Race hereford
Un taureau de Charrecey au Sommet

Eleveur sélectionneur en race hereford, Jean-François Protheau présentera un taureau au prochain Sommet de l’élevage. Converti à cette race si chère aux anglophones, l’éleveur de la Côte chalonnaise s’attend à un développement sensible de la race en France, du fait notamment des attentes des éleveurs et des industriels de la viande.
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Depuis plusieurs années, Jean-François Protheau élève des bovins de race Hereford dans la Côte chalonnaise. Cet ancien cadre export dans le vin, propriétaire de chambres d’hôtes à Mercurey, possède 21 mères hereford inscrites. Le cheptel est conduit en plein-air intégral sur les hauteurs de Charrecey. Les vêlages sont programmés entre le 15 mars et le 1er mai. « Cette année, le temps sec du printemps a offert d’excellentes conditions », confie l’éleveur. La prolificité du troupeau est de l’ordre de 95%. Environ onze mois séparent deux mises bas. La longévité de cette race rustique impressionne : jusqu’à 12 ou 13 ans avec des cas de vaches ayant atteint 17 ans et ayant donné 19 veaux ! « En plein-air, les hereford ne craignent que les tiques et la kératite », signale Jean-François Protheau. Elevés au lait et à l’herbe, certains veaux atteignent des GMQ proches de 2.400 grammes par jour. En moyenne, il faut compter 1.600 g pour un mâle et 1.000 pour une femelle, avance l’éleveur. Autre avantage : les mâles sont prolifiques très jeunes.

Une viande qui plait



En race hereford, on parle de « finition » plutôt que d’engraissement, car cette étape se fait à l’herbe, en mâles comme en femelles. Jean-François Protheau pratique la vente directe d’une partie de ses produits. La saison passée, quatorze de ses bêtes ont ainsi été écoulées auprès d’une clientèle locale après avoir été abattues et découpées à Autun. « C’est un type de viande tendre, rouge, gouteuse qui a beaucoup de succès. Le gras ne se met pas en couverture mais en intermusculaire. La clientèle se fait par le bouche à oreille. Les hereford donnent de petites carcasses avec plus d’avant, moins de fesses mais beaucoup de dos. Les découpeurs sont surpris par le rendement : 65% entre le poids de carcasse et le poids vif et plus de 70% entre le poids de viande et le poids de carcasse », indique Jean-François Protheau. Les animaux sont abattus vers 24 – 30 mois.

Progression en France



La hereford étant encore très peu répandue en France, la vente de reproducteurs n’en est qu’à son balbutiement. « J’essaie de me créer une clientèle locale mais ce n’est pas facile en Saône-et-Loire », avoue Jean-François Protheau. De fait, la race compte seulement deux élevages dans le département et trois cheptels hereford sont dénombrés en Côte-d’Or. L’implantation de la race progresse cependant au niveau national. « En trois ans, l’effectif a augmenté de 300 mères. La France compte aujourd’hui 1.800 vaches hereford inscrites », indique encore l’éleveur.
Omniprésente à l’échelle mondiale avec 240 millions de mères enregistrées, la Hereford dont le berceau est en Pays de Galle et en Irlande, a conquis toutes les terres sous influence britannique (Amérique du Nord, Australie, Afrique du Sud…). Aujourd’hui, elle est en train de s’implanter en Europe centrale. Outre les pays scandinaves, très demandeurs en hereford, l’Allemagne du nord et la Pologne se seraient littéralement convertis à la race. Plus de deux millions de génisses auraient été importées en Pologne ces trois dernières années, rapporte Jean-François Protheau.

Un crack déniché dans le berceau



Début octobre, la race Hereford sera présente au Sommet de l’élevage à Cournon (63). Jean-François Protheau sera l’un des deux éleveurs exposants. Il présentera son nouveau taureau « Lowesmoor 1 Jaguar ». Agé de deux ans et pesant 1.080 kilos, l’animal provient directement du berceau de race. « Il est né dans une ferme appartenant au top 14 de la race en Angleterre. Elle est classée parmi les 150 meilleures au niveau mondial », annonce fièrement l’éleveur. Le repérage de ce reproducteur remonte au printemps dernier lorsque Jean-François Protheau s’est rendu au concours national à Hereford, la ville. Il avait alors été séduit par le frère de son futur taureau, grand champion du concours. Le sélectionneur bourguignon s’est donc rendu dans l’élevage naisseur de ce reproducteur et il a déboursé 8.000 euros pour acquérir l’un des cracks de l’écurie.

Génisse noire



Profitant du voyage, Jean-François Protheau s’est également fait livrer une génisse de 16 mois. Tachetée de noire, cette femelle hereford a la particularité d’être issue d’un croisement entre une holstein et un taureau hereford. Au terme de cinq générations de croisement avec un taureau pur, l’animal, bien que noir, est considéré comme un hereford. Couramment utilisées par les sélectionneurs hereford outre atlantique, ces femelles issues de croisement sont très prisées pour la production de viande. « Très laitières, elles donnent de jolis veaux qu’elles allaitent abondamment », indique l’éleveur. "Leurs produits sont recherchés par les abatteurs que les membres d'Hereford France livrent directement", informe encore Jean-François Protheau.


Hereford : Produire des croisés laitiers



Outre ses qualités de rusticité et d’élevage, la hereford séduit par ses aptitudes au croisement. Selon Jean-François Protheau, le croisement avec des vaches laitières représenterait un marché potentiellement important pour les taureaux hereford. Les produits, au terme d’une finition économe au pré (herbe et foin en hiver), donneraient des carcasses « pas très lourdes » combinant les qualités bouchères du hereford au gabarit holstein par exemple. Un compromis qui serait recherché par des industriels tels que « Charal », assure l’éleveur de la Côte chalonnaise. "Des contrats sont proposés aux éleveurs laitiers pour produire ce type de croisés. Les jeunes génisses ou bœufs qui en sont issus permettent aux industriels de satisfaire le marché de la viande en portion, prête à l’emploi", explique Jean-François Protheau.