Pascal Perron
Déchets verts pour économiser la paille

Depuis l’an dernier, Pascal Perron utilise des déchets verts issus d’une déchetterie communautaire comme litière. L’hiver dernier, ce matériau placé en sous-couche, lui a permis d’économiser entre 20 et 30% de paille. Une expérience intéressante d’autant que ces déchets verts lui sont fournis gratuitement par la collectivité.
128683--PPerron.JPG
Pascal Perron est à la tête d’une exploitation d’élevage comprenant 110 hectares d’herbe et 8 hectares de céréales à Martigny-le-Comte. Le cheptel compte 80 vaches charolaises. Toutes les femelles sont engraissées et les mâles sont vendus pour moitié en reproducteurs et pour moitié en broutards de fin d’année. Sur cette structure relativement chargée et dont les bâtiments sont en litière accumulée, la dépendance à la paille est un vrai souci. 100 à 120 tonnes doivent être achetées chaque année. Pour gagner en autonomie, Pascal Perron envisage notamment d’augmenter la part de ses cultures. L’alimentation à base de foin et d’enrubannage constitue cependant un bon point quant aux besoins en paille.
Lorsqu’à l’instar d’autres éleveurs du secteur, l’éleveur de Martigny reçut un courrier lui proposant gratuitement des déchets verts, ce dernier n’a pas hésité. La proposition émanait alors de la communauté de communes du Nord Charollais. Il s’agissait de déchets verts issus de déchetteries (tonte de pelouses, taille de haies, etc…).

Livrés broyés « gracieusement »



« Au départ, mes seules craintes portaient sur le pouvoir absorbant de ce produit ainsi que la présence de plastiques ou corps étrangers. La Chambre d’agriculture nous a guidés dans notre réflexion et nous avons pris des renseignements auprès d’un éleveur de Chambilly (Guy Beauchamp) qui utilise des déchets verts issus de déchetterie depuis plusieurs années », raconte Pascal Perron. Si le problème des corps étrangers a pu être déploré dans d’autres démarches de ce type, les déchets verts en provenance de Palinges se sont révélés très « propres ». Le fruit d’un tri rigoureux en déchetterie, se félicite l’utilisateur.
Les déchets verts sont broyés sur place avant d’être livrés « gracieusement » et le jour même sur l’exploitation. Arrivés début novembre chez Pascal Perron, ils sont restés stockés en tas sous la stabulation pendant une quinzaine de jours. Le temps que la fermentation provoque un échauffement temporaire du tas. Puis la marchandise a été étalée dans la stabulation en une sous couche de 15 à 20 cm. Cette tâche a été accomplie à l’aide d’un chargeur. Pascal pense toutefois qu’il vaudrait mieux le faire à l’aide d’un vieil épandeur à fumier afin d’éviter de tasser la sous couche de la future litière.

2 kg de paille économisés par génisse et par jour



Dans ce bâtiment que l’éleveur ne cure qu’une fois par an, cette sous-couche est restée en place durant tout l’hivernage des animaux. Ces déchets ligneux sont recouverts de paille. Si Pascal Perron a conservé l’habitude de pailler quotidiennement ses animaux, la quantité à apporter s’est immédiatement avérée moins importante. L’économie de paille estimée par l’éleveur est de l’ordre de 20 à 30%. « On voit les effets d’une absorption par le dessous. Les animaux sont globalement plus propres, notamment les jeunes », confie Pascal. De 8 kg par jour et par génisse de deux ans, la consommation de paille est descendue à 5 kg et les animaux sont finalement plus propres. Une économie de 2 kg par animal et par jour qui, pour 70 bovins, équivaut à 17 – 18 tonnes de paille en moins à acheter, calcule l’éleveur.

Fumier composté



Le fumier produit a été évacué des bâtiments le 10 avril dernier. Mis en andain dans une parcelle attenante à la ferme, il sera composté, tout comme le reste du fumier de l’élevage. Ce compost sera épandu sur les cultures et les prairies. Des analyses permettront de comparer les deux types de fumier ainsi que l’évolution des déchets ligneux. A ce stade, Pascal Perron s’estime d’ores et déjà satisfait de ce nouveau matériau en litière. Un nouveau tas de déchets verts lui a été livré ce printemps. L’expérience devrait être poursuivie l’hiver prochain.