Syndicat caprin de Saône-et-Loire
Une réelle dynamique

La dernière assemblée générale du Syndicat caprin de Saône-et-Loire a été l’occasion de rappeler la dynamique qui prévaut depuis plusieurs années dans la production de fromages fermiers.
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C’est à Hautefond que le Syndicat caprin de Saône-et-Loire tenait, cette année, son assemblée générale, une assemblée qui, depuis trois ans maintenant, occupe toute la journée, avec la partie statutaire le matin, puis l’accueil sur l’exploitation d’un adhérent l’après-midi pour la partie technique. Cette année, c’était sur l’élevage du Gaec des Biens vivants à Champlecy que quatre ateliers techniques étaient organisés :
- la législation relatif à l’étiquetage, avec Guillemette Allut du Centre fromager de Bourgogne ;
- les coûts de production en élevage caprin, avec Jean-Luc Nigoul ;
- la prévention des risques sur l’exploitation, avec un préventeur de Groupama ;
- les statuts sanitaires caprins et les achats d’animaux, par le GDS.
Cette organisation séduit manifestement et permet aux adhérents de prendre le temps d’une journée de recul et de réflexion sur leur métier. A Hautefond le matin, la salle était pleine. Il faut dire qu’au-delà des adhérents, ils sont 35 en 2015, et de leurs partenaires, la journée est ouverte aux porteurs de projets d’installation ou de développement d’un atelier caprin, dont l’adhésion est gratuite la première année pour qu’ils puissent « prendre le train avec nous », mais aussi aux jeunes du CFPPA de Davayé, en formation caprine. Et manifestement, à les écouter, tous apprécient cette "journée" campée, aux dires de tous, dans le concret. Et du concret, il y en a !

Un système qui a fait ses preuves


« Dans le contexte que l’on voit en Agriculture, notamment dans la filière Lait de vache, notre petite filière nécessite certes beaucoup d’efforts et de travail, et notre système basé sur la vente directe passe à travers les tempêtes », observait Jean-Philippe Bonnefoy, président. Pour lui, il y a d’ailleurs de réelles opportunités de diversification ou d’installation, alors que « nous sommes indépendants des industriels, et à ce titre, peu en proie aux variations, par exemple, liées au prix du lait ». Et les éleveurs caprins engagés dans la filière industrielle en savent quelque chose…
Reste que, « parce que nous devons à la fois être de bons éleveurs, de bons transformateurs et de bons vendeurs, nous avons besoin d’un accompagnement et de compétences de proximité : nous travaillons du vivant. Nous avons un terroir qui arrive à être valorisé et nous avons le souci que cette filière perdure ».

Petit mais actif


Et manifestement, le Syndicat y travaille tant dans ses actions techniques que dans ses travaux plus économiques, comme les achats groupés, mais aussi en développant la formation pour les éleveurs ou en s’investissant dans la communication. On pense à ce sujet, notamment aux week-ends de portes ouvertes, fin avril début mai, qui sont l’action phare de communication du Syndicat. « Cette opération nous permet de mettre sur le devant de la scène la production de fromages fermiers de chèvre, de faire parler de nos exploitations dans les médias, en ouvrant les portes de nos exploitations, ce qui est un gage de confiance de montrer ce que nous faisons et comment nous le faisons », détaillait le président.
Quant aux formations, le conseil d’administration et Jean-Luc Nigoul, détaché par la chambre et le contrôle laitier auprès du Syndicat, a souhaité les axer en premier lieu sur la connaissance des coûts de production. A ce sujet, « nous commençons à disposer de réelles références en la matière issues de nos élevages du département, et non plus de départements autres », arguait le technicien. « Or nous avons une spécificité, c’est la diversification en élevage allaitant et il était important de mettre cela en lumière ». Mais l’offre en formation est plus large que cela, elle porte aussi sur la technique : "800 litres, c’est possible !", portes ouvertes au Pradel, techniques de production, valorisation de l’herbe…

Cohérence départementale


« Avec nos partenaires, nous travaillons à mettre tout le monde dans la même direction pour délivrer des messages communs », avançait Jean-Philippe Bonnefoy, soucieux d’une cohérence départementale dans les messages à destination tant des futurs installés que des plus anciens producteurs. Et les messages plaident en faveur d’une technicité accrue et poussée, mais aussi, et par exemple, en faveur de l’obtention de l’agrément CEE pour les ateliers de transformation.
Toujours dans le domaine technico-économique, le Syndicat a travaillé sur la valorisation des viandes issues de l’élevage caprin, celles de chèvres de réforme et de cabris. Une stagiaire, Alice Guyonnard, a travaillé en 2015 la question. Celle-ci - désormais embauchée pour trois ans au Centre fromager de Bourgogne - a ainsi recensé les opérateurs qui travaillent ou susceptibles de travailler la viande caprine, a conduit une approche technico-économique auprès des ateliers qui commercialisent ce produit, et a enfin réalisé des outils de promotion à destination de la clientèle. « Aux éleveurs de s’approprier ce travail et de faire fructifier les contacts », invitaient Jean-Philippe Bonnefoy et Jean-Luc Nigoul. La présentation détaillée témoignait de l’intérêt de se pencher sur la question, tant en matière de diversification d’activité et donc de fidélisation de clientèle que de revenu, et cela même si les données ont changé dans la filière… En effet, les collecteurs semblent à nouveau rechercher des cabris maigres pour l’engraissement…
« Lors de nos portes ouvertes, nous avons communiqué sur la viande de cabri en caissette. Nous tablions sur une cinquantaine de cabris et en avons finalement vendu soixante-quinze… », témoignait Etienne Cacheux du Gaec des Bien vivants, pour qui « c’est un autre métier : la viande, ce n’est pas du lait ! ».
Reste que le travail est à poursuivre et certains points encore à affiner, alors que la Fnec et la section Chèvre d’Interbev a lancé, en 2015, un logo pour la valorisation de la viande caprine française.
Il fut bien entendu question de la création, à l’initiative de la Fnec, de l’UNPLF, l’Union nationale des producteurs laitiers fermiers, qui vise « à avoir plus de poids politique et ainsi mieux défendre la filière » en fédérant les éleveurs laitiers ovins, bovins et caprins en prise avec les mêmes réglementations et les mêmes problématiques.




Rendez-vous en juin à Paray


A l’invitation de l’ODG fromage charolais, le concours national des fromages fermiers se tiendra en Saône-et-Loire, à Paray-le-Monial, les 25 et 26 juin 2016.
« Nous avons été sollicités il y a deux ans par la Fnec alors même que cela faisait déjà trois ans que Fromagora n’avait pas été organisé », détaillait Daniel Rizet, président du Syndicat de défense du fromage charollais. « Nous l’avions déjà fait en 2000 et il s’agit d’un vrai projet à porter, même s’il ne portera vraisemblablement pas cette fois le nom de Fromagora ». D’ores et déjà, nombre de contacts ont été pris en vue de la préparation de ce rendez-vous majeur pour la filière, inscrite ou non dans une démarche sous signe de qualité.
« Il y a un important, un gros travail d’organisation », faisait remarquer le président de l’ODG charolais, alors qu’entre trois cents et quatre cents échantillons de fromages devraient être attendus… Et dans la foulée, il faudra constituer les jurys, et mobiliser pour cela les fromagers, les restaurateurs et, bien entendu, les producteurs. « Ce rendez-vous est une opportunité pour mettre en avant les producteurs, les savoir-faire et les produits de notre département et de notre région », poursuivait Daniel Rizet qui invitait les éleveurs caprins de Saône-et-Loire à s’investir à ses côtés dans l’organisation de ce rendez-vous.





Ne pas rester isolé


En s’adressant d’abord aux jeunes, mais aussi à tous les participants, Jean-Philippe Bonnefoy soulignait l’importance de « sortir de chez soi. On en a un énorme retour. On parle avec les collègues, on apprend, on échange… Le réseau, ça vaut de l’or ! Le risque est important pour un éleveur, notamment caprin, de rester sur sa ferme, d’autant que du travail, il y en a ! Il faut bien reconnaître qu’il est difficile de prendre la décision de sortir de son quotidien, de rompre l’isolement, mais le bénéfice est en énorme ». Cette invitation, le président la lançait avec le recul et l’expérience du vécu et de l’épreuve qu’avec Valérie, son épouse, ils traversent cette année, depuis l’incendie qui a ravagé leur exploitation, La Chèvre Céronaise.
Plus tard dans la mâtinée, il remerciait Daniel Rizet d’avoir « pris le relai pour représenter le département et la région », alors qu’il venait d’être élu à la vice-présidence de la Fnec. Il remerciait aussi chaleureusement les adhérents du Syndicat ainsi que toutes celles et tous ceux, très nombreux, qui leur ont témoigné de l’amitié et apporté du soutien dans cette épreuve.
« Tous les ans, nous avons connaissance de situation de détresse dans notre profession », mettait-il en avant, comme pour insister sur le fait que, dans ce cas, rien n’est jamais préparé… et que cela pose, au fond, « la question de la solidarité ». « Celle-ci ne peut être à sens unique », soulignait Daniel Rizet en direction des jeunes notamment, rappelant que « l’existence d’une structure, quelle qu’elle soit, passe par une engagement régulier », en allusion, entre autres, aux services de remplacement.