Prévention des incendies
Gare aux fourrages !

Le 16 mai, sur une exploitation de Saint-Boil, les caisses locales Groupama de Buxy et de Saint-Gengoux ont rassemblé près soixante-dix personnes pour une séance de prévention des risques d’incendie. A la veille d’attaquer les foins, un technicien est venu parler des risques de surfermentation des fourrages et des moyens de prévention, sonde à fourrage notamment.
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Le 16 mai, les caisses locales Groupama de Buxy et de Saint-Gengoux ont organisé une réunion de prévention des incendies à Saint-Boil. L’idée a germé dans la tête du président de la caisse locale de Buxy, Hubert Dury, lequel s’est tourné vers son homologue de la caisse de Saint-Gengoux, Marcel Douhay, pour préparer un projet commun. « Nous avons eu la volonté de développer une action de prévention locale en phase avec les préoccupations de la caisse régionale qui souhaite accentuer les efforts dans ce domaine. C’est une première dans le département. Notre souhait à Groupama est de développer ce genre d’animation à l’ensemble de la Saône-et-Loire », confiait Marcel Douhay.
Mobilisé sur le sujet, l’assureur mutualiste vient de renforcer ses équipes de techniciens de prévention. « La prévention doit nous permettre de minimiser ces gros sinistres qui impactent fortement la caisse régionale. C’est une économie pour la caisse, mais aussi pour les exploitants dont les cotisations sont dépendantes de ces sinistres », expliquait Marcel Douhay. Des visites de prévention sont proposées gratuitement à tous les jeunes sociétaires et les souscriptions se feront sur la base d’une évaluation de la prévention mise en place sur l’exploitation, détaillent les représentants de Groupama. C’est une véritable éducation de la prévention qui est à faire auprès des agriculteurs. « On y a tout intérêt avant que cela ne devienne trop draconien », estimait Marcel Douhay.

Eviter la surfermentation


Alors que les premiers chantiers de fenaison se profilaient dans le département, Gilles Rochelle, conseiller en prévention Groupama, est venu parler des risques de « surfermentation des fourrages ».
« Dès qu’on coupe de l’herbe, elle chauffe »,
débutait le technicien. C’est un processus naturel qui s’amplifie fortement si le taux d’humidité du fourrage dépasse 20 %. L’échauffement du fourrage se fait en trois phases. La première correspond à une fermentation naturelle. La seconde étape correspond à une prolifération de l’activité des micro-organismes provoquant une « surfermentation ». La troisième et ultime phase est le théâtre de réactions chimiques provoquant oxydation et carbonisation. Visuellement, la succession de ces trois phases se caractérise par un changement de couleur du fourrage, suivi d’une carbonisation générant des cendres blanches et de la fumée blanche. C’est un phénomène long. Il peut prendre de quelques jours à plusieurs semaines suivant la quantité de fourrage stockée. Les conditions de récolte et la qualité des fourrages jouent aussi.

Fourrage sec et pressage soigné


« Pour prévenir les risques, l’idéal est de couper le foin quand il est mur et dans de bonnes conditions climatiques », recommandait Gilles Rochelle. Le fourrage doit être le plus sec possible, le pressage soigné. Cela commence à la préparation des andains qui ne doivent pas être trop tassés ce qui évite aussi les bourrages. La presse doit être utilisée en respectant les préconisations du constructeur (rotation). L’entretien doit être accompli avec soin : « bien lire les notices pour ne pas oublier de graisseurs et nettoyer les machines », conseille le technicien.

Ammonitrates, phytos, automoteurs…


La prévention des incendie touche aussi l’empilage des balles : de préférence sur champ pour les balles ronde en favorisant une bonne ventilation. Attention aux stockages aggravants : « l’ammonitrate est un accélérateur de combustion de même que les produits phytosanitaires sont inflammables », mettait en garde Gilles Rochelle.
Même précaution avec les automoteurs à ne pas stocker à côté des fourrages. Nombre d’incendies sont provoqués par un engin motorisés, signalait le préventeur de Groupama.
« En dessous de 20 % d’humidité, on considère qu’un fourrage est suffisamment sec. Entre 20 et 30 % d’humidité, il ne faut pas le stocker. Mieux vaut laisser les balles rondes dehors durant 8 à 15 jours. Au-delà de 30 %, il ne faut en aucun cas presser le fourrage », indiquait le technicien. Dans le cas des balles carrées, l’impossibilité de les laisser séjourner à l’extérieur une fois pressées oblige à respecter scrupuleusement la règle d’un taux d’humidité inférieur à 20 % avant pressage...

Contrôle de la température


Une fermentation normale se fait entre 30 et 50°C. De 45 à 65°C, le fourrage est en « surfermentation ». Un contrôle régulier à l’aide d’une sonde thermique peut permettre de déceler tout risque d’embrasement. Ces contrôles doivent être effectués plusieurs fois dans la journée. Au cours d’une fermentation normale, la température du fourrage augmente puis redescend. « Tant que la température monte, il faut continuer à contrôler », recommandait Gilles Rochelle. Lorsque la température atteint un seuil critique, il faut alors sortir le fourrage de toute urgence et alerter les secours.
Toutes les caisses locales Groupama du département disposent aujourd’hui de sondes thermiques. Les sociétaires peuvent les emprunter auprès de leurs présidents. Le coût d’achat de telles sondes serait compris entre 200 et 300 €.


Caméra thermiques

Déceler les échauffements dans les tableaux électriques


Les préventeurs de Groupama sont équipés de caméras thermiques. Elles sont utilisées pour déceler les échauffements à l’intérieur des tableaux électriques dans les bâtiments à forte consommation. Les causes d’incendies dans les installations électriques sont un fil mal serré, un câble mal dimensionné, une rallonge inadaptée… Le regard d’un professionnel de l’électricité est vivement recommandé. Munis de leurs caméras thermiques, les préventeurs de Groupama interviennent gratuitement dans des exploitations ciblées à forte consommation d’énergie. En agriculture, ce peut être des élevages hors-sol ou bien des exploitations laitières munies de robots de traite…