Note de lecture
« Panique dans l’assiette, ils se nourrissent de nos peurs » de Gilles Rivière-Wekstein

Publié par Cédric Michelin
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Toutes les enquêtes d’opinion le confirment : les Français sont de plus en plus nombreux à s’inquiéter de leur alimentation et à avoir le sentiment qu’on leur cache quelque chose. « Panique dans l’assiette, ils se nourrissent de nos peurs » nous fait découvrir les origines de nos peurs. Cet ouvrage traite donc des pesticides, des OGM et de leurs effets sur la santé ainsi que ceux qui en profitent.

Le phénomène n’est pas nouveau. Au cours de notre histoire, la peur de manquer était fréquente surtout quand surgissaient des famines et disettes consécutives à des récoltes catastrophiques. Jusqu’à la dernière guerre mondiale où les autorités ont mis en place les tickets de rationnement. Les nouveautés ont également un effet anxiogène : la pomme de terre et la tomate venues d’Amérique du Sud ont mis longtemps à s’imposer en raison de leur effets supposés délétères sur la santé. Aujourd’hui, ce sont les pesticides, les OGM, l’industrialisation des processus de la fabrication des aliments qui sont dans le collimateur. L’auteur décrit longuement le rôle de certaines associations écologistes et de l’usage politique qu’elles font des crises sanitaires et des inquiétudes de l’opinion publique. Ainsi de Générations futures et de son leader François Veillerette qui ne cesse de dénoncer les pesticides et leur rôle dans l’apparition des cancers. Idem pour le Comité de recherche et d’information indépendante sur le génie génétique (Criigen) et de son porte-parole, Gilles-Eric Séralini qui focalise son combat anti-OGM par des méthodes pour le moins hétérodoxes. Quelles qu’elles soient, ces organisations savent à merveille utiliser la télévision et les médias ainsi que les réseaux sociaux pour distiller des messages anxiogènes. Elles sont souvent relayées d’ailleurs par les politiques de droite comme de gauche particulièrement sensibles à leur argumentation.

Une alimentation pourtant très sûre

Pourtant, l’alimentation n’a jamais été aussi sûre. Les intoxications alimentaires sont beaucoup plus rares qu’autrefois. Et si l’espérance de vie a augmenté, on le doit en partie à l’alimentation devenue au fil des ans plus saine, plus abondante et plus diversifiée. Quoi qu’il en soit, ceux qui dénoncent les pesticides ou les OGM et qui surfent sur nos peurs sont peut-être de bonne foi, mais certains d’entre eux en tirent de confortables bénéfices, insiste l’auteur qui dévoile une réalité insoupçonnée. Ainsi, certaines ONG comme Greenpeace profitent des campagnes alarmistes pour susciter des dons qui lui permettent de financer des actions médiatiques spectaculaires. La grande distribution n’est pas innocente et notamment Carrefour, qui a été la première enseigne à mettre des produits non OGM dans ses rayons et à le faire savoir. Les autres groupes, Auchan, Système U, Leclerc ont suivi. L’industrie alimentaire n’est pas en reste comme Nestlé ou Danone par exemple. Voire Biocoop, le leader de la distribution des produits bio. Ces entreprises et d’autres ont senti tout le profit qu’elles pouvaient tirer des produits bio ou « sans », sans pesticides, sans gluten, sans sucre, sans lactose..., en utilisant ainsi toutes les ficelles du marketing de la peur et jeter le discrédit sur les produits normaux. Un ouvrage (1) à recommander à ceux qui souhaitent en savoir plus sur l’origine des peurs alimentaires et les bénéficiaires qui en profitent souvent à coups de manipulations et de désinformations.

(1)    Panique dans l’assiette, ils se nourrissent de nos peurs, de Gil Rivière-Wekstein, préface de Denis Corpet, professeur émérite « Hygiène et Nutrition humaine » à l’Ecole nationale vétérinaire de Toulouse. Éditions Le Publieur. Prix : 19 euros.