Syndicat caprin de Saône-et-Loire
Plaidoyer pour une défense collective

Représentant des éleveurs fromagers fermiers pour la plupart, le syndicat caprin de Saône-et-Loire ne ménage pas ses efforts pour faciliter la vie dans une production très exigeante. Au-delà des actions concrètes qui profitent à ses adhérents tout au long de l’année, le syndicat défend les intérêts de la profession à l’échelon national, grâce notamment à l’appui du réseau de toute la famille agricole.
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Le 6 décembre à Ciry-le-Noble, le Syndicat caprin de Saône-et-Loire tenait son assemblée générale. Plus qu’une traditionnelle réunion statutaire, le syndicat avait organisé une véritable journée caprine avec, en matinée, une démonstration fort intéressante sur l’intérêt d’une défense collective des producteurs caprins fermiers et, l’après-midi, la visite de l’élevage de la famille Dubrion, visite enrichie de trois ateliers techniques animés par des intervenants de haut niveau.
La réunion débutait pourtant par une déception puisque le président Jean-Philippe Bonnefoy regrettait une érosion du nombre d’adhérents au fil des années alors même que les apports du Syndicat caprin pour les éleveurs sont considérables. Dans un département pourtant riche en élevages de chèvres (il est le premier de France en nombre de producteurs fermiers), le syndicat caprin ne compte en effet que trente-et-un adhérents. Un comble quand on découvre les activités très concrètes de la structure, toutes orientées pour aider les producteurs à se promouvoir auprès des consommateurs (portes ouvertes, concours...), à se former techniquement (coûts de production, pâturage, fromageabilité…) ou encore à se fournir à moindre coût (commandes groupées)…

Indispensables portes ouvertes


Le Syndicat caprin - qui représente des agriculteurs accaparés par l’élevage, la traite, la transformation et la vente directe - sait aller à l’essentiel pour répondre aux besoins exigeants de ses adhérents. C’est ainsi que, chaque année, il organise des portes ouvertes en élevage au printemps pour promouvoir la filière départementale auprès des consommateurs. Un coup de projecteur commercial sous la forme d’une communication collective intervenant à une période opportune où la production de fromages de chèvres est à son pic dans le département. L’animation de ces portes ouvertes est bien entendu à la charge des élevages concernés dont certains ne manquent d’ailleurs pas d’imagination, l’un d’entre-eux ayant même organisé un repas-dansant cette année ! Sans aller jusque-là, le principe est d’être présent pour accueillir les visiteurs auprès des chèvres. Le public ayant un grand besoin d’être éclairé sur l’élevage et les animaux, rapportent les adhérents. Le Syndicat assure pour sa part la publicité de l’évènement. Comptant sur les médias - facebook inclus -, il organise chaque année une conférence de presse. Cette année malheureusement, les journalistes ont boudé ce rendez-vous, déploraient les responsables du syndicat qui réfléchissent à la meilleure manière d’attirer cette presse indispensable pour promouvoir les élevages caprins fromagers.

Communication nationale


De communication, il fut longuement question lors de cette assemblée. Dans une production fermière qu’on aurait pu croire à l’abri de toute attaque suspicieuse de la part du grand public, les éleveurs semblent pourtant touchés par le discrédit général jeté sur l’agriculture dite "conventionnelle". Mais « la force de notre filière, c’est d’avoir un contact régulier, une relation durable avec le consommateur », faisait remarquer Jean-Philippe Bonnefoy. Un atout indéniable qui doit néanmoins être assorti d’une communication d’envergure nationale, insistaient les responsables du syndicat caprin. A l’image de ce réseau d’éleveurs témoins, constitué « à la demande de journalistes nationaux » et qui est là pour « contrer toute cette pensée anti-élevage » à l’aide de « contre-arguments » pertinents, expliquait Daniel Rizet. Dans le même ordre d’idée, la fédération nationale des éleveurs caprins (Fnec) vient de créer « une section Interbev Viande caprine ». « Car pour avoir du lait, il faut avoir un cabri ! », argumentait Jean-Philippe Bonnefoy, en allusion à des consommateurs amateurs de fromages fermiers mais condamnant vivement la consommation de viande de chèvre ou de chevreau. Une première campagne nationale a été lancée par Interbev pour promouvoir cette viande. Les éleveurs de chèvres en ont bien besoin car cette année encore, « en dépit d’un prix du lait faible et d’un prix de vente de la viande correcte, les chevreaux sont demeurés aussi peu payés », déplorait Jean-Philippe Bonnefoy. Le syndicat réfléchit à une manière d’organiser collectivement la collecte en ferme pour éviter les intermédiaires peu scrupuleux alors que seulement trois abatteurs transformeraient la viande de chevreau en France. Un monopole qu’il faudrait pouvoir contourner, estime le syndicat.

« Seul, on est inaudible ! »


Tout au long de la réunion, le président du syndicat caprin de Saône-et-Loire a plaidé pour une défense collective au sein de la famille agricole. Par ailleurs vice-président de la Fnec pour les fromagers, Jean-Philippe Bonnefoy a évoqué des dissidences apparues au niveau national émanent de certains producteurs fermiers. « Croire que demain les éleveurs caprins fermiers pourront se défendre seuls est une utopie », avertissait-il. Pour lui, « il faut l’appui de toute la famille agricole. Sans le soutien des JA, de la FNO, de la FNSEA, nous sommes inaudibles ! », prévenait-il. Une cohésion indispensable aussi face à la nouvelle région qui gère désormais d’importantes enveloppes d’aides et devant laquelle « il faut être capable de défendre d’une seule voix un même budget agricole », estimait Jean-Philippe Bonnefoy. Cette nécessité d’une défense collective prend tout son sens face à l’incontinence réglementaire chère aux législateurs. En effet, c’est bien grâce à la mobilisation syndicale au niveau national que les éleveurs caprins ont pu bénéficier d’une dérogation sur le fameux étiquetage nutritionnel. Une exigence folle qui serait revenue à condamner à mort les fromages fermiers.

Commandes groupées
Désormais avec Farago Bourgogne


A compter de cette année, le syndicat s’est rapproché du GDS 71 pour la gestion des commandes groupées de produits de fromagerie proposées à ses adhérents. C’est plus précisément la filiale du GDS "Farago Bourgogne" (ex Sanhy Services) qui fournit cette commande groupée annuelle dont la livraison a lieu lors de l’assemblée générale du syndicat. 21 éleveurs en étaient bénéficiaires cette année. Ils ont ainsi pu profiter de tarifs avantageux (réservés aux adhérents du syndicat) avec la possibilité de bénéficier d’une remise de – 10% sur le catalogue GDS, informait Estelle Fournier de Farago Bourgogne. Le GDS 71 qui est aussi « un relai très important dans les autocontrôles en aidant à gérer les éventuelles crises sanitaires », ajoutait Jean-Philippe Bonnefoy. Des pépins qui font peser le risque de ne plus pouvoir vendre de fromages et qui nécessiteraient par ailleurs une meilleure prise en charge par les assurances, pointait le président.



Aide caprine/identification
La situation s’améliore


Le représentant de l’Etat Alexandre Mège a fait le point sur les aides caprines et l’identification. En 2016, 141 exploitations auraient touché l’aide caprine en Saône-et-Loire pour 14.477 chèvres, soit une moyenne de 1.628 € par exploitation. La réforme de l’identification intervenue en 2010/2011 pour les petits ruminants avait généré beaucoup d’anomalies à l’époque. Depuis, la situation s’est améliorée. Le taux d’exploitations détenant des anomalies est passé de 50 à 25 %, informait Alexandre Mège. Pour améliorer encore la situation, trois réunions « bout de bergerie » seront organisées dans trois exploitations du département pour informer les éleveurs les 5 et 9 janvier prochains. Sur la question des boucles d’identification, le syndicat caprin réfléchit là aussi à l’organisation de commandes groupées pour en atténuer le coût.