Cadran Brionnais
Le cadran va bien, le gré à gré souffre

En 2014, le Cadran Brionnais a vu son volume d’activité progresser et ses bénéfices augmenter. Si le marché au cadran ne cesse de s’imposer à Saint-Christophe avec une forte augmentation des broutards, le gré à gré des animaux de boucherie inquiète davantage avec une activité déficitaire dans un contexte peu favorable à la viande.
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En 2014, le volume d’activité total du Cadran Brionnais a progressé de + 6% par rapport à 2013 atteignant 63.472 animaux présentés. Un volume qui se rapproche de celui de 2012. Avec un chiffre d’affaires global de 1,27 millions d’euros, la SAEM (société d’économie mixte) gestionnaire du marché de Saint-Christophe a connu « un très bel exercice en 2014 avec un résultat financier qui s’améliore, un résultat net multiplié par deux et un capital social qui a plus que doublé depuis sa création », se félicitaient ses responsables réunis en assemblée générale le 18 juin dernier. A la baisse des prix de vente des animaux coïncide toutefois une hausse des charges. Avec un peu plus de 15 équivalents temps plein, le personnel du Cadran Brionnais représente le plus gros poste à hauteur de 42% du chiffre d’affaires. Vient ensuite la redevance à la communauté de communes égale à 14% du chiffre d’affaires.

53.000 animaux maigres au cadran



Sur les quelque 63.500 bovins accueillis par le marché de Saint-Christophe en 2014, 53.000 sont allés au cadran, soit 3.500 animaux maigres de plus qu’en 2013. 78% de ces animaux ont trouvé preneurs. Un pourcentage qui a tendance à s’éroder depuis trois ans et qui serait lié aux apports émanant de commerçants. Une pratique qui fait que Saint-Christophe est le cadran dont le pourcentage de ventes par rapports aux effectifs présentés est le plus faible, signalaient les responsables du site.
Au fil des mois, l’activité a été marquée par les deux pics de production traditionnels de la région ainsi que par la forte demande des marchés turcs durant les cinq premiers mois de l’année. En 2014, la hausse d’effectif touche toutes les catégories. Par contre le prix de vente moyen baisse par rapport à 2013 pour s’établir à 1.080 € par animal maigre. Seule la catégorie laitonnes enregistre une hausse de presque 3% du fait d’une augmentation de la demande en Espagne.

Apporteurs et acheteurs au rendez-vous



Le Cadran Brionnais continue d’attirer de nouveaux apporteurs. 89 ont ainsi foulé pour la première fois le foirail de Saint-Christophe en 2014 portant le nombre total des inscrits à 1.464. Des fournisseurs en provenance de Saône-et-Loire, de la Loire, de l’Allier, mais aussi de contrées plus lointaines. « De plus en plus de marchands viennent de loin avec des camions de 60 ou 80 bêtes », signalait Antoine Gronfier, directeur du marché. Succès croissant aussi du côté des acheteurs avec 24 nouveaux venus en 2014 portant leur nombre total d’inscrits à 429. « Depuis deux ans, nous avons de gros acheteurs plus réguliers. La qualité de service fidélise les acheteurs », commentait Antoine Gronfier.

Gré à gré déficitaire



Le marché traditionnel de bovins de boucherie a quant à lui accueilli 10.434 animaux en 2014. S’il se maintient en termes d’effectif, ce marché de gré à gré est déficitaire avec 28.000 € de perte en 2014, signalaient les responsables de la SAEM. La mise en place de la garantie de paiement –si elle a permis de sauver le gré à gré– est une charge importante pour le marché. La chute des cours de la viande en 2015 n’est pas de nature à améliorer les choses. D’une moyenne de 4€30 le kilo de carcasse sur les quatre premiers mois de 2014, les prix sont descendus à 4€12 début 2015. S’ils espèrent que les actions récentes des éleveurs déboucheront sur une revalorisation des cours, les responsables du cadran brionnais réfléchissent à une stratégie pour conjurer le déclin du marché de gras. Dans un contexte d’érosion du marché de la viande de boucherie en France (- 3,6%) et face à des gros abatteurs peu favorables aux marchés traditionnels, le cadran brionnais aimerait valoriser davantage l’origine « Saint-Christophe », gage de qualité auprès des connaisseurs.
2014 aura également vu l’élaboration d’une nouvelle organisation des parcs du foirail. Conçue pour répondre aux nouvelles normes sanitaires avec notamment le fait que les animaux de viande ne doivent plus croiser les animaux maigres, cette nouvelle configuration entrera en service le 1er juillet prochain.


Bientôt dans « Des Racines et des Ailes »…



En 2014, le marché de Saint-Christophe a fait l’objet de plus de 7.500 visites guidées. Le nombre de dégustations organisées par l’antenne touristique a doublé et les groupes sont de plus en plus nombreux. A cela, il convient d’ajouter une reconnaissance auprès de l’Etat, de la Région et du Département qui selon le président de la communauté de communes André Mammessier inciteraient le marché de Saint-Christophe à se développer. Le site recevra d’ailleurs l’ensemble des sous-préfets de Bourgogne dans les mois qui viennent et une délégation du parlement européen est également attendue. Une équipe de tournage pour l’émission télé « Des Racines et des Ailes » sera accueillie fin juillet.



Cadran Brionnais

1er en gros bovins maigres et forte progression en broutards



Le marché de Saint-Christophe demeure le plus gros marché français en gros bovins maigres, devant Moulins-Engilbert (58), Châteaubriant (44), Bourg-en-Bresse (01) et Corbigny (58). En bovins maigre et gras cumulé, il conserve la troisième place du classement national derrière Chateaubriand (76.000 animaux) et Bourg-en-Bresse (67.500 animaux) et il demeure sixième dans la catégorie broutards où il enregistre toutefois l’une des meilleures progressions au niveau nationale avec + 10%. Globalement, les marchés français enregistrent une hausse des apports totaux de + 2,6%, avec une progression en bovins maigres de + 3,7% et une diminution en bovins de boucherie de – 3,6%.



Incident de fin 2013

Le créancier continue de respecter son échéancier



Fin 2013, la SAEM du Cadran brionnais découvrait qu’un acheteur devait une créance de plus d’un million d’euros au marché de Saint-Christophe. Un coup de tonnerre qui avait justifié le licenciement du directeur de l’époque. Ce dernier avait en effet autorisé l’un des acheteurs du marché de gré à gré à déroger à l’une des règles de base de la nouvelle sécurité de paiement. Instauré en 2011 pour protéger le marché des mauvais payeurs, ce dispositif impose aux acheteurs le versement préalable d’une caution, montant d’achat qu’il leur est interdit de dépasser. Or courant 2013, un abatteur de l’Isère est allé bien au-delà de la caution déposée. Alors qu’il n’était plus en mesure de payer, le directeur l’a autorisé à poursuivre ses achats d’animaux et c’est le marché qui a continué d’avancer l’argent à sa place – la SAEM effectuant par principe le paiement anticipé aux vendeurs et se chargeant ensuite du recouvrement auprès des acheteurs. La créance s’est ainsi creusée de semaine en semaine pour atteindre 885.000 euros de plus que le montant de la caution initiale. Prenant en mains l’affaire, les élus de la communauté de communes et de la SAEM ont opté pour un remboursement de la dette suivant un échéancier après avoir pris soin de faire signer à l’intéressé une reconnaissance de dette sur ses biens personnels. Fin juin, le créancier avait honoré son dix-huitième versement pour un total de 340.000 euros versés, informait le président de la communauté de communes André Mammessier. Si la dette est loin d’être complètement résorbée et que la santé économique de l’acheteur semble encore précaire, les responsables du marché de Saint-Christophe se veulent néanmoins plus sereins que l’an dernier. Pour le président, « s’il venait à déposer le bilan à ce stade, nous serions sûrs de recouvrer notre dette ». L’élu assure par ailleurs que « cette créance n’a pas d’impact sur les finances du marché ». En optant pour cette formule, les responsables du marché pensent avoir pris « la bonne décision » en évitant les conséquences dommageables du dépôt de bilan immédiat de l’abatteur et en le conservant comme acheteur d’un marché de gras déjà fragilisé.