La filière Veau travaille à une statégie d'avenir

Pour l’heure, la valorisation du bien-être est difficile, pourtant ce dernier pourrait bien devenir demain un clé d’accès au marché…

« Ce qui s’est passé dans l’œuf avec un changement brutal des méthodes d’élevage suite à une pression de la distribution, cela me fait peur », a souligné Marc Butruille, président du Syndicat national de la vitellerie française, et par ailleurs directeur général de Mamellor, le 26 avril lors du 6e symposium international du veau qui se tenait en France, à La Baule. « Restons dans le raisonnable et dans l’économiquement rentable », a-t-il mis en avant lors d’une intervention sur le bien-être animal durant le symposium.

La filière veau de boucherie a effectivement déjà du mal « à recruter » de nouveau éleveurs, selon Alexandre Merle, le président d’InterVeau, qui a évoqué le « bien-être de l’éleveur ». La question du bien-être animal est particulièrement prégnante dans cette filière puisque la production concerne de jeunes veaux (14 jours), comprenant une période de transport avant engraissement dans des bâtiments fermés. Les veaux vivent alors sur caillebotis, sont nourris deux fois par jour et présentent un certain nombre de stéréotypies (comportements anormaux, parfois jusqu’à 30 % du temps). Denis Simonin, chef de secteur pour le bien-être des animaux à la Commission européenne, a rappelé à quel point la problématique du bien-être animal émergeait dans le monde, ce qui est désormais le cas même au Brésil au sein de la filière viande bovine.

Un sujet qui se mondialise

« L’Organisation mondiale de la santé animale (OIE) a développé un bagage sur le bien-être animal considérable » constatait Denis Simonin. D’après lui, « des organismes de financement mettent eux aussi des contraintes bien-être » dans leur contrat. Christine Roguet, ingénieur d’étude à l’Institut du porc (Ifip), remarquait le glissement de l’encadrement des systèmes d’élevage par des normes réglementaires à des normes établis par les professionnels. « Les chartes laissent espérer une plus-value », estime-t-elle.

Antony Drevon, intégrateur au sein de la société Drevon Frères, a choisi de développer le logement de veaux sur paille dans des cases de 25 à 50 animaux, avec une ration essentiellement lactée et à volonté. « Par rapport à nos concurrents, nous n’avons pas tout-à-fait la même performance », reconnaît-t-il, et la couleur de la viande « est plus difficile à tenir ». Et s’il a trouvé des contrats en direct avec la distribution, il se trouve de ce fait pénalisé par ses concurrents sur une partie de la production puisque la cotation est nationale et qu’elle sert de donc référence sur des coûts de production inférieurs à ceux de sa filière Paille. « Il ne s’agit pas de mettre en porte-à-faux les autres systèmes d’élevage. Mais ils ne font pas la même chose… », avançait-il.

A ce stade, la valorisation du bien-être animal reste ainsi encore bien difficile. Et avec la filière "Veau de lait sous la mère", il y a de quoi créer des tensions. Aussi, comme le fait remarquer Marc Butruille, « il s’agit de travailler ensemble et non les uns contre les autres ». Mais chacun a ses arguments…