Les brèves du 18 octobre 2023

Mis en ligne par Cédric Michelin
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Voici les brèves du 18 octobre 2023

Les brèves du 18 octobre 2023

Cancers pédiatriques : un lien « léger » avec la densité de vignes avoisinantes (étude)

Dans un communiqué publié le 18 octobre, l’Inserm (recherche médicale) présente les premiers résultats consolidés de l’étude Geocap, qui visait à examiner l’association suspectée entre le risque de leucémie chez les enfants de moins de 15 ans et la proximité de leur lieu de résidence avec des vignes. Une alerte avait été lancée par le CHU de Poitiers en 2018 après une série de cas géographiquement proches dans la région, suspectant un lien avec les pesticides épandus en vigne. Selon l’étude conduite à l’échelle nationale par l’Inserm, le risque de leucémie chez l’enfant n’augmente pas avec « la simple présence de vignes à moins de 1000 m de l’adresse de résidence », mais il augmente « légèrement » en fonction de « la surface totale des vignes présentes dans ce périmètre ». Dans le détail, le risque de développer une leucémie de type « lymphoblastique » (80 % des leucémies pédiatriques) augmente « de près de 10 % » quand la part couverte par les vignes « augmente de 10 % ». Les chercheurs se sont appuyés sur les données du Registre national des cancers de l’enfant sur la période 2006-2013 et de cartes d’assolements. Des travaux se poursuivent sur d’autres cultures et d’autres cancers, annonce l’Inserm. La leucémie est une maladie rare chez l’enfant, son incidence est de l’ordre de 45 cas pour 1 million d’enfants par an. En septembre, près de 500 personnes ont défilé à La Rochelle pour demander l’arrêt des pesticides, faisant suite à l’alerte du CHU de Poitiers.

 

Pesticides : l’Agence de l’eau Loire-Bretagne lance un réseau de lutte contre les micropolluants

L’Agence de l’eau Loire-Bretagne et le pôle régional de compétitivité Dream Eau et Milieux ont lancé, le 17 octobre, un réseau d’échanges pour réduire les rejets de micropolluants (dont pesticides) dans les systèmes d’assainissements des eaux. « L’objectif est de favoriser les échanges et les retours d’expérience afin de créer une dynamique de bassin sur l’enjeu [des] micropolluants et de faciliter le portage de démarches nouvelles par les collectivités », selon un communiqué. Sur les 190 collectivités du bassin Loire-Bretagne obligées de réduire leurs rejets, 27 sont déjà engagées dans le réseau. « Le cadre de travail du réseau Micropolluants est le RSDE, soit la recherche et la réduction des substances dangereuses dans l’eau des systèmes d’assainissement collectifs », a précisé l’Agence de l’eau à Agra Presse. Les substances qui feront l’objet d’échanges sont celles d’une note technique du 24 mars 2022 du ministère de la Transition écologique qui, dans son annexe III, inclut une trentaine de pesticides (glyphosate, diuron, heptachlore, imidaclopride…). Ce réseau dédié aux micropolluants est le troisième en France avec le réseau GRAIE en Auvergne-Rhône-Alpes et l’Ascomade en Bourgogne-Franche-Comté et Grand Est.

 

Champagne/saisonniers : la filière présente sa feuille de route sur les conditions de travail

« Mobiliser tous les acteurs pour mieux encadrer » les vendanges : c’est le mot d’ordre du comité Champagne (interprofession), dont le bureau exécutif s’est réuni le 16 octobre en présence de la préfète de région. L’objectif est d’éviter la répétition des drames de cette année. Quatre hébergements insalubres ont fait l’objet de fermetures administratives et des enquêtes sont en cours, rappelle un communiqué. Ces évènements « portent gravement atteinte à l’image » de l’appellation, considère l’interprofession. Et de déplorer aussi le décès de cinq vendangeurs. Le comité Champagne dit avoir mandaté un groupe restreint de professionnels en vue de réponses concrètes. Ses travaux, auxquels seront associées les organisations syndicales, vont débuter avec une première rencontre « dans les toutes prochaines semaines ». Un autre chantier est le lancement, avec l’appui des services de l’État, des « Assises de l’hébergement des vendangeurs en Champagne ». Sur le volet sécurité au travail, l’interprofession la filière souhaite renforcer la diffusion des mesures de prévention et de sécurité, et réfléchir à l’organisation du travail en partant de l’évaluation des risques. Enfin, la création d’une charte de prestataires de services vise à proposer une offre « sécurisée » sur le plan social.

 

Plants de vigne : Champagne, Bourgogne et Beaujolais créent une serre bioclimatique commune

Trois des principales régions viticoles de France, la Champagne, la Bourgogne et le Beaujolais, se sont associées pour lancer le 17 octobre la plus grande serre bioclimatique et hermétique aux insectes en France, destinée à faciliter la production de plants de vigne résistants. La future serre, baptisée Qanopée, d’une superficie de 4 500 m2 et implantée dans la commune des Blancs-Coteaux (Marne), en plein cœur du vignoble champenois dans la réputée Côte des Blancs, doit être mise en service en juin 2024. Face au changement climatique et à l’émergence de nouvelles maladies qui font mourir les plants de vigne, cette serre doit permettre de « sécuriser l’approvisionnement des pieds de vigne pour les vignobles de Champagne, de Bourgogne, du Jura et du Beaujolais », a souligné le président de l’association Qanopée, Thiébault Huber, par ailleurs président de la Confédération des appellations et des vignerons de Bourgogne. La bioserre, a-t-il ajouté, sera un "lieu de prémultiplication", cette étape essentielle consistant à produire les composants du pied de vigne : greffons, porte-greffes, qui seront ensuite associés par les pépiniéristes. Les premiers plants seront disponibles en 2027. Ils seront ainsi développés en milieu confiné et hors-sol, à l’abri des vecteurs de maladies, alors que la prémultiplication se faisait jusqu’à présent en plein champ, exposée aux champignons, virus ou insectes et aux aléas climatiques.

 

Vin : les coopératives « en convalescence » après une série de crises (observatoire)

La première édition d’un observatoire économique et financier de la filière vinicole a été publiée le 16 octobre par les Vignerons coopérateurs et le HCCA (Haut conseil de la coopération agricole). Établi sur la période 2017-2022, il montre un « retour à la profitabilité » des caves coops, après une série de crises liées à la météo, l’économie, la géopolitique. Les coopératives viticoles sont « en phase de convalescence », a souligné le président de la commission économique et financière du HCCA François Macé, lors d’un conseil de section à la Coopération agricole. Leur rentabilité opérationnelle, mesurée par le ratio entre Ebitda et chiffre d’affaires, atteint 5,68 % en 2021, un niveau plus élevé qu’en 2018. Mais les caves coops sortent d’un passage difficile en 2019 et 2020, y compris financièrement. Ces deux années d’investissement et d’endettement ont affaibli leur levier financier, qui a grimpé entre 11 et 12 (nombres d’années pour rembourser la dette) pour les structures de plus de 10 M€ de chiffre d’affaires, avant de descendre à 6,83 en 2021, soit un chiffre encore « trop important ». « La situation pourrait se dégrader à nouveau en 2022, avec la forte augmentation du besoin en fonds de roulement », selon le rapport, en référence notamment à l’explosion des taux d’intérêt.

 

Miel : une « bonne » récolte 2023, estimée à 20 000t par l’Unaf (apiculteurs)

« On peut raisonnablement estimer que la récolte de miel 2023 en France s’élève à environ 20 000 tonnes », a indiqué Christian Pons, président de l’Union nationale de l’apiculture française (Unaf) dans un communiqué le 17 octobre. La production française serait donc en hausse de 43 % par rapport à 2022 (14 000 t selon l’Unaf) et multipliée par deux par rapport à 2021 (10 000 t), soit « une bonne année » selon le syndicat. Les miellées de colza ont été « bonnes » dans la moitié nord de la France, celles d’acacia également en Bourgogne et dans l’Est, mais réduites « à néant » dans le Sud-Ouest à cause de gelées tardives. Dans le sud de la France, la récolte de miel de bruyère blanche et de lavande est plutôt « correcte » tandis que les miellées de garrigues, romarin et thym sont « médiocres ou des plus réduites ». Les productions de miel de montagne, polyfloral, tilleul, ronce, sapin, sarrasin et bruyère sont « le plus souvent correctes à bonnes ». En revanche, celle de châtaignier est « irrégulière » voire « médiocre » à cause des orages et celle de tournesol « reste de décevante ». Comme l’an passé, les zones de luzerne et sainfoin font l’objet de « très belles récoltes » car les plantes « résistent bien aux rigueurs du climat ».

 

Circuits courts : dix nouveaux magasins pour l’enseigne Bienvenue à la ferme d’ici fin 2024

Un sixième magasin « Bienvenue à la ferme » ouvrira ses portes, le 19 octobre, à Bâlines (Eure) et neuf nouveaux points de vente devraient être lancés en 2024, dont deux au premier trimestre, informe un communiqué du réseau de magasins en circuits courts. Cinq magasins commercialisent déjà des produits fermiers sous cette enseigne liée aux Chambres d’agriculture. Les lancements prévus pour 2024 marquent « un coup d’accélérateur », déclare Patricia Sijilmassi, directrice de Fermes and Co, société créée en 2021 pour développer et animer le réseau de magasins Bienvenue à la ferme. Les porteurs du projet tablaient au départ sur une centaine de magasins en 2026 et, désormais, sur une trentaine. « Nous avons complètement revu nos objectifs, nous serons plutôt sur un rythme de sept à neuf ouvertures par an », explique Patricia Sijilmassi. « Il a fallu prouver nos résultats pour embarquer plus de magasins avec nous », indique la directrice. Les magasins du réseau se portent bien malgré la forte inflation. « Nous observons une hausse de chiffre d’affaires et des paniers moyens », affirme-t-elle. Un point de vente situé dans l’Orne a cependant dû fermer ses portes il y a quelques mois. « Le magasin n’a pas décollé comme prévu en raison de choix stratégiques de notre partenaire. Nous avons décidé d’arrêter d’un commun accord », précise Patricia Sijilmassi.

 

Installation : en Pays de la Loire, la gauche régionale s’oppose au projet de DJA 2024-2027

Dans le cadre de la nouvelle programmation Pac, le conseil régional des Pays de la Loire doit se prononcer, le 19 octobre, sur une nouvelle méthode d’attribution de la Dotation Jeunes Agriculteurs pour la période 2024-2027. Dans un communiqué de presse du 17 octobre, le groupe d’opposition de gauche « Le printemps des Pays de la Loire » s’oppose aux nouvelles modalités d’accès à l’aide à l’installation. Le dispositif prévoit un socle de base de 20 000€, accompagné de deux modules de 7000 € et 15 000€ destinés respectivement à l’aide à l’installation en agriculture biologique et à l’élevage. Les élus du printemps des Pays de la Loire s’étonnent que l’accès à ces deux modules soit conditionné à un chiffre d’affaires supérieur à 91900 € annuels, soit le seuil du micro-bénéfice agricole. « Ce sont probablement 30 à 40 % des candidats s’installant sur des fermes viables en agriculture biologique qui n’auront pas accès à cette modulation légitime, faute d’un chiffre d’affaires en dessous du seuil fixé » affirme le groupe dans son communiqué de presse. Les élus prévoient de déposer un amendement lors de la prochaine session du conseil régional afin de supprimer cette conditionnalité de revenu.

 

Négociations commerciales avancées : pour Leclerc, « il n’y aura pas de baisses de prix »

Même si les renégociations commerciales entre supermarchés et agro-industriels sont avancées, « il n’y aura pas de baisses de prix » à leur issue, a estimé le représentant du leader de la grande distribution alimentaire E.Leclerc, Michel-Edouard Leclerc, le 17 octobre sur BFM Business. « On a perdu beaucoup de temps, aujourd’hui on va anticiper les négociations d’un mois et négocier dans un temps très court », a observé le président du comité stratégique des centres E.Leclerc. « C’est très clair, il n’y aura pas de baisses de prix », selon lui. Le gouvernement a présenté un projet de loi avançant de quelques semaines les négociations commerciales entre grands industriels et supermarchés pour l’année 2024. quelle que soit l’issue de l’examen parlementaire, déclare M. Leclerc le 17 octobre, « les industriels ne savent pas à quelle sauce ils vont être mangés en 2024 » en termes de prix, et débutent la négociation avec les supermarchés « avec des demandes de très fortes hausses allant de 5 à 25 % », selon celui qui explique que son enseigne espère « ramener l’inflation des produits de consommation courante au niveau de l’inflation générale » au terme de la négociation.

 

Soja : une production revue à la baisse par les États-Unis, et des cours qui bondissent

Dans son rapport Wasde du mois d’octobre, le ministère américain de l’Agriculture (USDA) a revu à la baisse le 12 octobre son estimation de production mondiale de soja pour la campagne 2023-2024. L’USDA table désormais sur une récolte de 379 millions de tonnes, contre 380,83 lors de sa précédente estimation un mois plus tôt. Ce changement devrait provoquer une réduction quasi-équivalente des stocks de fin de période, « qui restent très en hausse par rapport à l’année dernière », a indiqué Gautier Le Molgat, du cabinet Agritel, à l’AFP. Ces chiffres ont donné de l’élan au marché, qui a vu le contrat de référence pour l’oléagineux bondir à 3,15 %, à 12,92 dollars le boisseau (environ 27 kg). En outre, si les stocks mondiaux de fin de période devraient largement dépasser ceux des deux campagnes précédentes, « ils restent tendus » aux États-Unis, a souligné Jon Scheve, spécialiste du commerce céréalier chez Superior Feed Ingredients, ce qui explique l’envolée des prix. Même constat côté blé, pour lequel la prévision de production mondiale pour la campagne en cours a été revue à la baisse par l’USDA. L’USDA estime désormais la récolte à 783,4 millions de tonnes, contre 787,3 lors de sa précédente estimation. Ce serait moins que pour la campagne précédente, mais légèrement mieux qu’il y a deux ans.