Gaec des Roies à Charbonnat
Fondus de chèvres !

A Charbonnat, le Gaec des Roies s’est développé grâce à la production de fromages de chèvres. S’ils ont conservé leur cheptel de vaches allaitantes, les membres de la famille Ménager se sont pris de passion pour leur atelier caprin avec la satisfaction de vendre un produit fini de qualité.
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Pour comprendre l’histoire du Gaec des Roies, il faut remonter à 1988. A cette époque, Eric Ménager venait de s’installer aux côtés de ses parents sur la ferme familiale. C’est aussi l’année de son mariage avec Patricia, « fille d’ouvrier à Creusot-Loire qui avait toujours voulu se marier avec un paysan », comme elle se décrit elle-même. L’exploitation comptait déjà à l’époque une quarantaine de chèvres en plus des vaches charolaises. C’est une accumulation de pépins sanitaires dans l’élevage bovin qui a conduit la famille Ménager à développer l’atelier caprin dès le début des années 1990. « Nous avons eu jusqu’à 70 chèvres que nous trayions à quatre à la main ! », se souvient Eric. La vente des fromages avait alors permis de compenser les pertes de l’atelier bovin. Lorsque les parents d’Eric ont pris leur retraite en 1994, le cheptel est redescendu à une vingtaine de chèvres « par crainte que la clientèle ne suive pas… », justifie Patricia. Mais Eric a rapidement voulu relancer l’atelier caprin, convaincu de l’intérêt économique de cette production en vente directe. Au fil des années, le couple s’est équipé d’une salle de traite et d’une première fromagerie qu’ils ont pu financer grâce à la vente des fromages.

Installation grâce aux chèvres


C’est en 2011 que les choses ont pris une autre tournure avec le projet d’installation de leur fils Vincent. Un agrandissement par les vaches était impensable pour Eric et aucun terrain disponible n’était en vue. C’est avec un projet d’extension de l’atelier caprin que l’installation de Vincent allait être envisagée. La famille Ménager avait la clientèle pour le faire et était prête à doubler son cheptel. En 2012, les éleveurs ont donc construit une nouvelle fromagerie (88.000 €) ainsi qu’une chèvrerie (65.000 €) de 157 places. Ils en ont également profité pour mettre aux normes l’ensemble des bâtiments d’élevage de l’exploitation (30.000 €). Deux fois plus grande qu’auparavant, la chèvrerie comprend un couloir d’alimentation central surélevé, équipé de cornadis et desservant des cases spacieuses et lumineuses.
La fromagerie couvre une centaine de mètres carrés et contient une chambre froide, un séchoir, un haloir, une vaste salle de fabrication, un placard de caillage, un local pour le tank à lait. Le lait est transféré automatiquement de la salle de traite vers le tank. La machine à traire est équipée d’un nettoyage automatique. Une pompe amène le lait du tank dans les bacs de caillage déplaçables sur roulettes.
Désormais associés en Gaec, Patricia, Eric, Vincent et Louis (en apprentissage) disposent d’un bel outil de travail. C’est Eric qui se charge de la traite, sauf les jours de livraison où il se fait alors remplacer par Louis. La fabrication est le domaine de Patricia et de Louis. Quant à Vincent, il assure la conduite des bovins, soit une centaine de vêlages.
Le redéploiement de l’atelier caprin s’est accompagné d’une amélioration du niveau génétique. La Gaec adhère au contrôle laitier (Acsel Conseil Elevage) qui « pèse le lait, calcule les rations et conseille sur le renouvellement et le tri des chevrettes », explique Eric. L’élevage achète des boucs sélectionnés dans de bons élevages du département.

« Nous aimons ce contact »


Depuis la fin des années 1980, les membres de la famille Ménager n’ont pas chômé, effectuant beaucoup de travaux eux-mêmes et s’acquittant quotidiennement de la plus lourde des astreintes d’élevage : traite, transformation et vente. Mais Patricia, Eric, Vincent et Louis le font de bon cœur car, grâce aux chèvres, leur exploitation a retrouvé une certaine sérénité. Un enthousiasme communicatif qu’on retrouve dans leur attitude commerciale. « A la maison, nous vendons du fromage sept jours sur sept ! », annonce d’emblée Patricia. L’exploitation a su conserver, renouveler, puis développer sa clientèle. Il faut dire que la ferme bénéficie d’un bon potentiel touristique avec le Temple des mille Boudhas à deux pas de là ou encore le magnifique site d’Uchon… Mais le flux ne fait pas tout. Si « les gens reviennent pour faire leurs provisions », c’est bien que la maison a su leur donner cette envie de revenir. « Nous aimons ce contact », reconnaissent en chœur les associés qui n’hésitent pas à faire du porte à porte pour aller promouvoir leurs produits. Ce sens de l’accueil, ils le manifestent naturellement en prenant le temps de faire visiter l’élevage à des enfants. Depuis quelques temps, Louis a créé une page Facebook consacrée à la ferme. « Le but est de montrer tout ce qu’on fait au quotidien, de donner envie de venir voir. C’est aussi une façon de montrer que le monde agricole existe ! », détaille Patricia.

Répercuter les hausses de charges


Le Gaec participe à quelques foires (Autun, Saulieu…), livre plusieurs grandes surfaces, restaurants et épiceries dans le Chalonnais, l'Auxois… Parmi ses clients, la ferme compte un maître fromager à Beaune et a même un débouché dans le Vaucluse. Le bouche à oreille y est pour beaucoup. Pour se démarquer, la famille Ménager a même déposé sa propre marque "Le Chèvroies".
Economiquement, les chèvres représentent aujourd’hui environ le tiers du chiffre d’affaires de l’exploitation maiscontrairement aux bovins, ce revenu ne dépend que très peu de primes. Autre différence de taille, le Gaec parvient à répercuter ses hausses de charges sur le prix de ses fromages, « ce qui n’est pas possible avec le marchand de bestiaux ! », constate Eric.

Nouvelle diversification ?


Désormais, le Gaec prépare l’installation de Louis. Cette fois encore, la famille Ménager ne compte pas sur les vaches allaitantes pour agrandir l’exploitation ni sur une hypothétique reprise de ferme. Bien naturellement, l’atelier caprin sera conforté dans ce projet, Louis se destinant d’ailleurs tout spécialement à la fabrication et à la vente des fromages. L’idée serait de saturer l’outil, sachant que tous les ans, l’élevage manque de fromages pour satisfaire sa clientèle. Mais la famille Ménager se montre cependant prudente, car le développement de cette clientèle demeure le nerf de la guerre. Aussi, convaincu de l’intérêt de se diversifier, le Gaec réfléchit-il à la création d’une troisième activité sur l’exploitation. Un élevage de volailles est ainsi envisagé. La famille a aussi d’autres idées comme la production et la vente de bois de chauffage ou encore le tourisme avec des tables d’hôtes. Et si les Ménager n’en sont encore qu’au stade de la réflexion, une chose est sûre : leur exploitation restera diversifiée avec des chèvres et de la vente directe.



Première participation au Concours général 2016 !


Le Gaec des Roies s’est lancé dans les concours de fromages de chèvres en 2007, encouragé dans ce sens par la chambre d’agriculture. Sa première participation était à Saint-Maurice de Satonnay. « C’était un moyen de recueillir des commentaires sur nos produits, pour améliorer notre travail », détaille Patricia. Depuis, l’élevage remporte chaque année des prix, dont quatre médailles d’or.
En 2015, le Gaec des Roies a concouru à Genelard, Paray-le-Monial, dans l’Yonne et à Besançon. Cette année, la famille Ménager s’est inscrite pour la première fois au Concours général lors du Salon de l’Agriculture à Paris. Ces concours sont une vraie motivation pour le Gaec, notamment pour Patricia. L’agricultrice est en effet très attachée à la qualité de ses produits. Que ses fromages plaisent aux consommateurs est ainsi sa plus grande fierté. D’ailleurs, les clients du Gaec des Roies suivent les exploits de l’élevage en concours. Une reconnaissance qui fait un bien fou aux éleveurs.