Grégory Fréchou
La Bresse et l’aubrac adoptées !

Originaire de Haute-Savoie, Grégory Fréchou est venu s’installer en Bresse en 2006. Hors cadre familial parti de zéro, il a choisi de se constituer un cheptel de bovins aubrac inscrits. Une race rustique qui se prête bien à son système résolument économe.
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Agé de trente ans, Grégory Fréchou est éleveur allaitant au Fay près de Louhans. Originaire de Haute-Savoie, il est arrivé en Bresse en 2006 pour réaliser son rêve de devenir éleveur. Sa passion ne lui vient pas de sa famille dont aucun membre, pas même ascendant, n’est du métier. Tout petit, le jeune Grégory était attiré par les animaux de la ferme voisine de l’appartement de ses parents.
Plus tard, Grégory optait pour des études agricoles : BEP, bac pro puis BTS. Ayant grandi entouré d’élevages en AOC fromagères, le jeune savoyard se voyait éleveur laitier. Mais dans sa région d’origine, s’installer en production laitière signifiait intégrer un gros Gaec… Un destin dont Grégory ne voulait pas entendre parler ! « Je voulais être tout seul ; faire de ce que je veux ; ne rendre de compte à personne ! ». Au terme d’une prospection laborieuse, le jeune homme a eu connaissance d’une ferme appartenant à un compatriote haut-savoyard qui souhaitait arrêter subitement. La propriété se trouvait en Saône-et-Loire, au Fay. Tout est alors allé très vite. Grégory s’est porté acquéreur de 56 ha de terres non drainées, d’une stabulation et d’un peu de matériel. A l’époque, le prix des terres était moitié moins cher qu’aujourd’hui ; la pression céréalière moins forte. Sur cette ferme au passé mouvementé, tout était à refaire : nettoyage, clôtures, etc… L’exploitation s’est agrandie au gré des opportunités pour atteindre 120 hectares dont 50 en fermage.

Fidèle au berceau de race



Bien qu’il ait repris le cheptel allaitant de la ferme, Grégory a tenu à repartir sur de bonnes bases en acquérant des animaux inscrits. Ayant dans son parcours fait connaissance avec la race Aubrac, le jeune homme s’est adressé au GIE lié à l’Upra raciale, lequel l’a mis en relation avec des vendeurs d’animaux du berceau (Aveyron, Lozère). Un premier lot de huit génisses de 18 mois a été acheté. Inséminées, elles ont vêlé avec succès l’automne suivant. Grégory s’est alors à nouveau porté acquéreur de 45 femelles d’un coup et il s’est débarrassé des dernières bêtes de son prédécesseur. Aujourd’hui, le cheptel compte 90 mères aubrac en production. Beaucoup sont issues de génisses achetées puis inséminées pour un vêlage d’automne. En s’adressant à l’Upra et en se fournissant directement auprès d’élevages inscrits, l’éleveur signale ne jamais avoir connu de souci sanitaire.
Grégory se rend quatre à cinq fois par an dans le berceau de race. C’est là qu’il se fournit en taureaux. Le jeune sélectionneur avoue avoir un faible pour la Lozère où « les animaux sont plus petits et plus trapus » que dans la partie cantalienne du berceau. Girafon est le premier taureau acheté en station provenant d’un élevage situé sur le versant sud du Mont Lozère. Fidèle à cette maison, Grégory y est accueilli chaleureusement. Sa passion pour l’Aubrac ne se limite d’ailleurs pas aux bovins, le bressan d’adoption avoue « adorer » cette région rude et montagneuse du Massif Central.

Vêlages d’automne en plein-air



85% des vaches du cheptel sont accouplées avec des taureaux aubrac. Deux tiers sont saillies par des taureaux de monte naturelle et un tiers sont inséminées. Les 15% de vaches restantes – « des bêtes non inscrites ou inintéressantes » - sont croisées avec des semences de charolais testés sur aubrac.
Programmés en automne, la plupart des vêlages ont lieu en plein-air ; un tiers en septembre et deux tiers en novembre. Les derniers se terminent cependant fin décembre en bâtiments.
Grégory produit des broutards d’environ 400 kg vifs qu’il commercialise au même tarif que des charolais avec des ventes en juin, septembre et octobre. Côté femelles, les réformes donnent des carcasses de 370 à 420 kilos payées 20 à 30 centimes d’euros de plus que des charolaises, signale Grégory.

Une vache qui occasionne « peu de frais »



A en croire le jeune éleveur, la première qualité de la race aubrac, c’est d’engendrer « peu de frais ». Le vêlage est une formalité. « Je ne me lève jamais les nuits ! », résume Grégory qui rapporte que les mise bas sont rapides avec des veaux expulsés avec « peu de poussées ». Les mères aubrac ont aussi l’avantage d’être très maternelles avec des petits veaux qui têtent immédiatement. Pour la production laitière, les aubrac ont cette « capacité à se contenter de peu et à valoriser très bien les fourrages grossiers », explique l’éleveur. Elles sont en outre très fertiles et reviennent en chaleur rapidement. Enfin, les aubrac font montre d’une remarquable longévité avec des vaches dépassant fréquemment les dix ans et pouvant donner 15 ou 16 veaux dans une carrière, fait valoir Grégory. Viscéralement passionné par sa race, le jeune éleveur est investi dans l’association Centre Est Aubrac dont il est le vice-président.


Saint-Pierre-de-Varennes 17 et 18 octobre

Concours interdépartemental aubrac



C’est une première en Saône-et-Loire : les 17 et 18 octobre prochains, l’association Centre Est Aubrac, présidée par Didier Perrodin, organise un concours interdépartemental à Saint-Pierre-de-Varennes. Jusqu’alors, les éleveurs d’aubrac s’en étaient tenus à une présentation de race lorsque l’occasion s’en présentait. Fédérés au sein d’un syndicat depuis 2010, ils ont eu envie d’organiser un concours, à l’image de ce que font d’autres départements. Réunissant des éleveurs de la Saône-et-Loire, de l’Allier, du Rhône et de la Loire, ce concours devrait rassembler une centaine d’animaux. La manifestation se déroulera vendredi après-midi et samedi matin. Le concours est ouvert aux animaux inscrits ou non inscrits, pour peu qu’ils soient munis de certification de parenté et d’’une inscription à l’état civil. Des juges du berceau et des représentants de l’Upra seront présents. Cinq exposants représenteront le département avec près de la moitié de l’effectif. Il s’agit de Grégory Fréchou du Fay, de Gaëtan Marmorat de Torcy, de Pierre Rajeaux des Guerreau, de l’EARL du Regain (Didier Perrodin) de Saint-Eugène et du Gaec Vidal d’Oudry.

Concourront des mâles et femelles de l’année ; des dix-huit mois ; des femelles de trente mois pleines ; des jeunes taureaux ; des taureaux de plus six ans ; des vaches ainsi que des couples vaches + veaux. Seront également exposées des génisses croisées destinées à la boucherie.

Le syndicat Centre Est Aubrac compte une quarantaine d’adhérents. 1.300 vaches aubrac sont recensées en Saône-et-Loire en 2013 et 5.000 sur les quatre départements couverts par le syndicat (03, 71, 58, 89).