Etiquetage des produits transformés
C'est parti !

Vivement réclamée par la profession, l’indication de l’origine des viandes et du lait dans les produits transformés vient de franchir une nouvelle étape. Après le feu vert du Conseil d’Etat, un décret sera publié en septembre pour une entrée en vigueur au 1er janvier 2017. Reste à en fixer les modalités d’application…
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Le 26 juillet, le Conseil d’État a rendu un avis favorable au projet de décret du gouvernement relatif à l’étiquetage de l’origine de "la viande dans les plats préparés" et du "lait dans les produits laitiers". Cette décision ouvre la voie à la mise en place de cette obligation dès le 1er janvier 2017 de manière expérimentale et pour deux ans.
Une réunion de concertation s’est tenue dès le 27 juillet au ministère de l’Agriculture avec les représentants des filières concernées et ceux des associations de consommateurs. Elle portait sur les modalités concrètes d’application de ce texte. Une prochaine réunion est d’ores et déjà prévue le 30 août, et le décret est attendu pour début septembre.
Lors de cette première réunion, les débats se sont concentrés sur trois points de discussion, dont le plus important a indéniablement été la définition des taux de viande à partir desquels l’étiquetage sera obligatoire.

Un seuil à 3 ou 5 %, pas plus !


Le seuil proposé pour les produits laitiers (50 %) n’a pas fait grand débat, car ils contiennent par définition largement plus de 50 % de lait. Ainsi, des produits de grande consommation, comme les crèmes desserts ou les riz au lait, ne seront pas concernés par le décret, car ils sont pas considérés comme des "produits laitiers".
Les débats ont donc surtout porté sur le seuil à imposer à la viande : certains industriels ont proposé le taux de 50 %, tandis que l’UFC Que Choisir plaidait pour un taux de 5 %.
De fait, le seuil proposé par l’UFC permettrait notamment d’intégrer des produits élaborés comme les lasagnes (en moyenne 8 % de viande) au dispositif, produit hautement symbolique dans ce dossier puisqu’il en est à l’origine depuis l’affaire du "horse gate"… L’UFC a alerté contre le scénario d’un seuil à 10 %, mettant en avant le grand nombre de produits contenant entre 11 et 12 % de viande et pour lesquels les industriels seraient tentés d’abaisser le taux de viande en deçà du taux seuil… Dans un communiqué paru le 28 juillet, Familles rurales propose même un taux de 3 %, pour intégrer un maximum de produits transformés. Et ce ne sont pas les producteurs qui iront à l’encontre de ces analyses…
Les débats ont également porté sur la possibilité d’établissement de seuils différents en fonction des types de produits à base de viande, notamment pour certaines spécialités charcutières.

Quid des lardons dans les pizzas ?


Par ailleurs, le ministère a précisé aux participants quels types de produits seront concernés par le texte.
De fait, les produits transformés à base de viande (des lardons par exemple) devront-ils déclarer leur provenance s’ils apparaissent dans des produits cuisinés comme une pizza ?
Dans l’état actuel du texte, ils échapperaient à l’obligation (contrairement à la viande séparée mécaniquement par exemple), mais leur sort n’a toutefois pas été définitivement tranché.
Les représentants des consommateurs se sont prononcés en faveur de l’identification. Quant aux industriels de Culture Viande, s’ils se sont dits favorables à l’étiquetage de ces produits, ils n’en feront toutefois pas leur cheval de bataille au regard des faibles volumes concernés.
Enfin, les participants ont débattu de l’octroi d’éventuels délais dans l’application de la loi, qui pourraient être accordés à certains produits emballés, jusqu’au printemps, pour permettre l’écoulement des stocks de ces produits mais aussi ceux des stocks d’étiquettes. Un sujet particulièrement sensible chez les industriels de la conserve et du surgelé.





Effet levier sur les prix


Dans un communiqué du 25 juillet, la Fict met en avant le rôle de l’étiquetage obligatoire dans la hausse des cours du porc. Pour les industriels, la « cristallisation de ces derniers mois autour de la demande d’étiquetage de l’origine France de la viande utilisée dans les produits transformés » est tout aussi responsable de la hausse des prix que la demande croissante de la Chine depuis le début de l’année, surtout en ce qui concerne les jambons, poitrines, épaules et abats. La Fict constate une hausse de +10 % en moyenne des prix des pièces de découpe, soit 30 centimes d’€ du kilogramme.

Cette réaction conforte manifestement l’analyse des producteurs qui, depuis longtemps, réclament l’indication de l’origine des viandes tant sur les produits frais quen sur les produits transformés comme les charcuterie ou les plats cuisinés. Cette réaction conforte aussi une autre demande portée par la profession de prise en compte des coûts de production dans les négociations commerciales, notamment avec les grandes surfaces. Mais, là, les industriels sont contre. Allez savoir pourquoi alors que la Fict alerte - dans le même communiqué de presse - sur les effets de ce redressement des cours qui profitent « à court terme, à l’amont de la filière, mais fragilisent dans le même temps, le maillon de la transformation ».