Avec Sicarev, Charolais Horizon se dote de capacités supplémentaires

Avec Sicarev, Charolais Horizon se dote de capacités supplémentaires

L’assemblée générale du groupement Charolais Horizon a eu lieu le 31 mai à Digoin. La réunion a été largement consacrée à la fusion entre Sicarev et Sicavyl (lire notre édition du 26 mai en page 9). En effet, fin 2016, les deux entités ont fusionné, réunissant ainsi les outils d’abattage des deux groupes. Le capital du nouveau groupe Sicarev est désormais de 50 millions d’€ et la coopérative Cialyn détient 36 % de ce capital. Cialyn devient ainsi le sixième groupement de producteurs de la nouvelle entité Sicarev élevage. Avec ses 131.000 gros bovins et 100.000 ovins issus d’une vaste zone s’étirant du nord de la Bourgogne jusqu’au nord de la France en passant par le bassin parisien et allant jusqu’en Creuse, Cialyn pèse lourd dans cette évolution. A titre de comparaison, avant fusion, les cinq coopératives d’Alliances/Sicarev (Actis Bovins, Covido-Bovicoop, Coop du Mézenc, Charolais Horizon et Dauphidrom) ne totalisaient que 150.000 bovins issus d’une zone s’étendant entre le nord est du Massif central et le nord ouest de Rhône-Alpes.

Le nouveau groupe compte 10.400 adhérents. Son chiffre d’affaires s’élève à 1 milliard d’€. Son activité abattage atteint 273.000 tonnes de viande. Sicarev emploie 2.200 salariés. Le groupe détient aussi la filiale Deltagro Export qui, avec ses 205.000 animaux maigres à raison de 4.000 têtes par semaine, constitue la plus importante structure d’export à l’échelle nationale. Le groupe Sicarev, c’est aussi 64.000 veaux abattus à Saint-Etienne (42), 1,2 million de porcs transformés à Lapalisse (03) et Orléans (45). Et à terme, l’objectif sera d’abattre 3.000 ovins par semaine sur le site de Migenne (89).

Cette fusion est « la dernière étape » d’un rapprochement déjà entamé au sein d’une filiale commune d’export (Deltagro), d’une filière d’abattage transformation porcine (Tradival) et d’une filiale de transport frigorifique (TVE Logistique), rappelait le président de Charolais Horizon, Guy Fonteniaud. « Notre vision a toujours été de partir avec Sicarev », confiait de son côté le président de Cialyn, Bertrand Ribaucourt.

Plus de force

Devant des adhérents érintés par des difficultés économiques chroniques et alors même que le président de la chambre d’agriculture, Christian Decerle, soulignait les « signaux de détresse » d'un secteur qui se sent « abandonné par un certain nombre d’acteurs » avec « des gens qui n’en peuvent plus », les responsables de Sicarev ont répondu point par point aux interrogations des éleveurs.

« Se doter d’outils plus performants et plus spécialisés, capables de valoriser la production de nos adhérents », telle est la stratégie du groupe, argumentait le président de Sicarev, Philippe Dumas. En clair, cette nouvelle restructuration va doter l’outil d’une véritable « force » avec des capacités nouvelles à accéder à certains marchés comme, par exemple, la Chine, illustrait-il. Idem pour les produits élaborés que Sicarev développe dans ses outils de transformation pour répondre à l’essor avéré des viandes hachées. Le groupe aura aussi plus de poids pour imposer ses produits face à la grande distribution, poursuivait Philippe Dumas. La taille est un critère incontournable pour être économiquement performant, plaidait-il encore. Le fait, par exemple, que certaines charges ne peuvent plus être amorties tout seul, faisait remarquer Bertrand Ribaucourt évoquant la nécessité de saturer la chaîne d’abattage ovine de Migenne. En unissant leurs forces, les adhérents du groupe seront meilleurs face à la concentration des clients. Ils auront plus de moyens pour l’innovation et le marketing, complétait Guy Fonteniaud.

L’enjeu de la segmentation

L’un des gros enjeux de cette nouvelle configuration sera de développer une meilleure segmentation des produits, gage d’une meilleure valorisation pour les éleveurs. A Charolais Horizon, le nombre d’animaux sous signe officiel de qualité (Label rouge, AOP Bœuf de Charolles et IGP Charolais de Bourgogne) a progressé en 2016. Pour Guy Fonteniaud, les cahiers des charges de ces trois signes devront évoluer pour « que nous disposions de caractéristiques communicantes adaptées aux attentes des consommateurs ». Le président souhaite également un rapprochement entre les trois organismes de gestion pour en réduire les coûts et ainsi augmenter la part revenant aux éleveurs. Le groupe Sicarev souhaite développer des filières bio pour toutes ses espèces, indiquait Guy Fonteniaud. La segmentation doit représenter un volume important et pas seulement des niches, estiment les responsables de Sicarev qui n’excluent pas d’imaginer une marque commerciale…

Un autre enjeu du groupe résidera dans l’encadrement de la production pour mieux répondre aux impératifs de planification et de rémunération des éleveurs. Déjà très impliqués dans la contractualisation et la planification avec leurs adhérents, les groupements de Sicarev se posent la question de l’intégration qu’ils connaissent déjà avec leur filière Veaux de boucherie. Le choix se porterait plutôt sur des contrats avec caisses de sécurisation, avec des prix garantis en fonction des coûts de production. Une sorte d’alternative à l’intégration, décrivait Philippe Dumas.