A Sivignon jusqu'en 2018
L’artisanat des tranchées s’expose

Après avoir porté à bout de bras pendant quatre années le Musée du poilu de Cormatin, Patrice Mazoyer a souhaité célébrer le centenaire du début de la grande guerre en présentant, à Sivignon, son extraordinaire collection d’artisanat de tranchées.
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Préserver et faire connaître au plus grand nombre l’artisanat des tranchées, transmettre une autre vision de la grande guerre et décrire la vie des poilus à travers leurs chefs-d’œuvre. Tels étaient les principaux objectifs du Musée du poilu de Cormatin géré de 2008 à 2011 par l’association Histoire collection passion. Quelque 16.000 visiteurs se sont pressés pour découvrir une collection unique de mille pièces ainsi que différentes reconstitutions.

Première étape à Cormatin


A l’origine de ce projet, Patrice Mazoyer –géomètre topographe de profession– a commencé à parcourir au début des années 1990 les vide-greniers de sa région à la recherche de cartes postales anciennes des petits villages du Clunisois et du Charollais. C’est dans une brocante de Bresse qu’il est attiré par un vase en laiton portant les inscriptions "Alsace 1917". Une œuvre créée à partir d’une douille d’obus de 75 mm. Désireux d’en savoir plus, il commence par faire des recherches dans des revues d’époque. « Au début, je collectionnais uniquement des vases. J’ai ensuite découvert d’autres objets. J’ai voulu répertorier l’ensemble des souvenirs fabriqués pendant cette guerre et les faire connaître. L’idée était d’ouvrir un lieu pour montrer ma collection », laquelle comporte aujourd’hui plus de mille objets d’artisanat de tranchées.
Après les années passées à Cormatin « qui furent formidables », Patrice Mazoyer a ressenti le besoin de faire une pause car « cela devenait lourd à gérer et nous avons souhaité nous arrêter ». Mais avec l’idée de redémarrer autre chose en 2014, centenaire du premier mondial obligeant.

Seconde escale à Sivignon


Ce qui sera chose faite dès le 14 juillet à Sivignon. Dans une ancienne étable refaite à neuf, Patrice Mazoyer présentera de 2014 à 2018, dans le même esprit qu’à Cormatin, des pièces rares avec une scénographie particulièrement soignée. Les visiteurs ressentiront l’atmosphère propre à cette période en apercevant une grande diversité de créations, certaines utilitaires comme les lampes, les briquets et les cannes pour aider à marcher dans la boue. D’autres simplement décoratives à l’image des vases, des bijoux, des coupe-papier et des cartes brodées. Des objets qui étaient, pour un certain nombre, fabriqués en captivité en Allemagne par les soldats français. Ils utilisaient des os, du bois, du pain ou des pierres pour créer par exemple des broderies ou des cadres photos. Des ouvrages qui donnaient même lieu à des concours à destination des prisonniers ! D’autres étaient conçus en infirmerie et dans les hôpitaux comme les canevas et les paniers en osier. A Rennes, il y avait même une boutique spécialisée dans la vente d’objets des blessés au travail pendant la guerre.
Pour donner un côté encore plus humain, Patrice Mazoyer a reconstitué une cuisine où la famille est dans l’attente de nouvelles du front. Ou encore un poilu qui écrit à sa famille. Des poilus qui correspondaient notamment avec leurs proches pour demander de la matière première afin de réaliser leurs souvenirs de tranchée.
A signaler, enfin, que le théâtre du Passavent sera étroitement associé à cette exposition en proposant, chaque année, une pièce en rapport avec l’histoire. En 2014, il s’agira de "Mémoire de coquelicots". La troupe fera revivre le quotidien de 1914 : chansons, musiques, sons, bruits, textes et silences illustreront cette période troublée lors de représentations programmées les 9, 10, 16 et 17 août à Sivignon.
Au château de Sivignon, ouverture tous les jours de 14 h à 17 h 30 en juillet et août, le dimanche de 14 h à 17 h 30 du 16 septembre au 11 novembre et sur rendez-vous. Tarifs : 6 € (adultes), 4,50 € (groupes de plus de 20 personnes) et 3 € (moins de 12 ans). Pour tout renseignement, tél. : 06.27.27.72.92.


Les fusillés innocents durant la grande guerre


Publié aux Editions de l’Astronome, l’ouvrage de Mino Faïta intitulé "Les fusillés innocents durant la Grande Guerre" revient sur une page méconnue du premier confit mondial, trop longtemps occultée. Jusqu’au milieu des années 1960, le silence a été total. Le premier à aborder la question fut Guy Pedroncini, officier de l’armée. Il faudra attendre un quart de siècle pour voir des historiens de renom s’intéresser au dossier et poser des questions forcément dérangeantes pour la Grande Muette. Parmi les 2.400 condamnations à mort prononcées et les 600 exécutées figurent des fantassins et autres chasseurs alpins combattant au sein du 14e corps d’armée. Une unité tristement célèbre pour avoir inauguré la politique d’exécutions pour l’exemple avec 13 hommes tués par leurs compatriotes en l’espace d’une semaine au cours du seul mois de septembre 1914.