Abattoir d’Autun
Avancée plus que décisive !

Samedi dernier, la porte ouverte de l’abattoir d’Autun a été un succès. Près de 500 personnes sont venues découvrir cet outil essentiel pour le territoire. La veille, la communauté de communes du Grand Autunois Morvan donnait son feu vert pour la construction d’une nouvelle chaîne. Les contributions des éleveurs et autres membres de la filière continuent d’arriver. L’avenir de l’abattoir s’éclaircit pour de bon !
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Samedi dernier, l’abattoir d’Autun était le cadre d’une porte ouverte avec marché de produits du terroir et visite guidée de l’outil d’abattage. C’était aussi l’assemblée générale de l’association de défense de l’abattoir. La veille au soir, les 82 élus de la communauté de communes du Grand Autunois Morvan venaient de voter - à l’unanimité - le projet de construction d’une nouvelle chaîne d’abattage. Une avancée décisive car ce geste politique « extrêmement fort pour la profession » intervenait après une extension d’intercommunalité et au sortir des élections municipales. Pour les élus communautaires, l’intérêt de conserver un abattoir local sur le territoire n’a visiblement fait aucun doute. « On y croit ! », confirmait sans ambiguïté le président de la CCGAM, Rémi Rebeyrotte. Les élus de l’Autunois-Morvan ont notamment été convaincus par l’essor des circuits courts, « désormais bien entrés dans les têtes, la vache folle étant passée par là », rappelait le vice-président du conseil général, Christian Gillot. Des élus communautaires qui se sont même dits prêts à soutenir personnellement le projet en prenant part au capital social aux côtés des autres acteurs de la filière.

La grande distribution impliquée


L’engagement des élus communautaires était l’une des conditions sine qua non de l’avenir de l’abattoir. La seconde condition, avancée dès le début de la réflexion par la communauté de communes et imposée aujourd’hui par FranceAgriMer, c’est que les éleveurs et la filière s’engagent financièrement dans le capital social de la Sica gestionnaire de l’outil. Un minimum de 66.000 € constitué de prises de participation d’un montant de 300 € est exigé. La balle est bel et bien dans le camp de la profession, soulignaient tous les élus présents.
Au jour de son assemblée générale, l’association de défense de l’abattoir comptabilisait un peu plus de la moitié de la somme nécessaire. De nouveaux chèques arrivaient encore durant la réunion et les défenseurs de l’abattoir avaient de bons espoirs d’obtenir de nouvelles contributions. « Tous les gens qu’on rencontre ont envie de s’engager », confiait l’un d’eux. « Il ne faut pas hésiter à aller les rencontrer un par un ». Outre les éleveurs, un certain nombre d’élus locaux devraient abonder de leur participation et - c’est à souligner - trois grandes surfaces ont d’ores et déjà apporté leur contribution. Il s’agit des magasins de l’enseigne Leclerc d’Autun, du Breuil et de Montceau-les-Mines, se félicitait le président de l’association, Jean-Philippe Nivost. D’autres pistes étaient évoquées ce qui augurait de bons espoirs de voir la somme de 66.000 € rassemblée, voire même dépassée, d’ici la fin du mois.

« Logique agroalimentaire dans l’Autunois »


« L’abattoir ne se fera que si on réunit ces 66.000 € », avertissait toutefois Jean-Philippe Nivost. Si l’intérêt de conserver un outil d’abattage local ne fait aucun doute pour les représentants de la population, que la grande distribution commence à s’y intéresser sérieusement et que la plupart des éleveurs ne nient pas les avantages de faire abattre des bêtes à proximité de leurs exploitations, il manque cependant quelques bonnes volontés à l’appel…
Les arguments qui militent en faveur du projet ne manquent pourtant pas. A la communauté de communes, une animatrice vient d’être recrutée pour développer les circuits courts et la consommation locale sur le territoire. Pour Rémy Rebeyrotte, il s’agit là de développer une véritable « logique agroalimentaire dans l’Autunois ». Citant un curieux projet d’aménagement du territoire visant à transformer des pans entiers de campagne en « zones de respiration » et autre « zones de méditation », le président de la FDSEA de Saône-et-Loire, Bernard Lacour, affirmait « qu’un territoire rural ne peut exister en dehors d’une forme d’économie. Dans un contexte de baisse de la production de viande bovine en France, la pérennisation de l’abattoir d’Autun génère de l’économie et derrière de l’identité », ce que ne font pas « des zones sanctuarisées », défendait le président de la FDSEA. Et ce dernier de conclure « sur ce projet de 4 millions d’€, on vous demande 300 € certes. Mais cela permet d’avoir un outil économique pour 30 ou 40 ans ».
Autre point fort de cette journée, près de 500 personnes, pour la plupart non agricoles, sont venues visiter l’abattoir d’Autun. C’est bien plus que ne l’avaient espéré les organisateurs. Consommateurs, élus et autres se sont ainsi succédés tout au long de cette journée ensoleillée, marquant ainsi tout leur attachement au monde de l’élevage et à la viande locale.


Lobbying sur tous les fronts !


Comptant environ 150 adhérents, l’association de défense de l’abattoir d'Autun ne ménage pas ses efforts. Elle s’attèle notamment à la recherche de nouveaux clients afin d’augmenter le volume d’activité de l’abattoir. Une nouvelle grande enseigne de la région Chalonnaise est venue à l’abattoir en 2013 et l’association a rencontré les Salaisons dijonnaises. Elle s’efforce également de pérenniser les clients autour du chevillard Raze. L’association assure un véritable travail de lobbying autour de son outil. Elle se charge aussi de sensibiliser le public et la filière à l’intérêt de conserver l’abattoir. Présence sur les marchés, portes ouvertes, réunions auprès des instances professionnelles… Les membres du bureau de l’association sont sur tous les fronts. La structure est entrée au capital de la Sica de l’abattoir et à ce titre son président Jean-Philippe Nivost siège au conseil d’administration de la Sica présidée par Bernard Joly.




Sica de l’abattoir d’Autun

Remise en ordre économique


« La création d’un outil d’abattage neuf devrait attirer de nouveaux acteurs », estime le président de la CCGAM Rémy Rebeyrotte. D’ici-là, l’abattoir se doit de se mettre en ordre de marche pour relever les défis futurs. C’est la mission que s’est donnée la Sica gestionnaire présidée par Bernard Joly. Une réorganisation du personnel a d’ores et déjà été opérée. Une remise en ordre économique reposant sur une remise à plat des coûts de production a également été confiée à la direction de l’établissement. La Chambre d’agriculture qui soutient la démarche participe à cette tâche. Enfin, troisième mission que se fixe le président Bernard Joly : « remettre l’abattoir au cœur du territoire ».