prendrons les choses qui fonctionnent le mieux dans chaque ex-région. Nous devrons également faire des choix et nous concentrer sur les principaux enjeux : concertation préalable, co-construction à plusieurs acteurs, résultats attendus, part d’autofinancement doivent nous permettre d’agir efficacement pour répondre aux enjeux clefs.

Côté lait standard, les éleveurs laitiers ne seront-ils pas trop démunis avec cette fusion ?
S. F. : le problème du prix du lait standard, c’est que ceux-ci sont conduits par des coûts mondiaux. Nous n’avons pas beaucoup de la-titude là-dessus. Les seuls moyens que je vois pour les exploitations qui ont des difficultés sont de sortir des prix standards en montant des coopératives ou en profitant de l’engouement autour des produits de proximité et de faire plus d’AOC, et d’IGP, de produits différenciés. Rester en lait standard est possible, mais cela implique une gestion extrêmement rigoureuse et préventive pour faire face aux aléas des fluctuations économiques, aucune erreur d’investissements et une forte productivité qui n’est pas toujours synonyme d’emplois. Ce ne sont là que quelques idées. Ce sujet du lait standard, des zones de polyculture élevage qui peinent aujourd’hui à se maintenir me préoccupent suffisamment pour que ce soit rapidement un sujet à partager.