Agriculture biologique
La filière poursuit sa croissance

Publié par Cédric Michelin
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Pas moins de deux ministres, la ministre de l’Ecologie et le ministre de l’Agriculture, sont venus ouvrir cette année la 15ème édition du Printemps Bio au Parc de la Villette. Un signe fort pour montrer leur volonté de soutenir, ensemble, la filière bio qui poursuit son développement sans accroc depuis une dizaine d’années.
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« La bio a fait des progrès réguliers ces 15 dernières années, tranquillement, mais sans aucun temps d’arrêt » explique Etienne Gangneron, agriculteur bio et président de l’Agence Bio, plateforme nationale d’information et d’actions pour le développement et la promotion de l’agriculture biologique. Comme tous les ans au lancement du Printemps Bio, évènement qui se tient dans toute la France du 1er au 15 juin, l’Agence Bio présente les derniers résultats de la filière qui, en cette période de crise, demeure très florissante. La France est aujourd’hui le quatrième pays européen en termes de surface biologique (4 % des surfaces cultivées sur le territoire, soit plus d’un million d’hectare), et cette surface croît avec régularité : + 9 % en 2013, à mettre en parallèle avec la consommation de produits bio qui a, elle aussi, augmenté de 9 % (en valeur) en 2013. La stabilité relative des prix depuis 2009 garantit au producteur une rémunération correcte, d’autant plus importante que le processus de conversion est contraignant : il faut deux ans avant d’obtenir la certification. Ainsi, bien que l’aide à la conversion soit maintenue, Etienne Gangneron se dit « très préoccupé par l’aide au maintien » qui avec la nouvelle PAC relève à présent de la responsabilité des régions et ne garantit pas un financement équitable pour tous les producteurs. Un manque de lisibilité qui est peut-être à l’origine du léger recul des surfaces en phase de conversion. Après une envolée en 2010-2011, en 2013 elles sont revenues à leur niveau de 2009, soit 130 000 hectares.


Filière d’avenir




Continuer les efforts pour soutenir le développement de l’agriculture biologique demeure donc indispensable. C’est dans cette optique que Ségolène Royal, ministre de l’Ecologie, et Stéphane Le Foll, ministre de l’Agriculture, sont venus lancer cette nouvelle édition du Printemps Bio lors de la Grande Tablée, mercredi 28 mai au Parc de la Villette, à Paris. La ministre de l’Ecologie s’est « réjouie de voir le ministre de l’Agriculture engagé dans la bio » et a salué " ce partenariat entre deux ministères d’habitude en opposition " pour une filière d’avenir en matière de transition écologique et de biodiversité. Mais avec un marché de 4,56 milliards d’euros en 2013, la bio est également un atout pour l’économie française. 75 % du bio consommé en France est produit en France, la proximité devenant un critère de plus en plus déterminant pour le consommateur. Les exportations ont dépassé 380 millions d’euros en 2013, contre 309 millions d’euros en 2012, constituées à 60 % par les vins biologiques qui marquent une nette progression. La poursuite de cette tendance permettrait d’équilibrer, d’ici 2015, une balance commerciale, pour le moment déficitaire, de 300 millions d'euros, les importations étant principalement dues aux produits exotiques. L’ensemble de ces chiffres constitue « un résultat d’exception », pour Elisabeth Mercier, directrice de l’agence Bio, qui invite à saluer « la performance des acteurs de la bio » et ajoute que ces bons résultats bénéficient également à l’emploi : la filière génère actuellement 100 000 emplois équivalent temps plein, et ce, sur tout le territoire, en grande partie dans des PME. L’augmentation de la consommation est une tendance de fond qui devrait se poursuivre : d’après le baromètre CSA Agence Bio, en 2013 le nombre de réfractaires aux produits bio a encore diminué, un français sur deux consomme bio au moins une fois par mois, 28 % en consomme et au moins une fois par semaine et 9 % quotidiennement. 83 % ont maintenu leur budget bio et 25 % ont l’intention d’augmenter ce budget en 2014. Avec 25 467 producteurs engagés en bio en 2013, les capacités de production correspondent aux attentes du marché ce qui, d’après Etienne Gangneron, « laisse le temps aux producteurs de s’organiser et de se structurer » pour répondre à la demande. Un point positif également souligné par Stéphane Le Foll pour qui « associer le niveau de la production avec le potentiel de la consommation garantit l’équilibre économique de la filière ». 160 millions d’euros sont investis chaque année dans la filière bio à travers le plan Ambition Bio 2017 mis en place par le gouvernement. Le meilleur reste à venir pour cette filière en plein essor présentant encore « des potentialités de développement », a ajouté le ministre de l’Agriculture, évoquant notamment la restauration collective et l’hôpital, secteurs où de grandes marges de progression sont possibles.