Sylvia Corpet à Beaubery
L’art de relier le passé au présent

Depuis un peu plus d’an, Sylvia Corpet s'épanouit pleinement dans son nouveau métier qui fait en sorte de mettre en valeur les écrits d’hier et d’aujourd’hui. Une relieuse qui a plus d’une corde à son arc.
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Lasse de la vie parisienne malgré un métier qu’elle aimait, Sylvia Corpet a ressenti le besoin de couper avec le quotidien citadin pour effectuer un retour à la campagne. Elle trouve alors son bonheur en Bourgogne et plus précisément dans le Charollais à Beaubery. Après plusieurs années passées dans le commerce et la restauration, elle choisit une activité davantage en rapport avec ses aspirations profondes.

La reliure comme évidence


Si, dans un premier temps, elle songeait à se lancer dans la restauration de peintures et de tableaux, une rencontre va bouleverser ses plans. « J’ai fait la connaissance d’un relieur installé à Saint-Denis-de-Cabanne dans la Loire. J’ai alors découvert un métier dont je suis tombée littéralement amoureuse ». Dès lors, Sylvia a trouvé sa voie. « J’ai cherché un lieu pour me former. Je suis passée par une école de reliure à Arles pour une semaine de découverte. Je me suis rendu compte que c’était en effet ce que je voulais faire ». Elle effectue ensuite une année complète de formation et sort diplômée en 2015. Mais le plus dur commence alors... « Il a fallu trouver des clients. Pour cela, j’ai fait du porte à porte. J’ai ciblé les communes car elles ont l’obligation de relier leurs registres et de restaurer leurs anciens registres ». Et ce sont des particuliers lui ont permis de fourbir ses premières armes, à l’image de cette restauration du "Voyage de La Pérouse autour du monde", un ouvrage de 1797. « J’ai ensuite travaillé avec des mairies. Et le bouche à oreille a fait le reste ».

Tintin en flamand


Au sein de son atelier, Sylvia propose de réaliser aussi bien de la reliure d'art que de la dorure, de la réparation, de la restauration de livres et de documents. « La reliure reste mon activité principale. Il faut savoir qu’il y a 82 étapes pour relier un livre. Les délais peuvent généralement varier de quatre à huit mois selon le travail à réaliser. Il y a des délais incompressibles comme la mise sous presse, le temps de colle… Et il faut respecter ces délais pour respecter le livre ». Quant à la restauration, elle peut être particulièrement complexe. « Avec des livres très abîmés, il convient de travailler au millimètre. Avec une extrême précision. C’est un travail fatigant, notamment au niveau des yeux ». Mais cela génère quelques belles satisfactions à l’image de ces dix-huit bandes dessinées de Tintin en flamand, en bien mauvais état que lui ont confié des clients venus tout spécialement de Belgique.

Partager son savoir


Soucieuse de partager son savoir et sa passion, Sylvia Corpet anime régulièrement des stages de formation et de perfectionnement, du niveau débutant au niveau expert. Qu’il s’agisse de la découverte de la reliure et de la dorure ou de cartonnage, y compris à destination des enfants et des adolescents. Quant au futur, Sylvia envisage d’ores et déjà de s’agrandir « car pour donner les cours, nous somme un peu à l’étroit. J’espère aussi que, dans le futur, je pourrai embaucher. Je ne pensais pas avoir autant de clients aussi vite ». La rançon d'un travail de haute qualité reconnu.



Les Jema du 31 mars au 2 avril


Les Jema pour Journées européennes des Métiers d’art rassemblent les professionnels des métiers d’art autour d’un thème polymorphe et fédérateur : savoir(-)faire du lien. Liens culturels, sociaux et économiques, entre générations, disciplines, territoires et professionnels. A travers cette thématique, l’Institut national des Métiers d’art entend valoriser la diversité des métiers d’art et des connexions qu’ils génèrent ou induisent. Quelle que soit leur nature, les liens créés par les métiers d’art sont au fondement de leur identité. C’est la transmission d’un savoir-faire entre un maître et son apprenti ; la rencontre d’un consomm’acteur et d’un professionnel autour de valeurs partagées ; le lien qui relie le citoyen à un patrimoine culturel immatériel et bien vivant, la relation de transparence et de proximité d’une entreprise non délocalisable avec son territoire.
En Saône et Loire, il y aura une exposition gratuite au parc des expositions L’Eduen à Autun de soixante artisans et artistes le 1er avril de 10 h 00 à 19 h 00 et le 2 avril de 10 h 00 à 18 h 00. En outre, trente ateliers seront ouverts sur l’ensemble du département du 31 mars au 2 avril (www.journeesdesmetiersdart.fr/). Sylvia Corpet garde un grand souvenir de l’édition 2016. « Cela a été un énorme succès avec 174 visiteurs. C’était complètement inattendu. Cette année, je proposerai des démonstrations de restauration, de couverture et de dorure de livres. »