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Jorge Soler, tanneur de peau d’autruche

Unique dans son domaine en France, Jorge Soler est fondateur et dirigeant de la tannerie Soler, dans le Cantal. Depuis 2019, il a diversifié son savoir-faire au travail de la peau d’autruche : une peau caractéristique et exigeante, particulièrement fragile, appréciée par les maisons de luxe.

Jorge Soler, tanneur de peau d’autruche
Jorge Soler, tanneur de peau d’autruche dans le Cantal. ©Jorge Soler

Avant de s’aventurer en terre inconnue, Jorge Soler, taxidermiste de métier, travaillait le cuir de mouton et de vache. Originaire de Barcelone, il finit par trouver son bonheur dans les anciens abattoirs de Neussargues sur Pinatelle (Cantal). « Un beau jour, en 2019, un éleveur d’autruches de l’Aveyron vient me voir. Il voulait que je tanne ses peaux d’autruche, car personne ne le fait en France et il ne souhaitait plus les envoyer à l’étranger. Je lui ai répondu que je faisais le poil, pas le cuir ! » s’amuse Jorge Soler. Ce souvenir, c’est celui qui précède son défi : le Cantalien se laisse convaincre et décide de tanner la peau d’autruche. Jorge Soler échoue sur les premiers essais, jusqu’à trouver la bonne technique, quelques mois plus tard. « La peau de l’autruche est très compliquée à travailler. Elle comporte des picots, qu’il ne faut surtout pas casser, elle est très grasse et très fragile », explique le tanneur. Trois mois environ pour tanner cette peau singulière, perlée, ce qui lui confère une valeur toute particulière dans le monde du luxe.

Un cuir haut de gamme

« Après la peau de crocodile, la peau d’autruche est la plus chère et la plus recherchée », affirme Jorge Soler. Ce dernier travaille aux côtés de quelques éleveurs français. « J’achète les peaux directement aux éleveurs. Je les travaille ensuite selon les demandes de mes clients, sur le type de tannage, la couleur… », précise-t-il. Maroquinerie, bagagerie de luxe, sellerie, aéronautique, les demandes sont pointilleuses et nécessitent un savoir-faire impeccable. « Je passe parfois six mois à respecter le cahier des charges. J’ai une capacité de production de 4 000 peaux à l’année, mais je n’en produis pas plus de 1000 », assure-t-il. Un travail de longue haleine mais un résultat qui satisfait. D’après Jorge Soler, « le cuir d’autruche reste un cuir exceptionnel, d’une rare beauté ».

Charlotte Bayon