Exportations et oenotourisme
Le vin : premier atout de la France

Publié par Cédric Michelin
-
Pour son premier déplacement en tant que nouveau Secrétaire d’Etat chargé du Commerce extérieur, de la Promotion du Tourisme et des Français de l’étranger, Thomas Thévenoud a choisi la coopérative viticole de Lugny. Un « symbole » pour lui qui compte aider les entreprises françaises à gagner des parts de marché à l’export et faire dépenser plus les touristes de passage.
128961--DSC_0154.JPG
Angleterre, Etats-Unis, Belgique… La cave de Lugny exporte. Et même pour 35 % de son chiffre d’affaires annuel (11,5 millions d’€ sur 33 millions d’€) contre seulement 5 % pour la vente directe. « Incontournable » donc, insistait Marc Sangoy, le président de la coopérative. Derrière, ce sont 400 adhérents et plus particulièrement 250 exploitations, en plus des 50 salariés, qui en dépendent. « Alors que nous avions des craintes pour nos marchés, c’est nous qui arrivons à nous développer, comme en Australie avec les Crémants de Bourgogne ». Évidemment, l’euro « fort » est un frein parfois. Car le « principal handicap » reste la compétitivité pour pouvoir pénétrer certains marchés étrangers. « Il faudrait baisser le cout de la main d’œuvre, diminuer les charges et nous simplifier l’embauche », réclamait le vice-président de l’Union viticole de Saône-et-Loire. Le président de la Fédération des caves coopératives Bourgogne-Jura ne comprend d'ailleurs pas pourquoi les coopératives n'ont toujours pas le droit au Crédit Impôt Compétitivité Emploi (CICE). « Le vin est le deuxième contributeur à l’export. Mais, contrairement à l’aéronautique, tout est produit chez nous en terme de valeur », soulignait justement Michel Barraud.

Gagner des parts de marché



Le nouveau Secrétaire d’Etat chargé du Commerce extérieur, Thomas Thévenoud répondait en affichant sa volonté « d’aider les entreprises qui veulent gagner des parts de marché ». Visiblement, l’ancien député du Mâconnais fut marqué par l’histoire de son prédécesseur, Henri Boulay, fondateur de la cave. « J’ai insisté pour que ma première sortie soit en Saône-et-Loire, montrer que vous pouvez compter sur moi, et plus particulièrement dans une coopérative de producteurs, qui se démènent pour trouver des solutions ». Pour développer les exportations françaises, le Gouvernement compte donc "créer" des « familles » à l’export pour « fédérer » les entreprises d’un même secteur/filière et « simplifier » les démarches à l’international. La filière viticole s’est déjà de longue date organisée...
Louis-Fabrice Latour, co-président du BIVB, donnait les derniers chiffres pour la région sur les six premiers mois 2014. Stables en valeur mais régression en volume (-15 %) pénalisé, selon lui, par des cours en « hausses ». Le négociant estime néanmoins que la Bourgogne « a gagné la bataille de la valeur mais pas des volumes ».

Welcome Made in France



Ce qui entraine ensuite de se défendre juridiquement à l’international sur les mentions traditionnelles (Chateau, Clos…) ou semi-génériques (Californian Chablis…), expliquait Jean-Michel Aubinel, président de la Confédération et Appellations des Vignerons de Bourgogne (CAVB). Un combat similaire au droit des noms de marques ou Domaines sur Internet. Dans ces négociations internationales ou bilatérales, Thomas Thévenoud constate effectivement que « les acteurs traditionnels sont déstabilisés par de nouveaux acteurs » et faisant alors le lien avec le tourisme : « Internet change par exemple nos modes de consommation. Sa gouvernance (Icann) ne peut pas être un far-west : il y a des règles ».
En attendant, Thomas Thévenoud veut « exporter le made in France » et inculquer « à chaque français, le Welcome in France » pour améliorer l’accueil touristique de notre pays, première destination mondiale mais seulement troisième en terme de « panier moyen » dépensé…
Le président du BIVB l’interrogeait sur cet autre grand portefeuille de son ministère : le tourisme. « L’Interprofession a un projet de Cité des Vins de Bourgogne pour valoriser ses vins et devenir un lieu de découverte pour les touristes, avant de les orienter vers des Cités filles à Mâcon ou Chablis », expliquait Claude Chevalier. Un projet qui comme la candidature des Climats de Bourgogne à l’Unesco se heurte parfois à une certain mutisme des politiques publiques au national. Le directeur de la cave, Edouard Cassanet lui présentait d’ailleurs une publicité vantant les charmes de la Bourgogne sur le marché américain. Une publicité interdite en France en raison de la loi Evin...
« Il ne faut pas être honteux et oser en parler. Le vin contribue au rayonnement de la France. Je vais partir et poser des flacons sur les bureaux des Présidents et Ministres », insistait-il, disant qu’il avait déjà commencé ce rôle lors de Convention des Ambassadeurs de France, samedi dernier. Espérons que ce VRP de choc saura convaincre et ouvrir de nouveaux marchés.



De la considération pour les producteurs



Exporter ou se diversifier en viticulture - comme en agriculture - demande courage et donc confiance en soi. Le président de la FDSEA de Saône-et-Loire, Bernard Lacour plaidait donc pour que la France dans son ensemble soit fier « des Hommes et Femmes qui au quotidien travaillent la terre, développent des produits d’excellence et font vivre des territoires » appelant ainsi la société a faire preuve de plus de reconnaissance envers ceux qui « nourrissent l’humanité ». Un message relayé également par le président de la Chambre d’Agriculture de Saône-et-Loire et de Bourgogne, Christian Decerle qui réclamait plus de « considération » y compris « d’en haut ». « Il appartient à tous d’être facilitateur plutôt que de remettre des couches sur le dos des producteurs ».

« Pour redistribuer ou avoir une justice sociale, il faut produire ; comme les agriculteurs le font. La France ne peut être qu’un pays de services. Chaque Français a son rôle dans le redressement de notre pays », concluait le Ministre.