Tournesol
Irriguer juste et rentable

Publié par Cédric Michelin
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Les fortes chaleurs de ces derniers jours engendrent une évapotranspiration importante, faut-il pour autant démarrer les irrigations sur tournesol ? La réponse à l'eau bien connue de cette culture peut dérouter mais la question doit se poser en terme de surface foliaire au stade bouton puis en terme de satisfaction des besoins à partir de la floraison.
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L'expérience montre que dans nos régions une irrigation relativement modérée, bien positionnée, d'un à trois tours d'eau selon la pluviométrie et la réserve du sol est très bien valorisée en terme de rendement et de teneur en huile. Le gain est de l’ordre de 5 quintaux par tour d’eau de 40 mm.


Première irrigation au stade bouton (E2)



Avant l'apparition du bouton, tout apport d'eau n'est pas d'actualité et peut même être contre-productif en entrainant une surface foliaire excessive. Au stade bouton (E2 = bouton de 0,5 à 2 cm - bractées bien distinguables), un éventuel apport d'eau est à raisonner en fonction du développement végétatif atteint. Dans le contexte de l'année la question doit se poser dans les parcelles à faible réserve, tout particulièrement quand on cumule hétérogénéité de peuplement et développement végétatif limité.
En pratique réaliser un tour d'eau si le développement est en dessous de l'optimum à ce stade : indice foliaire 1,7, c’est-à-dire 1,7 m² de surface foliaire déployée par m² de surface au sol, de manière à amener une surface foliaire optimale à floraison. Ensuite attendre l’approche de la floraison pour ré-intervenir


Se reposer la question vers la floraison



La phase de réelle sensibilité au stress hydrique du tournesol débute avec la floraison et se poursuit jusqu'au grossissement des graines. Pendant toute cette période, l'irrigation doit être raisonnée pour faire durer autant que possible la surface foliaire. La meilleure efficience de l’eau est obtenue quand la surface foliaire à floraison est juste suffisante pour que l’interception de l’énergie solaire soit maximale. Cet optimum est connu, il correspond à un indice foliaire de 2 à 2,5 début floraison (F1), c'est-à-dire 2 à 2,5 m² de feuilles déployées pour 1 m² de sol occupé par la culture. Si la surface foliaire est plus importante le rendement de la machine photosynthétique n'est pas meilleur par contre la plus grande surface foliaire engendre une plus forte évaporation-transpiration d'où l'intérêt de ne pas débuter trop tôt au stade végétatif les irrigations. Cependant si la tendance actuelle se poursuit, l'intérêt de l'irrigation juste avant fleur parait acquise
Une satisfaction raisonnée des besoins (70 % d'une consommation maximale) permet d'assurer pendant la floraison le nombre de graines, première composante du rendement, et après floraison le grossissement de ces graines (PMG) ainsi que la teneur en huile.


Des tours d’eau gagnants



Si on reprend dans le détail, année après année, l’expérimentation réalisée sur le site du CREAS à Lyon Saint-Exupéry dans les années 2000, dans une situation de sol de graviers, à réserve hydrique moyenne, l'optimum se situe entre 0 et 4 tours d'eau : Aux extrêmes, intérêt nul d'un apport en 2002, ainsi qu'en 2007, années d'été pluvieux, tandis que dans le cas de l’été très sec de 2003 un apport de 160 mm en quatre irrigations - le premier au stade bouton - a permis de gagner 22 q/ha par rapport au témoin en sec.
Pour illustrer la stratégie en cas de disponibilité en eau limitée, on peut s'appuyer sur l'expérimentation 2006, pour laquelle l'irrigation optimale consistait en trois tours d’eau, soit un apport de 120 mm, permettant un gain de près de 15 quintaux, avec une optimisation des deux composantes : nombre de graines et PMG, et une teneur en huile de 8 points au dessus du témoin sec. Dans ce contexte, une seule irrigation avant ou après floraison donne un gain en rendement comparable, mais avec un avantage décisif à l’irrigation de post floraison pour ce qui est de la teneur en huile (+ 4 points). Quand on peut apporter deux tours d’eau, l’encadrement de la floraison vérifie qu’il s’agit du meilleur positionnement quant à la productivité. Mais il faut aussi souligner l’intérêt de l’irrigation tardive au niveau de la teneur en huile (cas des deux apports en post-floraison).

L’irrigation améliore la teneur en huile sans impact négatif la teneur en acide oléique
En améliorant le fonctionnement des plantes, l’irrigation permet en plus des gains de rendement, une meilleure teneur en huile : + 1.4 point d’huile pour 100 mm en moyenne sur la série d’essais réalisés au CREAS (1997-2005).